Les granules de riz gluant de Me Tri - Photo Ngọc Anh/VOV5

Pour être tout à fait exact, il existe deux villages, à Hanoï, dont les granules de riz gluant sont la spécialité artisanale: Mê Tri, donc, dans l’arrondissement de Nam Tu Liêm, et Vong, dans l’arrondissement de Câu Giây. Ces deux villages ne sont distants que d’un tout petit kilomètre, mais lorsqu’il s’agit d’une spécialité et par conséquent d’une fierté locale, un kilomètre peut en valoir dix… Force est de constater qu’en tout cas, c’est à Mê Tri que les granules de riz gluant se portent le mieux. Entendez par là qu’elles y assurent la prospérité de nombreux habitants, notamment dans les hameaux de Mê Tri Ha et Mê Tri Thuong.   

Pour ce qui est des ingrédients, il faut bien évidemment prendre du riz gluant. On s’en serait douté, allez-vous me dire… Oui, mais ce dont vous ne vous doutiez probablement pas, c’est qu’il faut choisir des variétés de riz gluant parfumé comme le luong phuong, le nêp thom, le nêp tan, le nêp quyt, le nêp hoa et le nêp cai hoa vàng, ce dernier ayant visiblement la cote auprès des spécialistes, comme nous l’explique Nguyên Thi Buoi, la propriétaire d’un atelier de production de granules de riz de Mê Tri.

«Il vaut mieux prendre des grains de riz gluant encore jeunes: ils contiennent encore du lait et ils sont très parfumés», nous dit-elle. «La variété qu’on utilise le plus souvent, c’est le nêp cai hoa vàng qu’on cultive ici, dans le village, mais qu’on peut trouver aussi du côté de Bac Ninh et de Bac Giang.»  

Le jeune riz pour faire des granules - Photo Ngoc Anh/VOV5

Il faut savoir que jadis, la confection de ces granules de riz gluant était une activité exclusivement automnale. De nos jours, les ateliers tournent à plein régime, toute l’année durant, grâce notamment à des machines qui ont permis un plus grand rendement, sans que ne soit altérée la saveur des granules. Lê Thi Hiên, propriétaire de l’atelier Ngô Công Bao:

«Les grains sont torréfiés», nous explique Lê Thi Hiên, la propriétaire de l’atelier Ngô Công Bao. «Il faut faire en sorte que la cuisson soit bien régulière. De toutes façons, c’est là que tout se joue: au moment de la torréfaction. Après, on prend la décortiqueuse pour retirer toute la balle de riz. Il faut savoir qu’en gros, pour 100 kilos de grains de riz, on n’obtiendra que 18 kilos de granules. C’est comme ça. Par contre, ces granules, elles sont parfumées, onctueuses…»  

Les granules sont empaquetées dans des feuilles de lotus, symbole de pureté, le tout étant lié avec de la paille de riz. 

A Mê Tri, on confectionne aussi bien des granules fraîches ou séchées que des  compotes, des gâteaux et des pâtés… à base de granules de riz gluant, bien sûr. Et tout ça se vend au Vietnam, mais aussi à l’étranger, pour le plus grand bonheur de Nguyên Thi Bich, la propriétaire de l’atelier  Liên Du.

«Il y a beaucoup d’ateliers dans le village», constate-t-elle. «Dans le mien, on exporte des granules fraîches et séchées, essentiellement vers le Japon, la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis. Normal: les Vietkieu adorent nos granules de riz gluant! Mais on fabrique également des pâtés royaux et des boulettes de granules de riz gluant avec des haricots verts, du lait de coco et des noix de coco râpées.»

Les granules de riz gluants sont un mets, certes populaire, mais élégant. Nombreux sont les touristes qui en achètent pour en faire cadeau à leurs proches. Les habitants de Mê Tri ont d’ailleurs gardé en mémoire la visite, en 2016, d’un certain Barack Obama, venu lui aussi - eh oui ! - s’approvisionner en granules…  

En attendant, les granules de riz gluant de Mê Tri sont l’un des fleurons de la gastronomie hanoïenne dont on n’a pas fini de célébrer les mérites. A elles seules, elles symbolisent la simplicité et l’élégance, l’élégance dans la simplicité devrait-on dire, qui caractérisent si bien nos campagnes.