(VOVWORLD) - « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres », dit-on parfois… Peut-être… Il n’empêche que certains arbres prêtent volontiers leur robustesse à d’autres plantes plus fragiles, auxquelles ils servent de tuteur. Tout de suite un exemple avec l’hylocereus undatus dans le rôle de la plante fragile et le palétuvier dans celui du tuteur. Et c’est à Cai Nuoc, un district rattaché à la province méridionale de Cà Mau, que ça se passe. Quant à l’hylocereus undatus, il s’agit en fait de cette variété de cactus qui donne les fruits du dragon…
Là où d’autres auraient sans doute jugé que le sort était décidément trop défavorable, Mai Lam Phuong, lui, s’est accroché... |
Au départ, Mai Lam Phuong était éleveur de crevettes, ce qui est assez commun dans la région de Cà Mau. Rapidement, il s’est aperçu que le rendement était en baisse. Aussi a-t-il décidé de se lancer dans la fruiticulture. Mais c’était sans compter sur le taux de salinité des sols, qui est l’un des problèmes auxquels est confronté l’extrême sud de notre pays…
Là où d’autres auraient sans doute jugé que le sort était décidément trop défavorable, Mai Lam Phuong, lui, s’est accroché. Et la solution à son problème, à savoir une variété de fruit du dragon supportant une forte salinité, c’est en 2012 qu’il l’a finalement trouvée…
Il faut savoir que toute variété de fruit du dragon doit s’agripper à des troncs d’arbres ou à des lianes, ce qui n’est pas sans importance pour la suite de notre histoire.
Et cette histoire, qui, mieux que Mai Lam Phuong lui-même, pourrait nous la raconter ?... « J’ai commencé avec des variétés de fruits du dragon provenant des provinces de Binh Thuân et de Tiên Giang, mais ça n’a pas du tout pris », se souvient-il. « Quand j’ai découvert que la variété locale pouvait très bien pousser dans de l’eau salée, j’ai compris que ça devait être la solution. Mais à l’époque, j’étais fauché comme les blés… Je n’avais absolument pas de quoi me faire construire des tuteurs. Alors j’ai essayé de recourir à la mangrove qui était au bord de mes bassins d’élevage. Ça a marché sur certains types de palétuviers, ce qui m’a encouragé à reproduire l’expérience ».
Mai Lam Phuong met en place le modèle d’exploitation agricole reposant sur l’association fruit du dragon - palétuvier |
Une expérience qui a très bien marché au cours des deux premières années…
En 2014, alors qu’il avait tout de même réussi à multiplier 400 hylocereus undatus, Mai Lam Phuong a vu tous ses arbres se mettre à dépérir. Tous sauf un, le palétuvier avicennia marina, qui non content de résister encore et toujours au désastre, va vaillamment supporter et nourrir les hylocereus undatus, permettant à Mai Lam Phuong de voir la chance lui sourire enfin et d’empocher des dizaines de millions de dôngs chaque année.
« Je trouve que quand il est cultivé sur un sol à forte salinité, le fruit du dragon est meilleur », nous dit-il. « Sa peau est plus brillante, sa chair est plus sucrée, avec un petit parfum de longane… Au début, le kilo ne se vendait que 5.000 dôngs… Mais comme la demande va crescendo, le prix a doublé. Du coup, je m’en sors plutôt bien ».
Effectivement… Les fruits du dragon prolifèrent, en tout cas. Quant à Mai Lam Phuong, il a réussi à mettre en place un modèle d’exploitation susceptible de faire des émules, à en croire Ly Thi Lan, la cheffe adjointe de l’association des agriculteurs du district de Cai Nuoc.
« C’est une variété de fruit du dragon qui est assez répandue, par ici, mais là, il y a une mise en valeur évidente… Le tronc de l’avicennia marina permet non seulement de maintenir la structure de la plante, mais aussi d’en nourrir les racines… C’est vraiment une idée ingénieuse », nous confie-t-elle.
Les fruits du dragons rapportent à Mai Lam Phuong des dizaines de millions de dôngs chaque année. Photo: VOV |
Selon des études diligentées par l’Académie des sciences agricoles du Vietnam, ce modèle d’exploitation pourrait tout à fait devenir une sorte de référence à Cà Mau. L’association fruit du dragon - avicennia marina permettrait d’apporter la prospérité aux habitants de la région, mais également d’élargir la superficie de la mangrove. C’est ce qui s’appelle faire d’une pierre deux coups.