(VOVWORLD) - La nasse est un outil de pêche traditionnelle, utilisé notamment dans le delta du fleuve Rouge. Mais dans la province de Hung Yên, il existe un village dans lequel « nasse » rime avec « vannerie artisanale », et ce village, c’est Thu Sy, un village rattaché au district de Tiên Lu.
A Thu Sy, on ne fabrique presque que des nasses - Photo Lan Anh/VOV5 |
Situé à une soixantaine de kilomètres au sud-est du centre de Hanoï, Thu Sy est un village, tout ce qu’il y a de plus typique du delta du fleuve Rouge. Rien n’y manque : des maisons anciennes à trois travées, des haies de bambous… Et même une spécialité artisanale !
Alors cette spécialité, c’est la vannerie, à ceci près qu’à Thu Sy, on ne fabrique presque que des nasses, essentiellement dans les hameaux de Nôi Lang et de Tât Viên, et ce depuis près de deux siècles.
« La maison communale est consacrée à Nguyên Thi Huê, nous indique Nguyên Thi Dân, une villageoise. C’est elle qui a appris aux gens d’ici à faire des nasses, alors bien sûr, on la considère comme notre génie tutélaire… »
Dào Thanh Miên - Photo Lan Anh/VOV5 |
Eh oui ! Dans le delta du fleuve Rouge, avoir été l’initiateur d’une corporation artisanale est gage de vénérabilité, on ne le dira jamais assez ! Dans le cas de cette fameuse Nguyên Thi Huê, c’est d’autant plus remarquable que la vannerie n’est, somme toute, qu’une activité secondaire, une sorte de passe-temps vespéral auquel on s’adonne après avoir trimé dans les rizières toute une journée durant. Cela étant, à Thu Sy, on apprend à fabriquer des nasses dès le plus jeune âge, comme nous l’explique Dào Thanh Miên.
« Ici, vous savez, tout le monde sait confectionner des nasses, nous dit-il. Les personnes âgées, les enfants… Tout le monde… Tenez, moi, à cinq ans, je savais déjà faire ça. »
Alors… Pour faire une nasse, on utilise du bambou, que l’on fend, de façon à obtenir des brins, minces et réguliers. Ça, c’est le travail des hommes. Vient ensuite le tressage proprement dit qui est, en général, confié à des mains gracieuses et habiles, c’est à dire – mais vous l’aurez deviné - à des mains de femmes…
Luong Son Bac, un fabricant chevronné - Photo LAn Anh/VOV5 |
« Les brins de bambou doivent être fendus, séchés et trempés dans de l’eau de chaux avant d’être boucanés au-dessus d’un feu de paille, nous explique Luong Son Bac, un fabricant chevronné. C’est assez délicat, d’ailleurs, le boucanage. En général, on laisse ça aux femmes : elles s’en sortent mieux… »
Thu Sy fournit chaque année environ 650 mille nasses aux agriculteurs des provinces de Hà Nam, Nam Dinh, Bac Ninh et Bac Giang où il existe des rizières basses et des arroyos. Ce sont les nasses boucanées qui coûtent le plus cher : entre 30 et 40 mille dôngs la pièce. Les nasses blanches, elles, ne valent que 20 mille dôngs. Quoiqu’il en soit, boucanées ou blanches, ces nasses représentent la moitié des revenus des habitants de Thu Sy.
« Avant, on tressait des nasses la nuit pour les vendre au marché au petit matin, nous raconte Luong Son Bac. C’est ce que faisaient mes parents et c’est aussi ce que je fais, maintenant. Et vous savez, ça me rapporte plusieurs millions de dôngs par mois : de quoi assurer le quotidien et élever les enfants. »
Bien sûr, il ne faut pas se cacher que de nos jours, on ne pêche plus beaucoup à la nasse. Eh bien qu’à cela ne tienne, car les nasses ont la vie dure et à défaut d’être utilisées comme outil de pêche, elles font de formidables articles de décoration intérieure, d’inimitables abat-jours, notamment. Et là, on se les arrache, y compris à l’étranger : aux Etats-Unis, à Singapour, au Japon et en Inde… « Les nasses, on peut les utiliser comme abat-jours. Les Américains raffolent de ça ! Les Indiens, aussi… Alors par contre, il faut vraiment sélectionner les produits les mieux finis, estime Luong Son Bac. »
Pour peu qu’il fasse beau, toutes les cours de Thu Sy sont remplies de fleurs de bambou ou de nasses. Pour peu aussi que l’on soit photographe, on peut s’en donner à cœur joie. Les habitants du village se prêteront d’autant plus volontiers au jeu qu’ils sont fiers de leurs nasses : après tout, c’est grâce à elles, à ces nasses, qu’ils ont pu se sortir… de la nasse !...