(VOVworld) - « Objectif Vietnam - photographies de l’Ecole française d’Extrême-Orient » propose au public de se replonger dans le Vietnam du début du 20ème siècle et de découvrir le travail de l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO) à l’occasion du centenaire de sa création. Cette double exposition a lieu simultanément dans deux sites : l’Institut français de Hanoi et le musée d’Histoire du Vietnam.
« Objectif Vietnam - photographies de l’Ecole française d’Extrême-Orient » a été présentée au musée Cernuschi à Paris en mars 2014 dans le cadre de l’année croisée France-Vietnam. L’exposition arrive à Hanoi neuf mois plus tard. Isabelle Poujol, commissaire de l’exposition :
« C’est un parcours qui permet de voir l’ensemble de l’exposition qui a été faite à Paris. Ce sont des témoignages d’un passé bien révolu, mais ce sont des photos qui sont, quelquefois, uniques, parce que quand on a des édifices en pleine restauration, quand on a une fonte d’un Bouddha géant dans une des pagodes de Hanoi, ou des vues de la vie quotidienne à la toute fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle… ce sont des témoignages très précieux. Ils sont bien conservés et en bon état. Il n’y en a pas, forcément, énormément qui ont le même contenu scientifique et la charge émotionnelle qui peut y avoir dans ces photographies. »
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Les visiteurs ne peuvent que manifester leur admiration pour les clichés présentés. Des sites archéologiques, des édifices dont certains sont aujourd’hui disparus, la construction et la restauration des pagodes, la vie quotidienne, des cérémonies, des portraits… tout est retracé dans ces anciennes photographies qui ont été faites par les explorateurs, savants et archéologues de l’EFEO.
Quelques aquarelles, estampages originaux et journaux de fouilles complètent l’ensemble.
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Comment a-t-on sélectionné les clichés dans le fonds très riche de l’EFEO ? Olivier Tessier, responsable du centre de l’EFEO à Hanoi, nous explique : « Il y a dans la photothèque de l’EFEO à Paris plus de 80 000 photos sur le Vietnam, donc il faut procéder par thèmes. On a choisi des thèmes et des sous-thèmes, en essayant d’éviter une distribution complètement aléatoire des thèmes, mais de choisir par exemple ici, la fonte d’une statue du Bouddha en bronze, on essaie de présenter tout le processus technique. L’autre thème, par exemple, que vous avez ici, c’est tout ce qui a trait à l’architecture villageoise, tous les dinh, les dên, les chùa,… etc. Ils ont deux valeurs principales. D’une part, ils sont des témoignages historiques d’une période qui est maintenant révolue. Ce sont aussi des témoignages du travail de l’EFEO. On a notamment des photos de fouilles archéologiques, le travail des ethnologues. Et puis l’autre valeur qui est vraiment essentielle, c’est la beauté esthétique de ces clichés qui sont vraiment, pour certains, de véritables œuvres d’art. Ce sont vraiment des choses magnifiques. »
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Léon Vandermeersch, l’un des membres de l’EFEO, a quitté Hanoi en 1959. Il a été le principal artisan de la réouverture du centre de Hanoi en 1993 en tant que directeur de l’Ecole. Maintenant âgé de 86 ans, il se souvient : « C’est un pays dont la culture est imprégnée de traditions qui viennent de la culture chinoise mais qui a pris son propre développement, ses propres racines, et qui a donné une contribution importante à ce qui est l’histoire de l’humanité. Je pense que ces clichés représentent toute la première moitié du 20ème siècle, une période qui, pour moi, est très très lointaine. Tellement les choses ont évolué et tellement l’histoire a bougé depuis lors. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui, nous sommes beaucoup plus loin de ce qui est représenté par ces clichés, que nous le sommes, par exemple, du 19ème siècle en France. Mais ça ne donne que plus de prix à ces documents rappelant une période qui est certainement digne d’intérêt. »
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L’exposition a aussi passionné les amis fidèles du pays. Parmi eux, Jean-Claude Pomonti, journaliste au Monde, et Philippe Lepretre, restaurateur : « C’est très intéressant puisque c’est cent ans d’histoire commune entre la France et le Vietnam, c’est le premier centenaire de l’EFEO. C’est aussi une bonne initiative. Ce qui m’intéresse, c’est de voir un certain nombre de jeunes qui sont présents. C’est sympathique. ». « C’est une partie touchante de l’histoire du Vietnam. C’est là où on se rend compte à quel point le patrimoine du Vietnam est aussi en partie sauvé grâce à des gens qui ont beaucoup travaillé pour que les Vietnamiens puissent conserver leur histoire. C’est justement ça qui m’a impressionné énormément parce que beaucoup d’entre elles ont pratiquement un siècle, voire même plus pour certaines. Et maintenant ça me touche beaucoup parce que ce n’était pas évident de pourvoir conserver tous ces clichés, toute l’histoire. Par exemple, on voit des éléphants qu’on ne voit plus au Vietnam. S’il y en a encore, ils sont beaucoup plus petits. Tellement de choses qui ont aussi disparu et les nouvelles générations peuvent savoir que c’était présent, ça faisait partie du pays. »
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Alors les jeunes, comment trouvent-ils cette exposition ? Xuân Hiêu, de l’université de Hanoi :
« Cette exposition me permet de découvrir d’une manière intéressante ce qui s’est passé dans mon pays il y a très longtemps. Je suis très impressionné par les photos sur l’estampage d’une stèle du Temple de la Littérature. C’est simplement magnifique. »
Photos : VOV/Hoa Ha
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« Objectif Vietnam - photographies de l’Ecole française d’Extrême-Orient » ne représente qu’une certaine tranche de l’histoire du Vietnam, celle de l’époque coloniale française qui est pour nous à la fois proche et lointaine. Mais il nous offre un parcours au cœur de la civilisation et de la culture du Vietnam, dans lesquelles l’Ecole française d’Extrême-Orient tient une part importante.