Le Wallon qui raconte Shakespeare

(VOVworld) - Derrière l’apparence d’un sympathique bonhomme, se cachent un professeur de littérature, un super héros, un Italien romantique… et William Shakespeare. C’est ce qui ressort de « Richard, le polichineur d’écritoire », pièce de la délégation de Wallonie-Bruxelles, qui vient d’être jouée lors du 4ème festival international de marionnettes à Hanoi. Dans la peau d’un professeur de littérature pas du tout comme les autres, le comédien et marionnettiste Stéphane Georis s’empare de Hamlet et de Roméo et Juliette, amenant ces célèbres personnages dans des zones de drôlerie et de délire qu’ils n’ont pas l’habitude de fréquenter.

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Photos : Délégation Wallonie-Bruxelles Au Vietnam

Les enfants prennent d’assaut la salle du théâtre des marionnettes. Ce sont eux les plus curieux, les plus avides de visiter un monde imaginaire à travers des histoires racontées en mouvements. Mais peuvent-ils rentrer satisfaits au bout d’une une demie-heure, avec un sujet qu’ils ignorent, une manière de raconter qui leur est étrange, et une langue qui ne l’est pas moins ?

« On voulait faire un professeur de littérature qui raconte l’œuvre de William Shakespeare. On a commencé par choisir des textes de Shakespeare qui sont tous très intéressants, qui parlent de l’homme, de l’universalité, de la joie, de l’amour, de la peine, de la guerre… Donc on a choisi trois pièces de Shakespeare : Hamlet, qui pose une question essentielle « To be or not to be ? », pourquoi est-ce qu’on existe, pourquoi est-ce qu’on est sur terre ; et puis Roméo et Juliette, qui répondent « c’est pour l’amour qu’on est sur terre » ; et Richard III, il répond : « non non on est sur terre pour tuer tout le monde et prendre le pouvoir ». Mauvaise réponse. La véritable clé de la vie, c’est l’amour. »

Nous venons d’entendre Stéphane Georis, le comédien de ce spectacle solo, qui joue donc le rôle de Richard, un professeur de littérature qui revisite les histoires de Shakespeare. Richard raconte à sa manière cette fois-ci deux tragédies : Hamlet et Roméo et Juliette. Ou plutôt, il essaie. Avec l’aide de sa veste, de ses chaussettes, d’une cafetière, d’une page de livre… de tous les objets autour de lui.

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Les personnages apparaissent tour à tour. D’abord c’est Richard, le personnage principal, avec sur sa tête une couronne en carton. Richard est un peu clownesque, un peu distrait, un peu comme un enfant qui aurait grandi trop vite. Son pantalon est trop court, il ne comprend pas très bien et a du mal à exprimer les choses. On pourrait se dire qu’il cherche un peu sa maman pendant le spectacle.

Après pour raconter Shakespeare, il commence par jouer Shakespeare. William Shakespeare ne parle qu’anglais et parle de tout…

Stéphane Georis se transforme alors en Ricky, un personnage qui va raconter Hamlet. C’est un super-héros qui essaie de répondre à la question « Etre ou ne pas être ? ». Et il répond tout le temps « ne pas être » pour tout ce qu’il fait.

Roméo et Juliette est raconté par Ricardo, un Italien qui finit toujours par tomber amoureux d’une spectatrice du premier rang. Une petite perturbation intéressante et burlesque.

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« C’est intéressant pour moi. C’est comme une pièce de théâtre, plutôt qu’une pièce de marionnette. Il y a un homme qui joue tous les rôles et il a réussi à faire rire tout le monde. »

« C’est comme un nouveau monde. Cet écrivain raconte des histoires très drôles et anime toute la salle. C’est l’histoire de Roméo et Juliette que je retiens le plus, même si je ne connais pas encore l’oeucvre. »  

Les enfants, qui sont les spectateurs les plus exigeants, ont ri aux éclats face aux mimiques farfelues et parfois atroces du comédien. Quid des adultes ?

« Pour les marionnettes sur eau, on est attiré par les images, les mouvements de la marionnette, tandis qu’avec ce type de marionnette, on s’amuse aussi en écoutant les paroles de l’acteur. L’artiste doit donc être doué d’une très grande sensibilité pour ne pas ennuyer le public. Personellement, je me suis beaucoup amusée. Sa définition de la littérature est unique : mettre tout dans un hachoir à viande, et voilà ! »

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Stéphane, avec une douce ironie, a su jongler avec les différents âges de son public. En témoignent, les rires qui n’ont cessé de fuser, du début à la fin. Le Wallon amuse, repousse les limites, choque gentiment, mais sans jamais devenir vulgaire.

« Ça c’est en répétition. C’est le travail avec le metteur en scène et dans ce cas-ci, c’est Francy Bégasse. Chaque fois qu’on improvise des choses, c’est elle la première spectatrice, et me dit, ça, les enfants ne comprendront pas, ou bien ça, le adultes vont s’ennuyer. Donc il faut, en permanence, en répétition, inventer des choses qui vont permettre aux enfants de s’amuser de toutes les images. Et pour les adultes, eux, d’un autre côté : la profondeur, le sens de la vie, le sens du message. C’est deux niveaux, et la meilleure manière de faire, c’est d’avoir en permanence un regard extérieur. Et la première fois qu’on joue le spectacle, c’est un vrai test. On essaie de jouer devant un public qui mélange tout le monde, et de poser des questions après : qui a compris quoi, avec qui ça marche, qui s’ennuie… Et voilà avec l’expérience, maintenant celui-ci je l’ai joué 300 fois un peu dans tous les pays du monde, donc ça marche, maintenant je sais ! »

Le spectacle se termine en beauté avec un message essentiel, celui de Shakespeare : la vie ne vaut la peine que si on est aimé et si on aime quelqu’un. Mais Stéphane Georis voulait dire plus en nous invitant à ouvrir nos imaginations, nos imaginaires, et à nous amuser. « La vie est vraiment belle. La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. », conclut-il.

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