(VOVWORLD) - Chez les Pa Ko, peuple des hautes montagnes de Truong
Son, la vannerie est un métier essentiellement masculin. Les hommes profitent en
effet de l’intersaison agricole ou de l’hiver, quand il fait trop froid pour
les travaux champêtres, pour se consacrer à ce travail artisanal.
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Ho Tinh est un maître vannier à A Luoi, un district
montagneux rattaché à la province centrale de Thua Thien-Hue. Il sait tresser
toutes sortes d’objets. Ses matières préférées sont le bambou et le rotin.
«Après avoir trouvé dans la forêt le bambou et le rotin
nécessaires, il faut les tremper dans un ruisseau, puis les faire sécher au
soleil. Ensuite, on les coupe en lamelles minces et longues. Les hottes Pa Ko
disposent d’un pied et d’une ossature en bambou et d’un corps en rotin. Une
fois tressée, la hotte doit être posée sur une étagère au-dessus du foyer pour
sécher, ce qui lui permettra de prendre une belle couleur foncée et de pouvoir
résister aux termites », indique Ho Tinh.
Chez les Pa Ko comme chez tous les peuples des hautes
montagnes, la hotte est un objet de première importance. Celle destinée aux
femmes est en général plus petite mais possède plus de compartiments, pour
contenir le plus de choses possibles, du riz, des patates douces, des légumes…
La hotte destinée aux petites filles est faite en rotin et dispose de trois
compartiments, le premier servant à contenir les cueillettes forestières, le
deuxième un imperméable et le troisième, de la nourriture. Et lorsqu’il s’agit
du beau sexe, les hottes sont aussi joliment décorées. C’est une parure simple
et charmante qui rend les filles toujours plus gracieuses aux yeux des garçons…
Un autre produit artisanal des Pa Ko, qui utilise aussi
des techniques de la vannerie, est la perche rituelle. La fabrication d’une
perche nécessite le travail de quatre à cinq artisans expérimentés, explique Ho
Phoi, un maître artisan Pa Ko.
«La perche est indispensable aux fêtes traditionnelles, a
fortiori la fête de sacrifice du buffle. Elle est comme un modèle en miniature
de l’univers, reliant les terrestres aux divinités célestes. A travers elle,
nous prions le Ciel de nous apporter une vie paisible, heureuse et prospère.» nous dit-il.
Aujourd’hui, les produits de vannerie traditionnelle des
Pa Ko en particulier et des peuples montagnards en général ont du mal à
s’écouler sur le marché. Leurs concurrents en plastique sont à la fois moins
chers et plus diversifiés. De plus, les vanniers expérimentés se raréfient.
Face à cette situation, plusieurs collectivités locales organisent des ateliers
de formation à l’intention des jeunes. Plus qu’un métier, c’est l’identité
culturelle d’un peuple qui est en jeu.