(VOVWORLD) - Le
village de Van Phuc est le berceau de la soierie artisanale. Situé dans l’arrondissement
de Hà Dông, à Hanoï, il reste aujourd’hui la grande référence en la matière.
C’est bien simple, au Vietnam, la soie, c’est à Van Phuc que ça se passe !
D’après des
annales, les documents historiques et les reliques, la fondation de Van Phuc
remonterait au 9ème siècle. C’est à une certaine A La Thi Nuong que
le village doit sa renommée artisanale : c’est elle, en effet, qui y
aurait introduit la culture des mûriers, l’élevage des vers à soie et même le
tissage… Autant de bienfaits qui lui auront valu le titre posthume de génie
tutélaire, avec tous les sanctuaires et la vénération qui s’y rattachent. De
nos jours encore, on peut admirer à Van Phuc une stèle commémorative et un très
vieux métier à tisser, témoins d’une histoire glorieuse.
Glorieuse,
l’histoire de la soie de Van Phuc l’aura certes été, et à maints égards.
Nombreux ont été les monarques qui se sont fait confectionner des costumes en
soie naturelle de Van Phuc, notamment ceux de la dynastie des Nguyên. Mais ce
n’est pas tout. La renommée de cette soie a largement dépassé les frontières du
Vietnam. Dès 1931, les produits de Van Phuc étaient exposés en France, à
Marseille plus précisément, et présentés comme étant le fin du fin de
l’artisanat indochinois. Et de nos jours, il n’est que de voir l’animation qui
règne dans les magasins de Van Phuc pour comprendre à quel point sa soierie y
est une industrie florissante. Pham Khac Hà, président de l’association des
artisans de Van Phuc :
«Van Phuc compte
8 maîtres-artisans reconnus par l’Etat, 164 ateliers de production et des centaines
de magasins… Dans l’immédiat, nous voudrions faire de Van Phuc un véritable
centre touristico-artisanal. La ville de Hanoï nous a d’ailleurs donné son feu
vert.»
Triêu Van Mao est
décédé en 2010. Pendant longtemps, il est resté le seul détenteur des
techniques de tissage de la soie Vân, qui est une soie très particulière,
typique de Van Phuc. Fort heureusement, il a pu léguer son savoir-faire à ses
descendants, lesquels lui font aujourd’hui honneur, notamment sa belle fille
Nguyên Thi Tâm qui a été promue citoyenne d’honneur de Hanoï en 2015 et qui gère
actuellement l’atelier familial.
«Mon beau-père était
un maître-artisan à l’ancienne, complètement dévoué à son métier. Il avait su
remettre à l’honneur la soie Vân à l’occasion du millénaire de Thang
Long-Hanoï, en préparant des cadeaux, décorés avec différents emblèmes de Hanoï.
Je suis très fière de tout ce qu’il a fait, et personnellement, ça m’encourage
à persévérer.»
En plus d’être
des tisserands de premier ordre, les villageois de Van Phuc sont des
entrepreneurs particulièrement actifs. Aujourd’hui, leurs affaires marchent
bien, très bien même…
Mais comment s’y
prennent-ils pour produire ces fameuses étoffes de soie ? Hoàng Diêu Khanh, de
l’atelier de Triêu Van Mao :
«Il faut d’abord faire
bouillir les cocons de vers à soie dans une grande marmite avant de pouvoir
embobiner les fils et de pouvoir passer au tissage proprement dit. Chaque
ouvrier assume une tâche bien spécifique. Je dirais qu’en moyenne, nous tissons
entre 5 et 6 mètres de soie naturelle par jour.»
Les produits de
Van Phuc sont connus pour leur souplesse, pour leurs coloris, pour leurs motifs
de décoration… Nguyên Thi Tâm, encore une fois :
«La soie Vân est
ce qui se fait de mieux, à Van Phuc. C’est une soie transparente, sans ride.
Elle est assez lâche au niveau de la trame, mais pourtant, c’est très difficile
à déchirer. Et c’est vraiment une spécialité locale. Beaucoup de tisserands
sont venus ici pour essayer de percer les secrets de sa fabrication, mais aucun
n’y est parvenu, jusqu’à présent.»
Pour celles et
ceux qui en doutaient encore, la route de la Soie passe bel et bien par le
Vietnam, et plus précisément par Van Phuc qui en est le caravansérail enchanté…