(VOVworld)-Occupant une modeste superficie dans l’enceinte de l’ancien palais royal de Thang Long, l’abri souterrain du commandement des opérations de l’état major général a joué un rôle particulièrement important durant la guerre, notamment durant les 12 jours et 12 nuits du “Dien Bien Phu aérien”. Récemment, il a été restauré pour accueillir des visiteurs. Le général Nguyen Van Ninh, qui y a servi, a accepté de nous livrer ses souvenirs.
Conduisant un premier groupe de visiteurs dans l’abri souterrain du commandement des opérations, le général Nguyen Van Ninh se souvient de l’époque où il était chef-adjoint de la permanence du commandement. C’était dans les années 70 du siècle dernier.
La salle de la permanence (photo : Nguyen Khanh)
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Durant les 12 jours et 12 nuits de la bataille du “Dien Bien Phu aérien”, cet abri souterrain était le poste de commandement, l’endroit où étaient traités les renseignements ultra-secrets sur les trajectoires des B52, où était suivie en continu l’évolution des fronts dans toute l’Indochine, d’où partaient les ordres de l’état major général. Dans la salle de la permanence, la plus large de l’abri - 30 mètres carrés -, les souvenirs se précipitent dans la tête du vieux général.
Le 18 décembre, jour du déclenchement de la campagne, à 16 heures, on a reçu des renseignements. Puis le chef adjoint de l’état-major général Phung The Tai nous a indiqué que Le Duc Tho était de retour à Hanoi et que les Américains avaient rompu les négociations de Paris. C’est vers 18 heures 20 que les premiers B52 ont commencé à apparaître sur les radars. C’est comme ça que nous avons compris qu’Hanoi allait être attaquée. A 19 heures, j’ai fait un rapport au chef de l’état major général Van Tien Dung en lui demander de sonner l’alerte, ce qui a été fait 25 minutes avant le premier raid. C’est rare, ça ! Souvent, les attaques de ce genre ont lieu à l’improviste et vous prennent au dépourvu.
C’était éffectivement dans cet abri que l’ordre a été donné pour que la sirène hurle signalant l’arrivée des B52 sur Hanoi. Nguyen Van Ninh :
Là, c’est le bouton déclenchant la sirène installée sur le toit de la salle des conférences de Ba Dinh. A l’époque il était stipulé que si la sirène de Ba Dinh résonnait, les 15 autres de Hanoi devaient être déclenchées dans la suite. J’ai été le premier à presser le bouton pour donner l’alerte et demander aux forces armées de se tenir prêtes au combat et à la population de se ruer aux abris
Durant les 12 jours et 12 nuits du Dien Bien Phu aérien, l’abri a fonctionné sans discontinuer. Le groupe de suivi des objectifs sur la carte dont faisait partie Pham Thi Thanh était cantonné nuits et jours dans l’abri pour suivre de près les trajectoires des avions américains.
Dans cet abri, nous devions porter des écouteurs deux heures durant pour chaque quart de permanence. Lorsque qu’il y avait des signaux émis par les radars de la DCA, nous devions prendre le crayon et suivre les trajectoires sur les cartes. Si les avions étaient à 50 km de Hanoi, les officiers donnaient les ordres appropriés
Vu Thi Thu Ha était aussi à l’époque membre du groupe de suivi des objectifs sur la carte, elle nous donne des détails sur ses travaux.
Nous devions suivre de près les objectifs pour signaler au commandement quelles seraient les cibles, mais le plus important était que notre suivi permettait aux commandants de donner l’alerte à toute la ville de Hanoi. Si notre suivi n’avait pas été précis, c’aurait été très dangereux.
L'entrée de l'abris avec sa porte double (photo : An ninh thu do) |
Pour que l’aviation américaine ne le découvre pas, l’abri avait été construit en dessous d’un bâtiment démoli dont les gravats étaient toujours là. Le colonel Nguyen Quan Hong, qui en a été le concepteur, se souvient que l’abri a été construit dès les premiers jours de la guerre de destruction aérienne américaine contre le Nord, fin 1964, début 1965. L’abri couvre une superficie de 64 m2 et se divise en trois salles équipées de façon ultra-moderne pour l’époque avec climatisation par vapeur d’eau, aération neutralisant les gaz toxiques et protection électro magnétique. Quan Hong :
L’abri est construit en béton armé. Sa toiture est composée de trois couches, les deux couches inférieure et supérieure sont en béton et la couche centrale en sable. Si l’abri est touché par les bombes, ceux qui sont à l’intérieur ne subissent aucun dommage. Sa porte est double. Celle de l’extérieur est très épaisse et peut résister à des ondes de choc nucléaires. L’abri résiste à toutes sortes de bombes et est appelé abri à trois couches : couche des bombes conventionnelles, couche des bombes atomiques et enfin couche des bombes chimiques.
40 années ont passé depuis la bataille du “Dien Bien Phu aérien”. Dans l’abri, il reste encore des objets qui étaient familiers au général Nguyen Van Ninh et à ses compagnons d’armes : les bureaux de l’état major général, la grande carte pour le suivi des trajectoires, les postes de TSF, des dizaines de téléphones et puis le service de thé, la thermos…
Les années passent, mais cet abri souterrain reste là, résistant à tout, comme l’ont fait ceux qui y ont servi durant ces 12 jours et 12 nuits de décembre 1972, scellant ainsi à tout jamais la victoire de la révolution vietnamienne.