(VOVWORLD) - "Passer au Sud": Tel est le titre d'un court essai de Jean-Pierre Ouster, publié en français en 2010 après 16 années de vie et de travail au Vietnam. Ce livre repose sur un postulat original et audacieux: un pays, en l'occurrence le Vietnam, peut être comparé à sa circulation routière. Ni guide touristique, ni récit de voyage, ni essai académique, ni fiction, cet ouvrage insaisissable est véritablement tout à la fois... Récemment, ce livre a été traduit en vietnamien par la Délégation générale Wallonie-Bruxelles au Vietnam, en partenariat avec la Compagnie vietnamienne de promotion de la coopération culturelle et de communication Sao Bac-Média, sous le titre "Du hành về Nam".
L'auteur Jean-Pierre Ouster (au milieu) et Nguyên Tri Dung, directeur de Sao Bac-Media (droite). Photo: Thuy Linh |
Comment un étranger perçoit la vie dans une contrée inconnue, à travers des yeux empreints de l'étrangeté? La réponse à cette question se trouve précisément au cœur de ce livre. Jean-Pierre Ouster y narre sa découverte progressive de la culture vietnamienne, à travers les petites merveilles du quotidien, les moments de stupéfaction, les instants d'incompréhension, et toutes les interrogations qui se sont imposées à lui à propos du Vietnam, et par extension, sur sa propre identité, au fil de son parcours...
"Le livre a fait un choix audacieux, pourrait-on même dire, car à mon arrivée, je ne comprenais absolument rien, découvrant ainsi entièrement le pays... Ma première impression fut la circulation au Vietnam, radicalement différente de celle en Europe de l'Ouest. Cette circulation m'a tellement marqué que j'ai entrepris de la décrire, pensant qu'elle reflétait peut-être l'ensemble de la culture vietnamienne. Ainsi, la circulation est devenue le fil conducteur de mon livre. J'ai vécu au Vietnam de cette manière, et même maintenant que je réside en Belgique, je reste imprégné par le Vietnam," a confié Jean-Pierre Ouster.
Revenons au titre vietnamien du livre. Nguyên Tri Dung, directeur de Sao Bac-Media, nous offre quelques éclaircissements à ce sujet.
"Pourquoi ‘về Nam’? En vietnamien, le mot «về» est défini comme l’action de se déplacer vers un lieu familier, suscitant ainsi un sentiment attractif. On le retrouve souvent dans des expressions telles que ‘về quê’ (je rentre à mon village natal) ou ‘về nhà’ (je rentre à la maison). Quant au mot ‘ Nam’, il signifie non seulement le Sud, une direction, mais surtout le Vietnam. Ayant vécu au Vietnam depuis longtemps, l’auteur considère le Vietnam comme son pays d’adoption, faisant de ‘về Nam’ le retour vers son deuxième pays natal. Personnellement, j'apprécie cette expression et tiens à remercier la traductrice pour son travail. J’ai ajouté ’Du hành’ au titre du livre, car ‘du hành’ signifie voyager, mais c'est aussi un style littéraire basé sur des vers qui expriment les émotions du poète. Je pense que ‘Passer au Sud’ est presque un poème d’émotions et de découvertes. Au-delà d'un simple voyage au sens littéral, il s’agit également d'un voyage culturel et émotionnel en perpétuel mouvement," a-t-il souligné.
Photo: Thuy Linh |
De son côté, la traductrice Thi Hoa, qui s'est plongée dans le livre pendant plusieurs mois, apprécie grandement les valeurs qu'il renferme.
«Outre un style narratif charmant et humoristique, le livre recèle également de nombreux messages cachés que je vous encourage à découvrir, notamment des conseils sur l'acceptation des différences et sur la manière de vivre lentement pour savourer pleinement notre existence», a-t-elle souligné.
Les lecteurs vietnamiens expriment un enthousiasme débordant à l'égard de la publication de cet ouvrage mettant l'accent sur la circulation «à la vietnamienne», qui s'avère à la fois familière et étrangère.
«Je n'ai pas encore terminé la lecture de ce livre, mais je suis vraiment impressionnée par la façon dont l'auteur décrit la circulation vietnamienne. En tant que Vietnamienne, je ne m'attendais pas à des découvertes aussi délicates et empreintes d'émotions que celles de l'auteur», partage une lectrice.
«Je suis confrontée à la circulation vietnamienne tous les jours, mais je n'aurais jamais imaginé que l'auteur puisse offrir des comparaisons aussi intéressantes par rapport à cet aspect de la vie au Vietnam», ajoute une autre.
Publié par la Maison d'édition générale de la ville d'Hô Chi Minh, "Du hành về Nam" s'étend sur 182 pages et est disponible au prix de 170.000 dongs. Alors, pourquoi ne pas envisager de porter un regard étranger sur la vie vietnamienne?