(VOVWORLD) - Le village de Tông Xa se situe à environ 90 km au Sud de Hanoi, dans la province de Nam Dinh. Sa spécialité artisanale ? Le bronze. Mais plus qu’une spécialité, c’est une tradition multiséculaire puisque les premiers fondeurs de bronze y ont installé leurs fours il y a de cela neuf siècles…
Aujourd’hui, à Tông Xa, les fours tournent encore à plein régime. Photo: phapluat.tuoitrethudo.com.vn
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C’est en 1118 que tout commence, avec un certain Nguyên Minh Không, Nguyên Chi Thành de son vrai nom et bonze de son état. C’est lui qui aurait initié les habitants de Tông Xa au bronze. C’est lui aussi qui est honoré tous les ans au milieu du 2e mois lunaire au temple qui lui est dédié. Les villageois lui doivent bien ça : ils sont certes restés à l’âge du bronze, mais ils ne s’en plaignent pas, bien au contraire !...
Aujourd’hui, à Tông Xa, les fours tournent encore à plein régime. Si au départ, les fondeurs ne fabriquaient que des produits simples comme des brûles-parfums et des objets de culte, ils sont désormais capables de concevoir des pièces beaucoup plus sophistiquées.
De la préparation des modèles à l’astiquage final, la production d’un objet en bronze suit un processus bien ordonné. Mais comme nous l’explique Dô Thành Vy, un artisan chevronné, le façonnage des moules en argile reste l’étape la plus importante.
«Il faut absolument veiller à ce que les moules aient une certaine épaisseur, de façon à ce qu’ils résistent au bronze en fusion», nous dit-il.
Fabriquer une statue en bronze suppose un savoir-faire, une expérience et une maîtrise dont seul peut se prévaloir un artisan digne de ce nom. C’est en tout cas ce qui ressort de propos de Vu Duy Thuân, un autre fondeur de bronze.
«Il ne suffit pas d’être professionnel. Il faut être passionné, avoir toujours envie de découvrir de nouvelles techniques! Quand on a vraiment l’amour du métier, les œuvres que l’on crée s’en ressentent, elles ont une âme…», constate-t-il.
Du savoir-faire, de la passion… Mais aussi une solide constitution physique. Travailler le bronze est un métier pénible à bien des égards, ne serait-ce qu’en raison des variations thermiques auxquelles on s’expose.
«Au moment du moulage, la température à l’intérieur du four peut atteindre plus de 1.000 degrés. Et dans un rayon de 20 mètres tout autour du four, ça monte facilement à 60-70 degrés. Alors il faut vraiment avoir une volonté tenace !... », nous confie Duong Van Lân, une jeune artisan.
Photo: dongyyen.com.vn
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Une fois le bronze refroidi, il reste à ciseler et à astiquer. Et c’est là que l’on reconnaît les perfectionnistes, là que l’artisan se distingue de l’ouvrier ordinaire.
«Le ciselage et l’astiquage demandent beaucoup de méticulosité, surtout pour les objets de culte. Mais c’est à ça qu’on reconnaît les vrais maîtres fondeurs!», confirme Duong Van Lân.
Même si les technologies évoluent, les fondeurs de Tông Xa entendent bien rester des artisans avec un A majuscule. Le succès que rencontrent leurs produits, aussi bien au Vietnam que dans 70 autres pays, ne peut que les conforter dans ce choix : autant dire qu’ils ne sont pas encore sortis de l’âge du bronze !