Les Cham fêtent le Katé au septième mois du calendrier cham, soit le mois d’octobre du calendrier grégorien. Durant cette période-là, le riz est encore trop jeune pour être récolté. Mais quelle est la signification exacte de cette fête, la plus importante pour les Chams ? Selon Lam Tan Binh, le directeur du centre d’exposition de la culture cham de province de Binh Thuan, il est beaucoup question de piété filiale.
"La culture cham fait grand cas du rôle du père, dans la famille. Bien que pauvres, les Chams organisent le Katé en l’honneur des pères, défunts, de ceux qui ont consacré leurs vies aux bien-être de leur lignée.C’est d’autant plus remarquables que les Chams ont des traditions matrilinéaires et qu’après le mariage, un homme vient vivre dans la famille de son épouse, et s’occupe de cette famille jusqu’à sa mort." dit Lam Tan Binh.
Dans le village cham de Huu Duc, 13 heures, très exactement avant le début de la fête, les patriarches et les notables des villages chams et raglais rapportent les tenues des saints entreposées dans le village montagneux de Phuoc Ha.
"Les Chams ont un idiome: Cham saai, Raglai aday, c’est-à-dire Cham-grand-frère, Raglai-petit frère. Les coutumes chams veulent que le dernier-né de la famille pratique le culte des ancêtres. C’est pourquoi les Raglais gardent toutes les tenues des saints et rois chams et les sortent seulement pour les fêtes."
Au deuxième jour de la fête, les tenues des saints sont déposées dans la tour Po Klong Girai, province de Ninh Thuan. Le chaman, s’habille en blanc et conduit les patriarches et les notables vers les anciennes tours chams. Les tenues des saints sont mises sur les chaises à porteur. Les filles chams portent des vêtements traditionnels et dansent avec des éventails au son des gongs Ma la.
Une fois les rites terminés, viennent les festivités. Les jeunes chams se lancent dans les compétitions sportives, musicales et chorégraphiques. Les jeunes filles montrent leur habileté à porter des jarres d’eau, ou à tisser… tandis que les jeunes hommes rivalisent dans les matchs de foot.
"Le Katé est une fête riche sur le plan de la culture immatérielle. On peut citer entre autre les danses, les compétitions de tissage de brocatelles, de port de jarres d’eau, les concours de déclamation poétique, avec des ariyas qui apprennent aux jeunes générations des vertus humains, par exemples des ariyas qui soulignent le rôle des professeurs, des ariyas qui parlent des vertus des femmes..." nous fait savoir Che Quoc Minh, un Cham du hameau de Lac Tri.
Les réjouissances durent jusqu’à minuit. Les Chams reviennent ensuite chez eux pour préparer le culte des ancêtres. "Les offrandes consistent en des gâteaux, des bananes, des soupes sucrées, du riz gluant et du nongya (gâteau au gingembre). La famille convie d’abord les rois, puis les ancêtres au repas. Les femmes de la famille doivent s’assessoir à côté de l’autel durant la cérémonie", dit le brahmane Bich Van Nhuan, du hameau de Lac Tri:
Tous les membres d’une famille cham doivent être présents durant le Katé. Outre une fête en l’honneur des Dieux, le Katé est une occasion de retrouvailles familiales que tous les Chams respectent et préservent.