(VOVWORLD) - Le culte des ancêtres est une tradition solidement ancrée dans la vie des Vietnamiens, qui s’emploient à la perpétuer, génération après génération. Chaque foyer se doit d’avoir son autel des ancêtres, qui trône à la place d’honneur. Go Công, qui est un village du Sud, a fait de la fabrication des autels sa grande spécialité artisanale.
L'autel de Go Công. Photo: AVI |
Situé à 40 kilomètres à l’est de My Tho, chef-lieu de la province méridionale de Tiên Giang, le village de Go Công, s’est donc taillé une réputation nationale grâce à ses autels, qui sont devenus de véritables «autels de la réussite», et dont la fabrication est une tradition artisanale qui se transmet de père en fils depuis plus d’un siècle.
Les autels de Go Công sont célèbres pour leur aspect solennel. Les pièces de bois sont assemblées par des tenons et des mortaises: il n’y a ni clou, ni vis, et la finition s’en ressent… C’est l’acajou qui est majoritairement utilisé, soit une essence de bois a priori très rustique à partir de laquelle les ébénistes de Go Công réussissent à faire de véritables petites merveilles…
Ngô Tân Lôc est l’un de ces ébénistes aux mains habiles. Pour lui, il est clair que le métier a encore de beaux jours devant lui…
«Ça fait une bonne trentaine d’année que le métier se développe… Ici, dans le village, tout le monde, ou presque, fabrique des autels. Autrefois, tout était fait à la main, mais maintenant, avec les machines dont on dispose, ça va quand même beaucoup plus vite», constate-t-il.
Photo: AVI |
Comme le client est roi, les ébénistes de Go Công s’efforcent de diversifier leurs produits, en alliant harmonieusement tradition et modernité. Aujourd’hui, leurs autels comportent davantage de piliers et sont plus sophistiqués qu’avant. Si dans le passé, un autel traditionnel n’avait que de quatre à six piliers, il en existe maintenant qui en ont jusqu’à 21 et qui peuvent coûter plusieurs centaines de millions de dollars…
Pas étonnant, dès lors, que cette tradition de fabrication d’autels demeure l’artisanat numéro un de Gò Công, comme nous le confirme bien volontiers Pham Van Nam, lui-même ébéniste.
«C’est un métier plutôt rentable, d’autant plus qu’avant, il fallait entre deux et trois mois pour fabriquer un autel, maintenant, grâce aux technologies, ça va beaucoup plus vite. Et puis on sait qu’on peut compter sur le Service de l’Industrie et du Commerce de la province qui apporte des soutiens financiers», nous dit-il.
Pham Van Nam, lui, ne se contente pas de fabriquer des autels. Il fait également des tables, des chaises et des salons en bois.
En 2004, le Comité populaire de la province de Tiên Giang a décidé de créer le «Village d’artisanat traditionnel de Go Công». Dans la commune de Tân Trung, qui est celle à laquelle est rattaché Go Công, environ 80% des foyers comptent des ébénistes en leur sein. Il faut dire que l’ébénisterie est une industrie florissante et que pour le coup, le culte des ancêtres est devenu gage d’avenir pour les fabricants d’autels: heureux paradoxe!...