Jean-Pierre Tailleur et "le maljournalisme"

(VOVworld) - Notre page Francophonie vous propose cette semaine de faire connaissance avec Jean-Pierre Tailleur. Après une vingtaine d'années d'expériences professionnelles en tant que journaliste, ce Franco-argentin a décidé de quitter la profession. Mais avant de passer à d'autres projets, notamment au Vietnam, il a écrit l'essai "Bévues de presse", un ouvrage qui devait être publié par les éditions du Seuil. Au micro de Duc Quy, Jean-Pierre Tailleur évoque tout d'abord son parcours hors-normes.

Jean-Pierre Tailleur et
Photo: Duc Quy/VOVJean-Pierre Tailleur et

Ayant étudié dans une grande école de commerce, en France, j’ai démarré ma carrière professionnelle comme cadre bancaire pendant six ans, à la Société générale. Ensuite, j’ai voulu suivre ma vocation pour le journalisme. Comme la banque m’avait envoyé à New York, je suis entré à l’École de journalisme de la Columbia University. Donc, je suis devenu reporter-rédacteur tardivement, après l'âge de 30 ans, et de retour en France, j’ai été journaliste économique. Comme je me suis un peu fatigué d'écrire sur les entreprises, j’ai ensuite choisi de devenir freelance et de me consacrer à des reportages sur des questions culturelles et internationales.

Je me suis intéressé beaucoup au journalisme sur le journalisme, devenant plutôt "métajournaliste", ou analyste de médias si vous préférez. Mon livre intitulé «Bévues de presse» résume mes travaux critiques sur la culture journalistique française.

Jean-Pierre Tailleur et

Dans votre essai, vous parlez de "maljournalisme". D’ou vient ce néologisme?  
Entre 1999-2000, j’étais en train de l’écrire dans la région de Montpellier, où un personnage est devenu célèbre, en France. C’est un homme politique écologiste qui s’appelle José Bové, connu pour avoir attaqué le restaurant McDonald's comme symbole de mauvaise alimentation. Il a alors popularisé le terme de "malbouffe", le mot "bouffe" voulant dire nourriture en argot français. Je me suis dit : "On parle de 'malbouffe', et pourquoi pas de maljournalisme'?". Pour moi, les problèmes sont les mêmes, il y a des gens qui font du mauvais travail dans les deux professions, et on n’en parle pas assez. C'est ce que j’ai décidé de faire à travers mon livre.

Sur le site de l'essai, on peut lire une note intitulée "Bévues de presse, un essai boycotté"...
Effectivement, j’ai fait tout ce que j’ai pu faire sans arriver à lancer le débat que je souhaitais. Alors j’ai souhaité passer à autre chose, car la vie est courte. Comme je suis franco-argentin, j’ai essayé dans un premier temps de m’installer en Amérique latine, où j'ai passé un an en 2010-2011. Comme je n’ai pas accroché professionnellement, j’ai repris une activité d'enseignant en France, en attendant mieux.

Et maintenant, vous êtes au Vietnam...
C’est vraiment le hasard! J’ai fait mon premier voyage en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Laos, Vietnam, Cambodge) en 2014. J'ai accroché toute de suite avec votre pays, dès le premier jour à Vinh, grâce aux gens rencontrés dans la rue, avec qui j’ai sympathisé facilement. J’ai également visité pas mal d’universités, puis la faculté de langue de l’Université de Thai Nguyen m'a embauché car elle cherchait un francophone natif pour enseigner le français. C’est comme ça que j’ai été adopté par votre pays. Après Thai Nguyen, je suis retourné en France pour voir si je pouvais faire d’autres choses. Et puis, le Vietnam m’a rattrapé et là je suis en train d’essayer de m’installer à Hanoi.

Vous avez lu probablement quelques journaux en langue française du Vietnam. Quelles sont vos impressions ?
C’est intéressant pour des étrangers comme moi qui ne parlent pas vietnamien ou qui ont du mal à l’apprendre... J’ai lu aussi des journaux anglophones ici. Ils permettent de connaître la culture et les nouvelles vietnamiennes, et d’éviter de ne s’informer que sur son pays d’origine. Très utiles!

 

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