La trame d’une vie communautaire…

(VOVworld) - Les haies de bambou et les portes monumentales sont aux villages vietnamiens ce qu’étaient les remparts aux châteaux forts médiévaux : le moyen le plus sûr de décourager toute intrusion. Mais elles servent aussi, ces haies et ces portes, à délimiter un espace à l’intérieur duquel se tisse la trame d’une vie communautaire régie par toute une litanie de règles, aussi tacites qu’immuables.        

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Le village Uoc Lê. Photo: Internet

Il est peu de dire que les villages vietnamiens sont structurés, aussi bien dans leur disposition topographique, avec des hameaux et des ruelles, que dans les rapports qu’entretiennent ses habitants, rapports qui peuvent relever du lien parental comme du lien corporatiste. La physionomie même des villages porte l’empreinte de cette hiérarchisation qui s’est imposée comme une véritable nécessité au cours des âges. Nguyên Hoài Viêt, un architecte natif du village d’Uoc Lê, en banlieue de Hanoï :

« Les campagnes vietnamiennes sont aménagées en fonction des activités qui s’y déroulent, c’est-à-dire bien évidemment des activités agricoles. Si vous prenez les voies de communications, par exemple, elles ont pour fonction essentielle de permettre l’accès aux rizières. »   

Etant la promiscuité dans laquelle ils vivent, les habitants d’un même village veillent à faire régner l’harmonie en favorisant les liens de voisinage autant que ceux de parenté, ceux-ci pouvant se transformer en ceux-là le cas échéant… Les proverbes sont là pour l’attester : ne dit-on pas «Vendre un parent éloigné pour acheter un proche voisin»... Cela étant, rien n’est pire, pour un Vietnamien, que d’être exilé loin de son village natal qui, avant d’être un lieu d’habitation, est un véritable refuge.   

Dans les villages, plusieurs ouvrages témoignent de cette dimension communautaire, à commencer par la porte monumentale qui a presque valeur de symbole. Pour bien comprendre cela, il suffit de se dire que cette fameuse porte est au villageois vietnamiens ce que la Tour Eiffel est au Parisien de souche. Cela étant, il n’est pas rare aussi que les noms des villages soient liés à de vieilles légendes.  Tô Xuân Thang, originaire de Khanh Vân, un village de la banlieue de Hanoï dont le nom signifie « beaux nuages », en français :

« Mon village s’appelle Khanh Vân. C’est un nom qui se rapporte à une vieille légende de l’époque du roi Lê, le roi Lê dont les troupes auraient été protégées du soleil par l’apparition de nuages et qui aurait alors baptisé l’endroit ainsi. »

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Comment évoquer les villages vietnamiens sans parler de ces banians séculaires qui y répandent une ombre propice au repos et aux causeries sans fin, lorsque les travaux des champs sont terminés ? Pareil pour l’embarcadère et le puits, autour desquels les femmes se retrouvent pour laver le linge et se livrer à toutes sortes de commérages.

Mais le tableau ne serait pas complet sans la maison communale, qui est une sorte de forum antique ou de « plaza mayor » à la vietnamienne : c’est là que se prennent toutes les décisions importantes pour la vie de la communauté, là aussi que se déroulent les grandes manifestations collectives.

Alors naturellement, ce tableau, aussi idyllique soit-il, ne correspond plus vraiment à ce que sont les villages d’aujourd’hui. Encore que… Si l’apparence extérieure évolue irrémédiablement, l’essentiel demeure, c'est-à-dire le sentiment d’appartenance à une communauté vis-à-vis de laquelle on est redevable…    

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