(VOVWORLD) - Trân Thu Dung a plusieurs livres et articles bilingues à son actif, qui portent sur la culture vietnamienne et la relation franco-vietnamienne. Parmi ses publications, on peut citer notamment
Le Caodaisme et Victor Hugo (2010) et
Les empreintes du Vietnam sur les noms de rues en France (2014), deux ouvrages qui ont été bien accueillis par le public francais. À l’occasion des 50 ans des relations diplomatiques entre la France et le Vietnam, notre chercheuse dévouée de 67 ans vient de publier un nouveau livre qui s’intitule
Les empreintes franco-vietnamiennes sur les noms de rues:
une œuvre scientifique et documentée qui nous montre et nous démontre que la France et le Vietnam, le Vietnam et la France, c’est l’histoire d’un attachement réciproque, qui se manifeste jusque dans l’index des noms de rues.
Trân Thu Dung |
Cette année est une année particulière dans l’histoire des relations franco-vietnamiennes puisque c’est tout à la fois le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques et le 10e de l’établissement du partenariat stratégique. Tout est venu d’une suggestion qui m’a été faite par certains lecteurs de mon premier livre, qui s’intitule Les Empreintes du Vietnam sur les noms de rues en France, que j’ai finalement complété, en y ajoutant des noms de rues au Vietnam, qui sont des noms français, et en mettant à jour les informations... Il se trouve aussi que je dois organiser en juin, à Paris, une conférence sur la souveraineté maritime du Vietnam, et que ce livre inclut une carte complète du Vietnam avec les archipels de Hoàng Sa et de Truong Sa...
VOVworld J'imagine qu’il a fallu une sacrée masse de travail pour arriver au bout d’un tel projet… Comment s’est passée l’écriture proprement dite ?
Ce livre est basé sur un premier livre publié il y a 10 ans. Et en 10 ans, j’ai eu le temps de découvrir de nouvelles rues dont les noms témoignent de l’amitié de plus en plus étroite entre les deux pays… Il me serait bien difficile d’évaluer le temps passé. Disons que c’est surtout un travail de collecte: collecte de données, d’informations… Comme j’habite en France, je n’ai pas pu me rendre au Vietnam pendant les années Covid. J’ai été obligée de demander à des connaissances, sur place, de vérifier certains emplacements, de prendre des photos… J’ai aussi pas mal consulté Internet, même si les informations qu’on y trouve sont souvent à prendre avec des pincettes.
Première de couverture du livre "Les empreintes du Vietnam sur les noms de rues en France" de Trân Thu Dung |
VOVworld: Quelles difficultés avez-vous rencontrées pendant l’écriture et comment les avez-vous surmontées?
Il y a des rues trop petites, dont on ne trouve pas trace sur Internet… Dans ces cas-là, on est obligé de s’y prendre différemment, de téléphoner à des mairies, à des agences immobilières… Il m’est même arrivé de faire semblant d’acheter quelque chose à tel ou tel endroit, histoire d’avoir le renseignement que je cherchais… J’ai dû aussi ne me déplacer pas mal de fois pour aller prendre des photos, sauf qu’en plein confinement… C’est pareil pour les territoires d’Outre Mer. À chaque fois, j’ai été obligée de vérifier plusieurs fois, comme pour le sentier du bagne des annamites (đường tù khổ sai An Nam), en Guyane. Je me rappelle aussi d’une rue l’impératrice, qui ne portait pas le nom Nam Phương, mais qui s’y référait pourtant bel et bien…
Couverture du livre "Les empreintes franco-vietnamiennes sur les noms de rues" |
VOVworld : Un travail riche en informations, mais aussi en émotions... Quel est le message que vous voudriez transmettre à travers ce livre ?
Il y a eu la guerre, Diên Biên Phu… Certains anciens combattants, certains anciens prisonniers sont devenus députés, maires… C’est à eux que certaines rues doivent d’avoir été rebaptisées, au nom d’un désir de réconciliation qui aboutit à l’établissement des relations diplomatiques il y a 50 ans. Au Vietnam, il y a actuellement 31 rues portant des noms français, des noms de Français qui ont apporté quelque chose de positif au pays et même à l’humanité toute entière… Il y a bien sûr Calmette, Yersin, Pasteur, qui sont des scientifiques de renommée mondiale, mais aussi, et le Père missionnaire Alexandre de Rhodes, à qui l’on doit le Quôc Ngu… C’est tout un pan de notre histoire partagée qui apparaît en filigrane, à travers ces noms de rues…
Dernier point, ce livre est écrit en vietnamien et en français et il démontre par-là même que le Vietnam reste, malgré tout, un pays francophone…