La qualité de l’air à Hanoi

(VOVWORLD) - La pollution de l’air est devenue ces dernières années un sujet préoccupant à Hanoi, où vivent environ 7,5 millions d’habitants (recensement de 2016). L’année dernière, 123 jours avec une pollution de l’air au-delà des seuils fixés par les normes nationales ont été comptabilisés. Quelles sont donc les causes de la dégradation de la qualité de l’air dans la capitale? Quelles en sont les solutions? Un débat sur ce thème a été récemment co-organisé par l’ambassade du Canada au Vietnam et l’université de Sciences et technologies de Hanoi. 
La qualité de l’air à Hanoi - ảnh 1 Photo d'illustration: Vietnamnet

L’indice de la qualité de l’air (IQA) permet aux citoyens et aux autorités de connaître la quantité de divers polluants atmosphériques présents dans l’air. L’indice prend en compte les taux d’ozone, de particules fines, de dioxyde de souffre, de dioxyde d’azote et de monoxyde de carbone. Sur l’année 2016, l’IQA moyen mesuré était de 121 – soit globalement mauvais, selon une étude de Green ID, une ONG vietnamienne spécialisée dans les études sur l’environnement. Nguy Thi Khanh, sa directrice, donne quelques précisions à ce sujet:

“La pollution de l’air à Hanoi s’aggrave. Les poussières de Hanoi contiennent des particules en suspension (nommées PM 10 et PM 2.5). Les particules PM 2.5 sont extrêmement nocives, car leur diamètre inférieur à 2.5 micromètres leur permet de pénétrer plus profondément dans l’appareil respiratoire. L’indice de qualité de l’air en 2016 à Hanoi est de 121/100. Le taux moyen de PM 2.5 a atteint 50,5, soit deux fois plus que la norme vietnamienne, fixée à 25. Les seuils fixés par le pays ont été dépassés durant 123 jours, mais selon la norme de l’OMS, la pollution à Hanoi a dépassé le seuil acceptable pendant 282 jours. En 2017, l’indice IQA pour le premier trimestre a augmenté, tout comme la concentration de PM 2.5 dans l’air.”

Toujours selon Nguy Thi Khanh, la qualité atmosphérique de Hanoi empire en hiver et au printemps, et s’améliore en été et en automne. Ce phénomène s’explique par les vents. La pollution de l’air dépend non seulement des sources de pollution telles que les déchets ou les émissions de gaz mais aussi du terrain et de leur diffusion.

“En analysant des données, nous nous rendons compte qu’un vent d’Est souffle sur Hanoi lorsque le taux de PM 2.5 ou l’indice IQA affichent des valeurs extrêmement élevées. Depuis le delta de la Rivière des Perles (Chine), les polluants sont accumulés en passant par les zones industrielles de Quang Ninh et de Haiphong pour se diriger vers Hanoi.”

Nguyen Trinh Hoang Giang, professeur de l’Institut de la science et de la technologie environnementale, Ecole polytechnique de Hanoï:

“Les constructions et la circulation sont à l’origine d’émissions atmosphériques de polluants. Mais au niveau national, ce sont les émissions de gaz issues de l’industrie énergétique qui sont les facteurs les plus importants de la pollution de l’air au Vietnam en général et à Hanoi en particulier. Plus de 60% des sources d’énergies au Vietnam proviennent du charbon ou du gaz naturel. Il faut donc privilégier les énergies renouvelables comme l’électricité thermique ou l’énergie éolienne.”

La qualité de l’air à Hanoi - ảnh 2 "Les constructions et la circulation sont à l’origine d’émissions atmosphériques de polluants."

La pollution de l’air est à l’origine de maladies respiratoires, cardiaques et de cancers. Les enfants, les femmes et les personnes âgées sont les plus touchés. Une enquête de GreenID réalisée fin décembre dernier sur 1400 personnes montre que les Hanoiens s’inquiètent de la dégradation de l’air. Or, ils manquent de moyens pour se protéger efficacement contre les polluants toxiques. Mme Khanh explique :

“Les masques sont le premier choix pour se protéger de la pollution de l’air. Mais ces masques “normaux” laissent passer les poussières en suspension comme les PM 2.5. Selon notre enquête, la plupart des participants ont des proches qui ont des maladies respiratoires.”

Il est très difficile de contrôler la pollution atmosphérique, puisqu’elle disperse selon les vents, d’après Mme Nguy Thi Khanh. La surveillance opérée par les services publics à ce sujet est relativement inefficace. Le pays n’est également pas doté d’un cadre juridique couvrant les émissions de gaz. Une coopération internationale dans ce domaine devient donc plus indispensable que jamais. L’Ambassadrice du Canada au Vietnam, Ping Kitnikone, affirme:

«Le Canada estime que le combat contre le changement climatique est primordial pour préserver nos paysages naturels ainsi que les écosystèmes existants. C’est pourquoi nous avons récemment investi deux millions de dollars canadiens dans la lutte contre les changements climatiques dans la zone Asie-Pacifique. Nous soutenons également des initiatives à travers le fonds canadien d’initiatives locales.»

Pour améliorer la qualité de l’air à Hanoi, il est nécessaire, selon le professeur Nguyen Trinh Hoang Anh, d’utiliser les énergies propres comme « une alternative crédible et innovante». Un cadre juridique plus strict comprenant des sanctions économiques, applicables à tous les acteurs impliqués est aussi recommandé par les experts.

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