(VOVWORLD) - Passionné de calligraphie depuis son plus jeune âge, Dô Nhât Thinh s’est assigné une mission: donner un coup de jeune à cet art traditionnel et le rendre du même coup plus accessible à la jeune génération.
Dô Nhât Thinh |
Aujourd’hui âgé de 23 ans, Thinh a tâté ses premiers pinceaux à 9 ans. Il s’est petit à petit imposé comme l’une des figures de proue de la calligraphie, au point de se voir décerner le titre de «Jeune calligraphe de l'ère 4.0», un titre qui résume aussi bien ce qu’il est que ce qu’il aspire à devenir…
Un long chemin…
C’est quand il était encore sur les bancs de l’école primaire que Dô Nhât Thinh a eu la révélation de la calligraphie. Pas banal! À cet âge, les petits garçons auraient plutôt tendance à préférer taper dans un ballon ou s’adonner à des jeux bruyants et tapageurs… Eh bien non. Lui, le natif de Danang, préférait contempler des idéogrammes…
«La calligraphie est un art. Elle prend appui sur deux éléments qui me sont chers: les lettres et l'esthétique. La calligraphie utilise des caractères, des idéogrammes… Ce ne sont pas des lettres ordinaires: ce sont des signes, qui ont une charge symbolique, et qui ont presque une valeur de talisman, pour celles et ceux à qui ils sont adressés», nous dit-il.
Dô Nhât Thinh (centre) dans un événement universitaire. |
Pour mesurer tout le chemin parcouru par Dô Nhât Thinh, il faut bien comprendre qu’il a d’abord été autodidacte, et qu’il a dû faire avec les moyens du bord. Mais c’est souvent à cela que l’on reconnaît les caractères bien trempés, et Dô Nhât Thinh, lui, est du genre à ne rien lâcher, à faire de la patience - et de la patience, il en a pour dix - une arme absolue.
«Pratiquer seul, c’est déjà difficile, mais quand en plus, on manque d’outils… J’ai dû parfois fabriquer mes propres calames à partir de tubes de bambou, et mon encre à partir d'orties broyées mélangées à de l'eau», se souvient Dô Nhât Thinh.
Finalement diplômé en design graphique de l'Université des Beaux-Arts de Hô Chi Minh-ville, Dô Nhât Thinh a fini par réaliser son vieux rêve: devenir calligraphe professionnel. Rien d’étonnant à cela: ses camarades de l’université l’appelait déjà «le calligraphe». Il y a des gens, comme ça, qui se fixent un cap, et qui n’en dévient pas, quoi qu’il puisse advenir
… et une mission
Pour Dô Nhât Thinh, être calligraphe ne consiste pas seulement à exécuter des commandes. Pour lui, la calligraphie est un sacerdoce et s’il en en quelques sortes le gardien d’une tradition, il veut aussi la transmettre. C’est en tout cas la mission dont il se sent investi.
Passeur, donc, mais aussi continuateur… Quitte à faire pâlir d’indignation quelques vieilles barbiches, Dô Nhât Thinh n’hésite pas à exploiter des matériaux inédits, du type papier de soie, carton, bois, tissu, pierre, verre… Il n’hésite pas non plus à se mettre en scène et à faire de ses calligraphies de véritables performances, à grands renforts de sons et de lumières…
Et puis quoi? C’est l’ère du 4.0, après tout! Des écrans LED et des plateformes pour faire de la calligraphie «online»? Et pourquoi pas? Quand on s’appelle Dô Nhat Thinh, en tout cas, rien n’est impossible, et autant voir grand…
«Actuellement, je travaille sur un projet qui s’appelle WAVI, et qui consiste à exécuter de petites calligraphies sur des objets du type porte-clés, cartes de vœux, enveloppes rouges», nous a-t-il confié.
WAVI, un projet de Nhât Thinh dont le but est de promouvoir la calligraphie comme un cadeau souvenir. |
Et puis que l’on aille surtout imaginer que les calligraphies de Nhat Thinh sont d’aimables chinoiseries à l’ancienne. S’il doit utiliser des langues étrangères telles que l’anglais ou le français pour conquérir un public plus large, notre jeune homme n’hésite pas une seconde à franchir le pas. Et tant pis pour celles et ceux qui ont du mal à admettre qu’un calligraphe puisse être autre chose qu’un vieillard barbichu, fripé, sentencieux et pétri de morale…
Avec Dô Nhat Thinh, la calligraphie vietnamienne tient son jeune cadre dynamique: la relève est assurée!