(VOVWORLD) - Dans le calendrier grégorien, 2021 marque la fin de la deuxième décennie du deuxième millénaire. Quant à la ville de Hanoi, elle a 1011 ans. L'occasion pour le groupe Dông Kinh Cô Nhac (musique traditionnelle de la capitale de l’est, en français) et le Hanoi new music ensemble d'organiser un concert pour rendre hommage à la ville de Thang Long (ancien nom de la ville de Hanoi) et aux chants traditionnel du pays. C'était à l'Institut français de Hanoi, le 8 janvier 2021.
L'artiste populaire Thanh Hoài (2e à gauche) (Photo: Dang Duong)
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Dès que l'artiste populaire Thanh Hoài donne de la voix, l'auditorium de l'Institut français de Hanoi en devient muet... Les plus de 150 spectateurs qui sont présents, vietnamiens et étrangers, sont transportés par la mélodie, une mélodie à la fois moderne et traditionnelle, à l’image de ce concert.
«Il faut faire attention à chaque parole, à chaque note... Cette pièce-là, on l’a répétée plusieurs fois pour que les spectateurs puissent vraiment bien la comprendre… J’espère vraiment qu’après des soirées comme celle-là, les gens parleront autour d’eux et que petit à petit, l’intérêt pour cette musique que j’aime tant ira croissant», nous confie Thanh Hoài.
Les tambours, la bombarde de la musique de cour, le monocorde...(Photo: Dang Duong)
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Portant sur le thème de Thang Long, le concert, intitulé «1011-2021» est comme une sorte de grand festin de musique traditionnelle. On y trouve du Ca trù (une forme de poésie chantée), du Tuông (une forme de théâtre classique), du Hat xâm (une forme de musique folklorique interprétée autrefois par des malvoyants), du Chèo (un genre théâtral populaire)... Mais attention, les œuvres présentées le sont dans un ordre bien précis, comme nous l’explique Dàm Quang Minh, le fondateur du groupe Dông Kinh Cô Nhac.
«Ces deux dates, 1011 et 2021, sont non seulement des repères historiques, mais aussi l’expression d’une certaine continuité sur le plan culturel. Il y a tous ces instruments: les tambours, la bombarde de la musique de cour, le monocorde, les gongs… Et avec tous ces instruments, on peut revivre tout un pan de notre histoire musicale. On a, du reste, conçu le programme en allant du plus ancien au plus récent, mais en restant dans une grande homogénéité. On sent bien, en écoutant toutes ces pièces, qu’elle appartiennent à une même culture, et c’est ça qu’on a voulu montrer», nous dit-il.
Photo: Dang Duong |
Mais ce concert n’est pas un concert de musique traditionnelle au sens strict du terme… Car un «intrus» s’est glissé dans le programme, en la personne de l’instrument roi de la musique occidentale: le violon. Il accompagne une pièce d'opéra suivi directement d'une berceuse traditionnelle. Un enchaînement inédit, qui comble les attentes du public, à en juger par la réaction de Tuong Vi, une jeune fille venue de Phu Quôc.
«C’est la première fois que j’entend une chose pareille… Pour quelqu'un qui vient du Sud, comme moi, toutes ces musiques là sont évidemment très nouvelles. Mais je dois dire qu’avec cette pièce d'opéra, j’ai vraiment vécu quelque chose d’assez incroyable… Je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse faire ça. Et pourtant, ce mariage Orient-Occident, eh bien ça marche, tout simplement!», s’enthousiasme-t-elle.
Photo: Dang Duong |
Un orchestre composé de cymbales, de tambours et de violes accompagne des acteurs et des actrices qui se donnent la réplique en chantant et en faisant des mouvements de danse strictement codifiés. Le public semble conquis. Les plus âgés ont l’impression de revivre cette période si bien traduite par le dicton «les sons de tambour du chèo font accélérer le pas du spectateur au ventre vide»... Quant aux jeunes, ils peuvent désormais se figurer l’ambiance festive des villages de la littérature ancienne.
«J'avais entendu parler de ces chants traditionnels grâce à ma grand-mère et à ma mère. Mais c'est la première fois que j'en entends en concert. Et c'est vraiment quelque chose! Je travaille un peu dans la musique moderne et je pense avoir trouvé ce qui me manque pour compléter mon bagage», nous dit Pham Vu Minh Châu, un étudiant.
Photo: Dang Duong |
Pour François Bibonne, un jeune français, cette soirée aura été particulièrement enrichissante.
«Je suis déjà familier avec la musique traditionnelle vietnamienne, j'ai déjà assisté à beaucoup de concerts. Mais effectivement il y a un coté aventure, découverte des sons et c'est aussi une manière de voir le pays qui est différente: intéressante et originale», nous explique-t-il.
Dông Kinh Cô Nhac s’est donné pour mission d'encourager les jeunes à découvrir la musique traditionnelle du pays. Habituellement, le groupe se produit le week-end à partir de 19h au 50 rue Dào Duy Tu, dans l’arrondissement de Hoàn Kiêm, en plein cœur de Hanoï. Assurément, ça vaut le détour!...