(VOVworld) - Croyez-le ou non, Zeus, le dieu des dieux, est récemment redescendu dans ce bas monde ! Eh oui ! C’était à l’occasion de la Fête de la Francophonie. Il parlait français, d’ailleurs, mais aussi vietnamien. Et tant qu’à redescendre de son piédestal, il s’est bien amusé. Hoa Ha a tenté de le suivre.
Photos : Facebook Celine Hoa Tuy Lip
Plus un siège libre, dans l’amphithéâtre de l’Université de Hanoi où les étudiants de l’atelier de théâtre du Département de français jouent « Amphitrychou ». On gambade, on applaudit, on se tord de rire.
Avec ses adultères à répétition, Zeus reste une source d’inspiration intarissable, pour Paul Emond, le Belge francophone qui a écrit « Amphitrychou ». Le roi des dieux tombe amoureux cette fois-ci d’Alcmène, la femme du général Amphitryon. Pour arriver à la séduire, il prend l’apparence de son mari. Et Alcmène tombe dans le piège : elle passe une nuit d’amour avec Zeus, en pensant que c’est son « Amphitrychou ».
Naturellement, lorsque’Amphitryon revient, les problèmes surgissent en cascade. Delphine Bougard, de la Compagnie de la Sonnette, qui a mis en scène le spectacle :
« Dans l’original, il y a quatre personnages qui racontent l’histoire d’Amphitryon. Ici j’ai vraiment donné des rôles. L’adaptation, c’est pour rendre le texte beaucoup plus dynamique, et théâtral. J’ai ajouté des danses, aussi… L’écriture de Paul Emond est très belle, mais c’est un conte et là, il faut que ce soit du théâtre. »
Tous les comédiens sont donc des membres de l’atelier de théâtre du Département de français, un atelier animé depuis quatre ans par Céline Mariage, de Wallonie-Bruxelles International. Leur prestation, en plus de séduire les spectateurs, ravit leurs formatrices.
« Ils avaient été déjà bien formés dans l’atelier de théâtre de Céline Mariage, remarque Delphine Bougard, alors je suis arrivée, ils savaient un peu jouer, quand même. Et ils ont beaucoup progressé ! En très peu de temps, ils ont appris à danser, à savoir se tenir sur une scène. Je suis très fière de leur travail. J’ai monté déjà cette pièce en République de Macédoine, avec aussi des étudiants en langue française. Je l’ai monté également en Croatie, et maintenant au Vietnam.
« On a une super bonne promotion, confie Céline Mariage. Ce sont presque tous des étudiants en première année. Ils sont très dynamiques et ont envie de bouger, de danser. Ils sont ouverts à ce genre d’activité. On a commencé en septembre. Pendant les premiers mois c’était vraiment le travail sur le corps, sur la voix, sur l’improvisation, sur l’espace… et puis on a eu la chance d’avoir madame Bougard de Bruxelles, de la Compagnie de la Sonnette, qui a animé des stages. Et là, on a lancé la mise en scène. La mise en scène, c’est vraiment huit jours, huit jours hyper intensifs. »
Les éclats de rire sont incessants. Il faut dire aussi que pas mal d’expressions vietnamiennes ont été introduites dans le spectacle. Duy Duc, qui joue le rôle de Zeus :
«Au début nous n’avions pas l’intention d’introduire des paroles en vietnamien. Mais Céline et Delphine nous ont beaucoup encouragés à le faire. Nous avons ainsi inventé nous-mêmes des paroles en vietnamien qui sont drôles et actuelles. Au début, ça a été difficile, en répétition. Les paroles en français, on les prononçait à voix haute, mais les paroles en vietnamien, par contre… Et puis petit à petit, les choses ont commencé à se mettre en place. A mon avis, les parties en vietnamien sont très importantes, notamment pour ceux qui n’arrivent pas à tout suivre en français. Il faut savoir en plus qu’on commet quand même pas mal de fautes de prononciation. »
Dans « Amphitrychou », ce sont les filles qui jouent des rôles d’hommes et inversement. L’amante de Zeus, la belle Alcmène, est donc interprétée par Tien Hung, un étudiant.
« C’est la première fois que je joue du théâtre. C’est un peu difficile, au niveau de la langue parce que mon français n’est pas très bon. Pour le reste, pas de problème ! J’aime beaucoup jouer. Quand je suis sur scène, je me sens frais et dispos ! »
« J’avais déjà participé à l’atelier théâtre il y a 4 ans, et je trouve que les spectacles sont de plus en plus captivants. La bande-son est vraiment très réussie. On est gâté, aujourd’hui ! »
« Pour moi, le moment le plus intéressant, c’était peut-être quand la femme du général fait son apparition et qu’on s’aperçoit que le rôle est tenu par un garçon. Il m’a beaucoup impressionnée, d’ailleurs. Et puis c’était totalement imprévu ! »
« C’est difficile pour moi de choisir un moment préféré, parce qu’il en a plusieurs. Chaque scène m’apporte une émotion différente. En général, je trouve la pièce très originale, très intéressante, très drôle... »
Parmi les personnes venues partager ce moment délicieux, la Déléguée Wallonie-Bruxelles au Vietnam, Anne Lange :
« Les artistes - car je les appelle vraiment des artistes - sont vraiment très doués, très prometteurs. Ils jouent merveilleusement bien. Un atelier- théâtre de ce type permet aux jeunes de se mettre en valeur à l’issue d’une préparation de plusieurs mois et de monter sur scène en présentant un spectacle qui contient beaucoup d’humour. Je trouve que c’est très bénéfique, très profitable pour tout le monde, pour eux, et pour nous, parce que nous avons passé un excellent moment. Les danses, les costumes, tout était très beau. La chorégraphie était bien faite. Ils ont également parlé deux langues. C’est une mixité culturelle qui m’a vraiment beaucoup plu, parce qu’ils ont intégré beaucoup d’expressions vietnamiennes dans ce spectacle, et c’était donc un spectacle tout à fait mixte, et très réussi. »
« Amphitrychou » n’est pas du tout une simple histoire d’amour un peu vaudevillesque. Il s’agit vraiment des couples, de leurs joies, de leurs malheurs… Entre Zeus et Amphitryon, Alcmène a fait son choix. Lequel ? Vous pourrez le découvrir dans deux mois, lors du Festival de théâtre Printemps des Arts du spectacle de Hanoi.