(VOVworld) - Le général Vo Nguyên Giap restera dans l’histoire comme l’un des plus fidèles compagnons du président Ho Chi Minh, mais aussi comme l’un des stratèges les plus talentueux du 20e siècle. Il a consacré toute son existence à une cause : la liberté du peuple vietnamien. L’intelligence tactique et politique et le charisme exceptionnel dont il aura fait preuve toute sa vie durant font que son nom reste gravé à tout jamais dans l’histoire du peuple Vietnamien comme dans celle de l’humanité toute entière.
Tout au long de sa carrière militaire, le général Vo Nguyên Giap aura façonné l’armée révolutionnaire du Vietnam, faisant d’un groupe de 34 soldats munis d’arquebuses et allant pied nus, l’une des armées les plus redoutables qui soient. Cette armée vietnmienne, il l’aura conduit de victoire en victoire, à commencer par celle de Dien Bien Phu, en 1954, puis par la libération totale du Sud et la réunification nationale au printemps 1975 : autant de succès qui ont ébranlé le monde entier. Sous la houlette du Parti Communiste Vietnamien et du président Hochiminh, Vo Nguyên Giap a su renouveler l’art de la guerre pour triompher des armées les plus modernes et les mieux équipées. Sa doctrine est connue sous le nom de « guerre du peuple ». Nguyên Manh Hà, directeur de l’institut d’histoire du Parti Communiste Vietnamien : « Sa carrière militaire reste l’une des plus longues. C’est d’ailleurs pour ça qu’on parle de lui comme « l’aîné de l’armée populaire du Vietnam ». Le général Vo Nguyên Giap était un très grand chef de guerre. Il a su tenir en échec les colonialistes et les impérialistes, ce qui reste un exploit retentissant dans l’histoire du 20e siècle. Beaucoup d’historiens étrangers estiment qu’il aura ainsi contribué à instaurer un nouvel ordre mondial. »
Lors de la bataille historique de Dien Biên Phu, en 1954, donc, le général Vo Nguyên Giap a dû prendre l’une des décisions les plus difficiles à prendre de toute sa vie de soldat en passant d’une stratégie de « combat rapide-victoire rapide » à une stratégie de « combat solide-avancée solide ». L’histoire lui a magistralement donné raison. La victoire éclatante de l’armée vietnamienne, en plus de mettre fin à 9 années de guerre de résistance contre les colonialists français, l’a définitivement consacré comme étant l’un de plus grands stratèges militaires des temps modernes. Le général Dũng Chi, ancien combattant de Diên Biên Phu : « À cette époque, j’étais chef de bataillon. Je pense que le plus grand coup de génie du général réside dans ce changement de tactique. Pour moi, j’étais pris dans le feu des combats, et je ne voyais pas bien quelle était la stratégie globale que nous suivions. Quand j’ai reçu l’ordre de me replier, je l’ai exécuté, mais en restant assez sceptique. Ce n’est qu’après, lors de ma deuxième mission de reconnaissance sur la colline A1- « Eliane 2, comme disaient les français » - que j’ai compris à quel point cette décision d’avancer comme des termites, en creusant des tranchées, était juste. À 14h30 le 6 mai 1954, lorsque nous en étions à préparer l’assaut final, nous pouvions nous déplacer dans des tranchées profondes d’un mètre 70 d’où il était parfaitement possible d’observer les mouvements de l’ennemi. C’était un ouvrage stratégique absolument remarquable ! »
La guerre de résistance contre les impérialistes américains restera certainement dans l’histoire comme l’une des manifestations les plus frappantes de ce qu’une collectivité, rassemblée et galvanisée avec intelligence, peut faire pour remporter la victoire. Les dirigeants vietnamiens préconisaient alors d’ouvrir des lignes de ravitaillement stratégique pour le Sud, par voie terrestre à travers la piste Ho Chi Minh, mais aussi par voie maritime. De son côté, le général Vo Nguyên Giap a consacré beaucoup de temps et d’efforts à la mise en place de ces couloirs qui devaient permettre d’acheminer hommes et munitions vers les champs de bataille du Sud. Le colonel Hoàng Minh Phuong, ancien aide de camp du général Vo Nguyên Giap : « Le développement de la guerre dans le Sud supposait l’ouverture de voies automobiles, alors même que l’ennemi intensifiait ses frappes aériennes, infligeant de lourdes pertes importantes à l’armée vietnamienne. Face à cette situation, nous avons décidé de transporter les munitions par vélo et par traction humaine. Le général Giap a décidé d’emprunter le territoire laotien pour le transport motorisé, permettant ainsi à la piste Ho Chi Minh d’êre transformée en route pour les automobiles. Sur certains tronçons, les camions roulaient sous le couvert des arbres, sans être démasqués, du coup, par l’aviation ennemie. »
En 1975, l’ordre d’avancer rapidement, comme l’éclair, et audacieusement, a été lancé par le général Vo Nguyên Giap. La victoire était alors à portée de fusil. Il s’agissait d’en finir, de libérer le Sud et de réunifier enfin le pays. Le général Phan Khac Hy, ancien chef-adjoint du commandement de l’opération Truong Son : « Le général Vo Nguyên Giap a lancé l’ordre d’aller de l’avant, d’avancer coûte que coûte pour prendre l’ennemi de vitesse. Il a recommandé d’employer les forces du génie et les jeunes volontaires pour ouvrir différentes pistes à travers la jungle. C’est ce qui a permis aux forces armées d’avancer en plus grand nombre. »
Brillant stratège s’il en est, Vo Nguyên Giap avait en lui une part d’humanité qui fait aussi partie de sa légende. Devant la patrie et le peuple, il avait promis de remporter la victoire tout en limitant au maximum les pertes humaines. Le colonel Vũ Tang Bồng, ancien responsable de la discipline « histoire de la résistance anti-française » à l’institut d’histoire militaire du Vietnam : « La présence du commandant et à fortiori celle du plus haut commandant qu’était le général Vo Nguyên Giap avait le don de galvaniser les troupes. Il était capable d’aller à la rencontre de chaque soldat pour lui donner des instructions concrètes. »
Même adulé comme étant l’un des plus grands stratèges de son époque, le général Vo Nguyên Giap se considérait comme une goutte d’eau dans l’océan. Pour lui, tout découlait de la direction lucide et éclairée du Parti Communiste Vietnamien et du Président Ho Chi Minh. « Le plus grand général du Vietnam est le peuple Vietnamien », avait-il l’habitude de dire.
La vie du général Vo Nguyên Giap reste indéfectiblement liée à la lutte pour l’indépendance au 20e siècle. Mais ses exploits et sa personnalité exceptionnelle font de lui une figure de légende...