(VOVworld) - La secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean effectue du 10 au 18 octobre une visite officielle dans les trois pays francophones de l’Asie du Sud-Est (Vietnam, Laos, Cambodge), la première depuis son investiture. Son déplacement vise à faire le point de la coopération entre l’OIF et ces pays, mais aussi à développer la coopération économique au sein de l’espace francophone en vue de la mise en oeuvre de la stratégie économique pour la Francophonie adoptée en 2014 à Dakar. Une ambition qui, selon elle, ne pourrait pas se concrétiser sans le Vietnam.
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Le ministre vietnamien de l'Industrie et du Commerce Tran Tuan Anh et la secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean. Photo: moit.gov.vn |
Un grand marché de plus de 900 millions de consommateurs, qui représente 13,2% de la population mondiale et environ plus de 13% du PIB mondial... C’est en ces mots que l’on pourrait décrire la Francophonie. L’Organisation internationale de la Francophonie, qui traditionnellement fait entendre sa voix pour tout ce qui a trait à la politique, à la culture, à la société, compte depuis ces dernières années investir le champs économique, d’où l’adoption de la nouvelle stratégie économique lors du 15ème sommet de Dakar, la capitale du Sénégal. Une stratégie que le Vietnam soutient énergiquement. Tran Tuan Anh, ministre vietnamien de l’Industrie et du Commerce:
“La stratégie économique de la Francophonie vise à renforcer et à construire un espace économique francophone en se basant sur des mécanismes de coopération existants comme Nord-Sud ou Sud-Sud, mais aussi sur la coopération trilatérale Sud-Nord-Sud… Le potentiel de développement économique francophone est énorme... La valeur des échanges commerciaux entre les états membres de l’OIF a atteint 688 milliards de dollars en 2015, ce qui représente environ 20% des échanges commerciaux internationaux. Dans ce contexte, le Vietnam a également évolué avec un grand potentiel et des idées innovantes pour le développement dans la région Asie-Pacifique au sein de la Francophonie.”
Depuis son adhésion à l’Organisation internationale de la Francophonie en 1970, le Vietnam a radicalement changé: après 30 ans de mise en oeuvre des réformes politiques entreprises dans le cadre du Renouveau, d’un pays agricole pauvre, il s’est transformé en un pays en voie de développement à revenu moyen et a pu atteindre une croissance moyenne de 6% par an malgré la récession économique mondiale. Le pays s’intègre activement à l’économie mondiale, avec notamment une participation active à plusieurs accords de libre-échange et à la communauté économique de l’ASEAN. Toute un processus d’évolution positive que n’a pas manqué de saluer la secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean:
«Le bilan économique de 2015 a de quoi frapper l’esprit. Tout cela est enviable. Un pays parmi les leaders mondiaux déjà, dans le domaine du café, du thé, des fruits de mer, du maïs et de certains fruits exotiques. Le développement du secteur industriel à forte valeur ajoutée, une progression considérable de l’industrie du bois, un essor du tourisme, une croissance remarquable des exportations, et un afflux constant des investisseurs étrangers... Un pays dont on constate une intégration au monde de plus en plus profonde sur le plan économique, avec la conclusion en 2015 des négociations de trois accords de libre-échange avec l’Union économique Asie-Europe, l’Union européenne et la République de Corée, mais aussi la création en décembre 2015 de la communauté économique de l’ASEAN qui va ouvrir davantage le Vietnam à l’économie régionale. Ce sont autant de signes de développement tout à fait remarquables... Mais il y a aussi un chiffre qui m’a particulièrement frappé, celui des 814.754 nouvelles entreprises recensées en 2015, pour un capital total de 600.000 milliards de dongs, soit 27,7 milliards de dollars. Un chiffre assez impressionnant pour la secrétaire générale de la Francophonie que je suis, au moment même où effectivement notre organisation s’est dotée d’une stratégie économique, au moment où nous voulons tout mettre en oeuvre pour renforcer davantage d’échanges commerciaux et de synergies et de partenariat dans l’espace francophone.»
Pays receveur d’investissements étrangers, le Vietnam s’oriente depuis peu vers d’autres pays, cette fois-ci en tant qu’investisseur. Viettel, par exemple, n’est plus un nom exotique en Haïti, au Cambodge ou au Laos… Le groupe de télécommunication dont le chiffre d’affaire s’élevaient jusqu’à 12 milliards de dollars en 2015, compte s’élargir davantage vers les pays membres de la Francophonie, une stratégie qui nécessite l’aide de l’OIF.
«Le projet de développement de Viettel implique les pays membres de la Francophonie. Nous souhaitons en premier lieu que le secrétariat de la Francophonie vienne en aide à notre entreprise en cas de litige. En deuxième lieu, dans la mesure où la télécommunication constitue un domaine “sensible” pour certain pays, et que ce n’est pas décision facile à prendre pour un Premier ministre ou un président d’accepter l’activité d’un groupe de télécommunication étranger dans son pays, nous souhaitons que la Francophonie dont les sommets réunissent ces dirigeants puissent inviter les représentants des groupes et entreprises à prendre part à ces sommets pour que ces derniers puissent leur exposer leurs projets.»
«La Francophonie est extrêmement attentive à tout ce que vous présentez et réalisez », a conclu la secrétaire générale de la Francophonie, avant d’ajouter que «beaucoup reste encore à imaginer, à projeter, à créer et rien ne se fera sans les acteurs économiques que vous êtes.»