(VOVworld) - De la musique au mariage en
passant par l’artisanat, les Choru nous fascinent par leurs singularités
culturelles. Il faut dire que ce peuple des hauts plateaux du Centre reste
particulièrement attaché à ses traditions ancestrales.
Photos : internet |
Les Choru disposent d’un riche patrimoine
littéraire composé essentiellement d’épopées, de comptines populaires et de
dictons valorisant le rôle de la femme et le combat des humains face à une
nature qui n’est pas toujours clémente. Côté musique, ils possèdent plusieurs
instruments aux noms exotiques (rokel, sar, r’tong, kwao, tenia…) mais aussi
des gongs dont ils jouent d’une façon qui leur est tout à fait propre. Ces
gongs, ils servent à rythmer la Tamya Arya, la danse collective la plus
populaire des Choru, comme nous l’explique Linh Nga Nie Kdam, une spécialiste
de la culture des ethnies des hauts-plateaux du Centre.
«Un ensemble de gongs Choru compte trois
unités. A la différence d’autres ethnies, comme les Sedang, qui en jouent en se
déplaçant et en dansant, soit autour de la maison, soit autour d’une perche,
les Choru, eux, jouent des gongs en restant immobiles. Les trois gongs sont
accrochés ou mis sur un support, et seul un musicien en joue.»
Les Choru sont réputés pour leur habileté et leur
sens esthétique développé. Mais ils sont surtout d’excellents potiers, qui
aiment manier l’argile pour en faire des objets quotidiens. En saison sèche,
c’est-à-dire entre décembre et mars de l’année suivante, les habitants de Krang
Go, qui est un petit village rattaché à la province de Lam Dong, s’adonnent à
ce travail qu’ils effectuent d’une façon pour le moins originale, d’après Luong
Thanh Son, une autre spécialiste de la région :
«La technique de poterie des Choru ressemble
plus ou moins à celle des Cham au village de Bau Truc, dans la province
centrale de Ninh Thuan, dans la mesure où il n’y a pas de girelle. Le potier Choru utilise un
socle qui est un tronc d’arbre coupé ou un pilon en pierre renversé. Il façonne
sa poterie en se déplaçant autour de ce socle. Les produits sont cuits en plein
air, de manière très rudimentaire.»
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Matriarcat oblige, c’est la femme qui décide
de tout chez les Choru. Les enfants portent d’ailleurs son nom. Lorsqu’une
fille a trouvé le garçon qui lui plaît, elle demandera à ses parents de venir
proposer le mariage à l’élu de son cœur. La cérémonie de demande de la main se
déroule au printemps. Si la famille du garçon refuse, celle de la fille lui
donnera un nouveau rendez-vous, et si nécessaire, encore un autre, jusqu’à ce
qu’elle accepte. Les hommes de chez la fille chercheront par tous les moyens à
faire porter la bague au garçon, signe d’un consentement officiel. Si le garçon
ne veut absolument pas de ce mariage forcé, il peut rendre la bague mais dans
ce cas-là, la tradition veut que sa famille dédommage l’autre avec des buffles
et de l’alcool. Cette drôle de pratique existe encore dans plusieurs villages
de la province de Lam Dong. A noter en tout cas que lors que tout se déroule
favorablement, il revient à la famille de la fille de préparer les noces. Luong
Thanh Son, encore:
«Chez les Choru et d’autres groupes ethniques
qui lui sont proches, la famille du garçon peut réclamer des choses assez
extravagantes pour autoriser un mariage. Du coup, beaucoup de filles qui n’en
avaient pas les moyens ont dû renoncer à leur rêve d’avoir un mari. Selon la
tradition, le marié doit venir s’installer chez sa femme. Dans certains cas
exceptionnels, c’est la femme qui vient d’abord chez lui puis lui chez elle.»
Le mariage se déroule tôt le matin. Avant que
le couple ne quitte la maison du marié, la mère de la mariée couvre leur tête
d’un foulard auquel elle prendra soin de faire un nœud, pour les lier à tout jamais...