(VOVWORLD) - Le 7 mars 2024, les étudiants du Département de français de l’Université de Hanoï ont eu le privilège de dialoguer avec Scott Mathieu, sociologue et photographe français, sur le thème «La photographie et la génération Z». L’occasion, pour eux, de découvrir le regard d’un étranger sur la culture et la société vietnamiennes, mais aussi de réfléchir sur leur propre rapport à la photographie.
Photo: Département de français/ Université de Hanoi
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Scott Mathieu se rend souvent au Vietnam, à Hanoi, depuis 2007, aussi bien en tant que photographe qu’en tant que sociologue. Il a arpenté à maintes reprises les rues de la capitale, capturant des instantanés de la vie quotidienne des habitants. Ses clichés, empreints de simplicité, révèlent une profondeur insoupçonnée. Il nous confie ce qui l’a le plus marqué lors de ses pérégrinations…
«Il y a la présence constante de dialogue entre les personnes. Soit ça va passer par le regard - où je peux passer? Comment je peux passer? Est-ce que je vais dire bonjour à quelqu’un et de quelle façon? Par rapport à l’âge, par rapport aux critères sociaux et d’autres choses.... Soit ça va être un simple regard pour un service, un service de taxi, un service de nourriture et d’autres choses. Soit ça va être au niveau de l’acceptation de l’autre. Donc le fait de regarder quelqu’un dans les yeux quelques instants, le fait d’aller vers la personne ou au contraire d’attendre la personne… Et donc il y a tout un langage corporel extrêmement précis et spécifique qu’il faut apprendre au Vietnam», nous dit-il.
Scott Mathieu a également partagé son point de vue sur l’interaction entre tradition et modernité dans la vie quotidienne des Vietnamiens.
«La modernité et la tradition se traduisent dans les employés municipaux qui ont gardé la chemise bleue et le chapeau conique, alors qu'ils pourraient très bien s'habiller autrement aujourd'hui, avec des vêtements confortables... Et puis, ça va se traduire aussi sur quelques moyens utilitaires, les petits tabourets de trottoir, la palanque qui est utilisée, et les chaussures, les petites chaussures que l'on peut enlever ou mettre tout de suite, parce que c'est le passage constant entre l'intérieur et l'extérieur», nous explique-t-il.
Le sociologue a souligné que la génération Z, née après 1995, était particulièrement influencée par les réseaux sociaux et la photographie. Les adolescents d’aujourd’hui utilisent les plateformes en ligne pour raconter leurs histoires, pour se montrer, et pour créer leur propre identité visuelle, a noté Scott Mathieu, qui invite ces jeunes à observer le monde qui les entoure et à chercher à créer des émotions, à susciter des réactions chez ceux qui regardent leurs photos.
Cette table-ronde aura également été l’occasion pour les étudiants de réfléchir sur leur propre rapport à la photographie. Pourquoi prennent-ils des photos? Quel message veulent-ils transmettre? Nous avons recueilli les témoignages de trois étudiants, Margaux Proquin, Nguyên Dang Thuc et Hugo Singrajphakd.
Margaux Proquin est une étudiante française de 21 ans, qui est en voyage en Asie pendant 10 mois. Elle s’est arrêtée au Vietnam pour échanger avec les étudiants qui apprennent le français et pouvoir en apprendre plus sur la culture vietnamienne. Elle nous dit ce qu’elle a pensé de cet atelier…
«C’était très intéressant de voir le regard d’un autre Français sur la culture vietnamienne, mais de voir aussi, en tant que touriste, comment capturer les meilleurs moments et les meilleurs ressentis pour les partager avec les Français qui attendent des retours sur notre voyage et pour aussi essayer de leur faire ressentir les mêmes émotions et les mêmes surprises qu’on a eues, nous, en voyageant et en se baladant juste dans les rues. C’était très intéressant de pouvoir comprendre les techniques, de pouvoir réfléchir sur la façon de faire, et de voir que chacun a sa façon de faire et de prendre en photo et de connaître, d’apprendre, de découvrir cette nouvelle culture et d’essayer de la partager du mieux qu’on peut», nous confie-t-elle.
Nguyên Dang Thuc, lui, est un étudiant vietnamien de quatrième année, qui s’intéresse à la photographie et à la culture française. Il nous explique ce qu’il a appris de cet atelier…
«Ce que je peux voir, à travers les photos et à travers ce que partage l’orateur, c’est l’amour pour le Vietnam et pour la culture et l’histoire du peuple vietnamien. Je pense que c’est une chose très respectueuse. Je veux pouvoir intégrer davantage cela dans mes photos», nous explique-t-il.
Hugo Singrajphakd est un étudiant français en échange, qui est au Vietnam depuis le mois d’août 2023. Il nous raconte comment cet atelier a changé sa perception de la culture vietnamienne.
«Honnêtement, au début c’était assez perturbant, avec tout le changement d’environnement… Mais comme je disais, je me suis au final habitué. Et je pense que maintenant, grâce à cet atelier, je vais peut-être un peu plus me concentrer sur l’environnement, sur les gens autour et prêter attention aux détails. Et essayer peut-être de tenter d’entrer en contact, essayer de pouvoir mieux communiquer. Parce que finalement, je ne parle pas vraiment vietnamien, mais je peux quand même essayer de communiquer. Même si on ne se comprend pas, on peut quand même établir un dialogue. Et ce serait peut-être la finalité de pourquoi je suis ici, dans un pays tellement étranger à qui je suis et ma culture», note-t-il.
La photographie est bien plus qu’un simple clic sur un bouton. Elle est un moyen de communication, un langage universel. Et la génération Z l’a bien compris. Espérons que ces jeunes étudiants du département de français de l’Université de Hanoï continueront à capturer des instants magiques, offrant ainsi à leurs compatriotes et aux visiteurs étrangers des perspectives riches et profondes sur la société vietnamienne en pleine période d’intégration internationale.