Photo: Red Bull Psicobloc
Le soleil monte haut en mai. Pas de corde ni de matériel, juste les mains nues, une tête froide et un coeur vaillant, Caroline est suspendue à une falaise verticale, à une trentaine de mètres au dessus-du niveau de la mer. Au dessous d’elle... la mer bleue de la baie de Lan Ha...
"Caroline, saute!"
"1,2,3!"
"Très bien, c’est un beau saut!"
Caroline et ses amis pratiquent le Deep Water Soloing, le psicobloc donc, qui est une forme d’escalade en solo consistant à grimper au-dessus de la mer sans autre sécurité que l'eau qui est en dessous. Introduit au Vietnam il y à peine dix ans, ce sport est rapidement devenu célèbre pour les sensations fortes qu'il procure. Pour le pratiquer, il vous faut simplement de bonnes chaussures, un maillot de bain, des harnais de sécurité et surtout une bonne dose de témérité! Cela étant, qu'on ne s'y méprenne pas, ce n'est pas une affaire de casse-cou: il y a des techniques qui nécessitent un apprentissage des plus rigoureux. Et ce n'est certainement pas Pablo Yang, 15 ans de psicobloc à son actif, qui nous prétendra le contraire.
"C’est extraordinaire, de grimper sur une falaise avec rien d’autres que vos mains nues. Vous vous sentez libre plutôt qu’effrayé. Surtout quand vous êtes en baie de Lan Ha, où vous êtes entourés d’un paysage à couper le souffle! Il y a aussi quelque chose de génial, mais qu'on ne peut trouver qu'à Cat Ba, c’est les falaises calcaires! Les parois offrent beaucoup de prises, et ça, c'est quand même bien! Moi, ce que j'aime dans le psicobloc, c'est que c'est une affire de ténacité, mais aussi de stratégie, d'une certaine manière. Et puis il y a la beauté du geste! Certains grimpeurs ressembleraient presque à des danseurs!"
Le sang afflue au niveau des bras et des jambes des grimpeurs. Leurs muscles gonflent et tremblent, leurs veines sortent. Malgré la fatigue, ils restent cramponnés sur la falaise rugueuse. C'est bien simple: plus c'est difficile, plus ils sont émoustillés!
"Essayez une fois! Vous verrez, vous allez vite devenir accro! Et puis, ce qu'il y a de bien avec le psicobloc, c'est que ça ne demande pas d'investissements trop lourds! Il suffit de 1 à 2 millions de dongs, soit environ 80$, pour acheter les équipements. Les frais de déplacement de Hanoi à Cat Ba, les frais de location de bateau et la nourriture, ça c'est environ un million de dongs. Et c'est tout! Après ça, c'est le simple plaisir du sport!"
Photo: Pinterest
La peur est la première sensation ressentie par Phuong Chi, une jeune Hanoienne qui s'essaie au psicobloc. Mais elle n'a pas l'intention de se laisser faire, loin de là.
"Je veux essayer de nouvelles chosse, me lancer dans de nouveaux défis. En regardant grimper les professionels, j’ai l’impression qu’ils s’envolent. Je veux vivre la même expérience. C’est une épreuve pour ma volonté et ma détermination. Et puis ce n’est pas parce-que c’est un sport extrême qu’il n'est pas pour les femmes! L’important, c’est de faire quelque chose qui soit conforme à ses capacités physiques, c'est tout!"
Alors, question: faut-il avoir un petit grain de folie pour pratiquer le psicobloc? Non, si l'on en croit Pablo Yang. La folie, non, mais une envie de se dépasser, ça oui!