(VOVWORLD) - Le projet GEMMES (General Monetary and Multisectoral Macrodynamics for the Ecological Shift) porte notamment sur l’analyse des différentes dimensions des dommages climatiques et sur l’évaluation de stratégies d’adaptation à des fins d’aide à la prise de décision en la matière. Le Vietnam, lui, est le premier pays asiatique à bénéficier d’un programme GEMMES. Etienne Espagne, économiste à l’Agence Française de Développement (AFD) en charge du projet Gemmes Vietnam, nous apporte quelques précisions.
L'économiste à l'Agence Française de Développement en charge du projet Gemmes Vietnam, Etienne Espagne. Photo: Duc Quy/VOV
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Le projet Gemmes Global a été initié il y a un peu près de deux ans par notre chef économiste Gaël Giraud. Il a pour but de développer d’abord au niveau global des modelisation, des études scientifiques sur les impacts du changement climatique, sur les trajectoires de transitions écologiques et de transitions énergétiques, et ensuite, il y a des déclinaisons au niveau des différents pays partenaires de l’AFD sur des thématiques spécifiques à ces pays avec un co-développement avec les instituts de recherches et les institutions politiques de ces pays. Donc pour le Vietnam, ce qui a été choisi en partenariat avec notamment le ministère de l’Environnement (MONRE), c’est le sujet des impacts climatiques dont les valeurs sont monétaires et sociales.
VOV5: Pourquoi le Vietnam est-il le premier pays bénéficiaire de ce projet en Asie?
Le Vietnam est le premier sur beaucoup de choses, c’est-à-dire le premier pays asiatique a bénéficier d’un projet Gemmes, donc. C’est aussi le premier pour lequel on va s’intéresser vraiment aux détails de cette question des dommages climatiques et puis, c’est le premier qui bénéficiera normalement d’un financement particulier nouveau de l’AFD qui vise justement à fournir cet appui à une analyse scientifique des transitions dans différents pays du monde.
Etienne Espagne lors
du débat «GEMMES Vietnam : Les jeunes et le changement climatique» tenu le
8 mai à Hanoï.
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VOV5: Comment ressentez-vous des impacts du changement climatique au Vietnam?
L’étude n’est pas encore menée mais les chiffres qu’on a sont relativement inquiétants sur les dommages climatiques potentiels au Vietnam, c’est l’un des cinq pays qui seront les plus affectés. Par ailleurs, les nouvelles climatiques plus générales, plus globales ne sont pas très rassurantes, c’est-à-dire on parlait jusqu’à présent d’un mètre d’augmentation du niveau des mers avant la fin du siècle. Aujourd’hui on parle désormais de 2m et ça change tout pour le Vietnam.
VOV5: Quels sont les mesures qui seront mis en œuvre dans notre pays ?
Il y a un premier aspect qui est vraiment d’aller rechercher les meilleurs modèles climatiques existants régionalisés sur la région Asie du Sud-Est pour avoir cette évaluation des impacts climatiques et des différents variants climatiques pour tout le 21e siècle spatialisé de manière fine au Vietnam, et en tenant compte des incertitudes, c’est-à-dire qu’on ne sait pas de manière certaine quelle sera la température dans telle province du Vietnam en 2050, mais on peut avoir une distribution de probabilité de quelle sera cette température dans cette province en 2050 grâce à ce modèle régionalisé. Ça c’est un premier aspect très important : prendre les meilleures données climatiques possibles. Ensuite c’est de coupler ces données climatiques avec des fonctions de dommages: dommages économiques, dommages sociaux que là, on va construire par des études sur des données passées, parce qu’on perçoit déjà les effets économiques et sociaux du changement climatique sur les données passées des 20-30 dernières années. Puis, on mélange les deux et ça nous donne des projections futures des dommages climatiques, donc économiques et sociaux pour le Vietnam. Alors ce n’est pas une vérité unique, encore une fois, ce seront forcément des distributions de probabilités, des scénarios possibles encadrés par des scénarios optimistes ainsi que des scénarios plus pessimistes.