(VOVWORLD) - Quatrième révolution industrielle oblige, la question du niveau de qualification des travailleurs devient, pour le Vietnam comme pour de très nombreux pays, une question cruciale. Reste qu’il est difficile, pour une entreprise, de former ses employés: trop long et trop coûteux. La seule solution qui demeure alors est la formation par alternance.
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Ces dernières années, le réseau des établissements de formation professionnelle s’est beaucoup développé, au Vietnam, et la remarque vaut pour le niveau de compétence qui s’y acquiert. Beaucoup de celles et ceux qui en sortent trouvent d’ailleurs des emplois stables et bien rémunérés.
Cela étant, l’une des formules les plus en vogue actuellement reste la formation dite «en alternance», formule qui propose aux étudiants de passer 30% de leur temps sur les bancs de l’université, et le reste directement au sein d’une entreprise.
Cette formule a bien sûr ses promoteurs, ses défenseurs, et notamment l’Agence universitaire de la francophonie, dont Slim Khalbous est le directeur.
«Le Vietnam est un exemple de dynamisme et de résilience», nous dit-il. «C’est l’un des rares pays au monde à avoir su se maintenir la tête hors de l’eau malgré la pandémie. Que doit-il faire pour maintenir cette dynamique? Eh bien veiller à la compétitivité de ses entreprises, tout simplement, et qui dit compétitivité des entreprises dit niveau de compétence élevé. À cet égard, je pense vraiment que la formation en alternance est une bonne formule, ne serait-ce que parce qu’elle permet une bonne connexion entre l’étudiant, l’université et l’entreprise».
Slim Khalbous, directeur de l'AUF (photo: Capture d'écran)
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Concrètement, cette formation en alternance s’organise sur un rythme hebdomadaire de deux ou trois jours à l’université, le reste au sein de l’entreprise d’accueil. À en juger par les propos de Dinh Tiên Minh, de l'Université d'économie de Hô Chi Minh-ville, c’est une formule dans laquelle chacun trouve son compte.
«Le premier avantage de ce système est de permettre aux étudiants de mettre en pratique leurs acquis théoriques, d’accéder à des technologies modernes et de trouver un emploi plus rapidement après l’obtention de leur diplôme. Du côté de l’entreprise, les avantages résident essentiellement dans une formation continue, garante du renouvellement des effectifs. C’est en plus une formule économique en termes d’équipements», nous fait-il observer.
Jean-Marc Lavest, directeur régional de l'Agence universitaire de la Francophonie en Asie-Pacifique (photo: Capture d'écran)
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«Nul n'est parfait, la perfection n'est pas de ce monde», disait Victor Cherbuliez. Ce modèle de formation en alternance n’échappe pas à la règle, et il arrive même qu’il desserve les étudiants, comme l’a noté Jean-Marc Lavest, directeur régional de l'Agence universitaire de la Francophonie en Asie-Pacifique.
«Des fois, on fait des études, et après, on est confronté à un métier qui finalement, ne leur correspond pas. Pourquoi? Parce qu'on en ignorait la complexité, parce qu'on en ignorait l'écosystème. La prise de conscience de la réalité d’un métier à travers des interventions de professionnels qui viennent expliquer leur quotidien, leurs défis de chaque jour, peut être parfois trop compliquée pour les étudiants. Je pense que jamais l'université ne pourra former l'élément parfait pour le marché du travail. Parce que ce n'est pas sa mission et parce qu’un étudiant parfait, ça n'existe pas. Ce que je veux dire, c’est qu’on peut éventuellement être la personne idoine pour une entreprise donnée, mais que si l’on change d’entreprise, ce n’est plus le cas… L’idéal, ce serait de former des étudiants qui soient capables de s’adapter, d’être flexibles», nous dit-il.
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L’autre point faible du système, c’est que bien des entreprises ne sont pas en mesure de s’engager totalement. C’est en tout cas ce qu’a noté Nguyên Duc Dung, de l'université des Sciences et des Technologies de Hanoï.
«La difficulté que rencontrent actuellement de nombreux établissements de formation professionnelle, c’est que le budget qui leur est alloué est insuffisant et que s’ils augmentent leurs frais de scolarité, ils ne sont plus assez compétitifs. Du coup, les engagements restent parfois assez timides, aussi bien du côté des entreprises que de celui des établissements», nous explique-t-il.
Malgré ses lacunes, la formation en alternance reste une solution efficace pour les entreprises de demain. Selon les statistiques du service du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales d’Hô Chi Minh-ville, en 2010, seulement deux établissements proposaient ce type de formation. Fin 2018, ils étaient 13, avec la participation directe d’une cinquantaine d’entreprises.