(VOVWORLD) - Au Vietnam comme ailleurs, il arrive que l’artisanat traditionnel soit mis à rude épreuve par la modernisation.
Le tranchoir, le mortier et le pilon du village de Phu Long. Photo: plo.vn |
La province de Binh Duong ne fait pas exception à la règle. Sur les 32 villages dits «de métiers» qu’elle compte, 9 sont consacrés à des activités telles que la poterie, la laque, la gravure sur bois, ou encore la vannerie: des activités d’un autre temps, aurait-on envie de dire… Eh bien non, car pour peu qu’on les y aide, traditions artisanales et modernité peuvent faire bon ménage…
Phu Long fait partie de ces fameux villages dits «de métier» qui font la fierté de Binh Duong. Qu’y fabrique-t-on? Des tranchoirs, des mortiers et des pilons. Et ce, depuis la nuit des temps… Reste à savoir si une activité de ce type peut perdurer: la concurrence est de plus en plus rude et la qualité des produits ne suffit pas toujours à garantir la pérennité du commerce… Aujourd’hui, les artisans font figure de résistants, comme nous le dit très bien Lê Thi Hoà, qui est à la tête d’une petite entreprise familiale.
«De tout temps, on a fabriqué des tranchoirs, des mortiers et des pilons, à Phu Long, et on ne va pas changer de sitôt!», nous assure-t-elle. «Chez moi, c’est un métier qui se transmet de père en fils, et il est hors de question d’en changer!»
Eh bien que Lê Thi Hoà se rassure, car il peut compter sur le soutien des autorités provinciales, lesquelles cherchent à sauvegarder et à développer l’artisanat traditionnel. Différentes mesures ont d’ailleurs été prises, ces dernières années, qui toutes, vont dans ce sens.
La laque poncée du village de Tuong Hiêp Binh. Photo: baobinhduong.vn
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Témoin le village de Tuong Hiêp Binh, dont la spécialité artisanale - la laque poncée - a été inscrite au patrimoine immatériel national en 2016, ce qui lui vaut de bénéficier d’un projet d’aménagement pour le moins ambitieux, comprenant, entre autres choses, l’établissement d’une zone artisanale digne de ce nom.
Mais ce qui compte avant tout, pour les artisans, c’est de pouvoir transmettre leur savoir-faire. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Lê Ba Linh, l’un des artisans de ce village de Tuong Hiêp Binh, que nous venons d’évoquer.
«C’est vrai que la question de la transmission se pose avec acuité», admet-il. «L’idéal serait évidemment que la jeune génération puisse reprendre le flambeau. On s’y emploie, du reste! Ce n’est qu’à cette condition expresse que ce village pourra devenir un grand centre artisanal capable de rayonner dans et hors du pays.»
Ce rayonnement, que Lê Ba Linh appelle de ses vœux, pourrait bien être garanti par le tourisme. Eh oui! L’artisanat au service du tourisme, le tourisme au service de l’artisanat… C’est comme on voudra. Ce qui est sûr, c’est que la formule fait mouche et que les circuits à destination des villages dits «de métier» attirent de plus en plus de visiteurs, lesquels y trouvent leur compte, autant que les artisans: si les premiers assouvissent une soif de découverte, les seconds y trouvent une clientèle on ne peut mieux disposée… Pour Nguyên Duc Minh, le directeur du centre provincial de promotion touristique, ce genre d’initiative vaut toutes les campagnes de promotion commerciale possibles et imaginables.
«Maintenant, les voyagistes proposent des circuits à destination de tous ces villages. Je sais qu’à Tuong Hiêp Binh, ça fait un véritable carton!», se félicite-t-il.
À Binh Duong, le développement des villages dits «de métiers» doit aller de pair avec la protection de l’environnement, d’où l’idée d’établir des zones artisanales spécifiques, suffisamment éloignées des quartiers résidentiels. Ainsi en ont décidé les autorités qui comptent bel et bien sur l’artisanat traditionnel pour se donner un souffle de modernité.