(VOVWORLD) - Nombreuses sont les soupes vietnamiennes qui comportent des vermicelles. De là à en conclure que certaines localités ont fait de la confection des vermicelles leur spécialité artisanale numéro un, il n’y a qu’un pas.
Ce pas, nous allons le franchir allègrement, en nous rendant à Binh Lu, une commune de la province de Lai Châu.
Un producteur sèche les vermicelles au soleil
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Bien que située au Nord-Ouest du pays, Binh Lu est une commune peuplée de gens venus de Thai Binh, l’une des provinces agricoles les plus importantes du delta du Fleuve Rouge. Cette implantation remonte en fait à plusieurs dizaines d’années déjà. A l’époque - début des années 1970 -, il s’agissait de faire de la région une nouvelle zone économique, d’où l’envoi de ces personnes, censées contribuer au développement local.
Tant que l’on peut encore goûter aux saveurs de son pays, l’exil reste supportable… C’est sans doute ce que se sont dit nos braves pionniers, qui se sont empressés de planter du canna comestible, dans le but de pouvoir confectionner des vermicelles de tolomane, ingrédient indispensable au miên riêu cua, cette fameuse soupe de vermicelles au crabe d’eau douce qui est «la» spécialité culinaire de Thai Binh.
Bien vu, en tout cas : le canna s’adapte parfaitement au climat de Binh Lu, et ses tubercules donnent des fécules d’une qualité supérieure à ceux de Thai Binh. Du coup, les vermicelles confectionnés sur place sont d’une belle couleur blanche. Ils peuvent parfois mesurer jusqu’à plusieurs mètres.
Mais il aura fallu attendre jusqu’à la fin des années 1990 pour que les vermicelles de Binh Lu deviennent ce qu’ils sont aujourd’hui : l’or blanc de la localité.
«Ça fait déjà un certain temps qu’on vit de ce métier-là, par ici», nous dit Trân Thi Luot, une productrice. « Mais ça nous réussit plutôt bien! Regardez, tous les habitants ont pu se faire construire de belles maisons et envoyer les enfants à l’école ! C’est grâce aux vermicelles, tout ça ! À 50.000 dôngs le kilo, on s’en sort pas mal, quand même !».
Actuellement, Binh Lu compte 300 foyers spécialisés dans la culture du canna comestible, auxquels il faut en ajouter une dizaine qui produisent de la farine de tolomane et une cinquantaine qui confectionnent des vermicelles. Chaque année, la commune vend une bonne centaine de tonnes de vermicelles, ce qui permet aux producteurs d’empocher plusieurs centaines de millions de dôngs.
La demande va crescendo et mieux vaut passer commande longtemps à l’avance, notamment en période de Têt.
«Nos vermicelles s’écoulent bien et grâce à ça, nous avons une vie meilleure. Pour peu que la météo soit favorable, je réussis à produire chaque jour entre 100 et 150 kilos de vermicelles. Et ça se vend bien, sur le marché !», nous explique Nguyên Xuân Truong, un producteur local.
«Ça se vend bien, sur le marché»… Fortes de ce constat, les autorités de Binh Lu ont décidé d’aménager une zone spécialement dédiée à la culture du canna, non sans appeler les producteurs à respecter des normes d’hygiène bien précises. Mais elles s’emploient également à lancer des campagnes de promotion commerciale, tant et si bien que leurs vermicelles sont devenus l’un des produits emblématiques de la région.