(VOVWORLD) - Dông Ky est un village de la province de Bac Ninh qui est réputé pour ses meubles, tout comme Bat Trang l’est pour ses céramiques. Entendez par là que la réputation des meubles qui y sont produits a largement dépassé nos frontières. C’est à ce point vrai que l’association des ébénistes de Dông Ky vient d’élaborer un projet visant à faire entrer de plain-pied ce village dans le 21ème siècle, un projet qui pourrait avoir pour effet de faire rimer « artisanat traditionnel » avec « startup ».
L'ébénisterie est fortement développée à Dông Ky - Photo Ngoc Anh/VOV5 |
Dire de Dông Ky que c’est un haut lieu de l’ébénisterie vietnamienne relèverait d’un doux euphémisme. Noter que l’ébénisterie artisanale y a acquis ses lettres de noblesse serait là encore d’une affligeante banalité, et nous ne nous y risquerons pas. En revanche, nous nous risquerons bien volontiers à nous interroger sur l’évolution de cette ébénisterie qui, pour artisanale qu’elle est au départ, ne s’en retrouve pas moins confrontée aux aléas du monde moderne et en tout cas à ceux de l’économie de marché.
Nous ne sommes d’ailleurs pas les premiers à nous être ainsi posés cette question : les membres de l’association des ébénistes de Dông Ky l’ont fait avant nous. Leur réponse ? Elle tient en un anglicisme de deux syllabes : « startup »…
Alors qu’est ce qu’une « startup », allez-vous me dire… Eh bien, une « startup », ou « jeune pousse » pour parler français, est une jeune entreprise innovante à fort potentiel de croissance.
Celle qu’entend mettre sur pied l’association des ébénistes de Dông Ky devrait occuper un complexe industriel de 50 hectares, le but avoué étant de réduire la dépendance au marché chinois, de développer d’autres débouchés d’exportation et de maintenir la part du marché domestique. « C’est le tout premier projet de ce genre, nous explique Vu Quôc Vuong, le président de l’association des ébénistes de Dông Ky. C’est un projet tout à fait faisable qui devrait donner un essor extraordinaire au village de Dông Ky. L’idée, c’est de créer un très grand espace de production hors des quartiers résidentiels afin d’éviter qu’il y ait trop de pollution, d’améliorer l’environnement de travail tout en veillant au bien-être social et de créer plus d’emplois. »
L’an dernier, le chiffre d’affaires des exportations de meubles de Dông Ky a atteint 40 millions de dollars, le quart de la somme provenant du marché chinois. Dans ce domaine, le potentiel est bien sûr énorme et l’ouverture annoncée d’un complexe industriel devrait encore améliorer la donne. Vu Thi Mai, qui est la directrice générale de la société Huong Mai, est la première à s’en réjouir.
« L’ébénisterie a connu des hauts et des bas, nous dit-elle. Mais nous avons tenu bon ! Actuellement, nous produisons à la fois des meubles traditionnels du Vietnam et d’autres, plus sophistiqués. Nous souhaitons les exporter vers le Japon, la République de Corée et Taïwan. »
À Dông Ky, on recense plus de 2.000 entreprises d’ébénisterie. Les produits sont aussi divers qu’appréciés sur le marché. « Ces dernières années, Dông Ky a exporté une grande quantité de meubles vers la Chine, nous rappelle Vu Ngoc nam, le vice-président de l’association des artisans de Dông Ky. Il s’agit essentiellement de tables, de chaises, de lits, de dressoirs pour services à thé… Je pense qu’à Dông Ky, il y a un très haut niveau de savoir-faire, du côté des artisans. Alors, maintenant, c’est vrai que pour donner un véritable essor à tout ça, ce projet de « startup » me paraît vraiment prometteur… »
C’est en tout cas un projet qui est dans l’air du temps et qui a, en plus, le mérite de cadrer parfaitement avec la politique prônée par le Premier ministre lui-même.