(VOVworld)-Jane Fonda, la célèbre actrice américaine, était présente à Hanoi quand la ville était bombardée par les Américains, de même, d’ailleurs, que Joan Baez, la chanteuse. Le 14 mai, le vieil abri où elles se terraient toutes les deux a été ouvert au public près d’un an après sa découverte en plein coeur de l’hôtel Sofitel Legend Metropole de Hanoi. Thi Loan a rencontré certains témoins qui ont accepté de lui confier quelques souvenirs.
Joan Baez a realisé un enregistrement de 22 minutes sur la guerre au Vietnam dont certains extraits ont été faits dans ce fameux abri de ce qui était l’hôtel de la réunification à cette époque, c’est à dire en décembre 1972, au plus fort des bombardements américains. Mais Joan Baez n’est pas la seule hôte de prestige à avoir trouvé refuge dans cet abri entre 1962 et 1972. C’est aussi le cas de Jane Fonda, l’actrice américaine qui s’est illustrée par son opposition à la guerre américaine au Vietnam et qui est venue dans le pays 2 fois, en 1971 et en 1972. Cao Xuan Nha, qui travaillait au ministère des Affaires Etrangères à cette époque, se rappelle avoir été chargé d’accompagner Jane Fonda lors de ses séjours à Hanoi. « C’est moi qui a accompagné Jane Fonda lors de sa visite à Nam Sach ou sur les champs de bataille. A l’hôtel, quand les hélicoptères américains sont arrivés, je l’ai enjoint de descendre aux abris. Elle m’a suivi, mais très calmement.Une fois dans l’abri, elle m’a dit qu’elle était déterminée à faire quelque chose pour protester contre les bombardements américains qui visaient des quartiers civils ou des crèches. Elle a même organisé une conférence de presse pour protester contre la guerre américaine au Vietnam. Jane Fonda était très courageuse. Les bombardements suivants, elle a refusé de descendre dans l’abri » a-il-confié.
Oublié pendant 40 ans, ce vieil abri a été redécouvert en août 2011 lors de la rénovation du bar Bamboo de l’hôtel Sofitel Legend Métropole. Son directeur général, Kai Speth a fait savoir : « Nous savions que notre hôtel cachait un abri souterrain quelque part dans le jardin, entre la piscine et le bar. Mais personne n’était parvenu à le localiser précisément. Après avoir fait un trou large d’un mètre carré dans la dalle de béton épaisse de près de 300 mm, les ouvriers ont trouvé cet abri souterrain inondé. Pour pouvoir descendre dans l’abri, on a dû faire évacuer l’eau et la boue pendant une semaine jusqu’à ce que le niveau de l’eau ne soit plus que de 20 cm. Ensuite, les ouvriers ont pu descendre par une échelle pour trouver un abri de 40 m², haut de 2 mètres, se trouvant à deux mètres sous terre ».
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Germma Cruz Areneta, reine de beauté et journaliste phillippine qui était à Hanoi avec son mari en mai 1968 pour voir de ses propres yeux comment se passait vraiment la guerre américaine au Vietnam. Germma Cruz Areneta a trouvé refuge dans cet abri. Elle se souvient : « Vers 2 heures et demie de l’après-midi, nous avons entendu la sirène d’alerte. Le personnel de l’hôtel est venu nous demander de descendre dans l’abri. “Suivez nous, par ici, s’il vous plaît!” disaient ils. Il y avait des Russes, des Chinois et des Américains. Tout le monde est ressorti sain et sauf. »
Malgré l’inondation, l’abri ne semble pas avoir été trop dégradé. Les murs en béton sont restés assez solides. Les allées tortueuses de l’abri étaient larges à peine d’un mètre et aménagées en zigzag. L’abri possédait cinq petites pièces. On y a trouvé deux vieilles bouteilles de vin, l’une vide et l’autre contenant du pétrole lampant à un tiers de son volume. Quelques ampoules électriques au plafond, des conduites d’eau, un système de ventilation et surtout des écritures et des traces peintes sur les murs parmi lesquelles on peut lire le nom de Bob Devereaux et la date du 17 août 1975. Bob Devereaux est un ancien diplomate australien, qui était en poste à Hanoi à l’époque. Il est venu pour la réouverture de l’abri.
« Franchement, je ne me souviens plus pour quelle raison j’ai écris mon nom là dessus. Mais c’est vrai mon nom. Cet abri est presque intact. Il n’y a pas de grands changements. Autrefois, il y avait beaucoup d’eau. A cette époque là, je devais marcher toujours dans l’eau or l’abri est presque sec maintenant. Je suis très surpris de voir mon nom exister encore sur ce mur » a-il-confié.
Les responsables de l’hôtel n’ont toujours pas décidé ce qu’ils allaient faire de l’abri. Mais le directeur général Kai Speth a affirmé qu’il le transformerait probablement en un petit musée avec des photos de l’ancien Hanoi ou sur Hanoi pendant les années de guerre par exemple, pour que les employés et les clients puissent mieux comprendre la vie des Vietnamiens à cette époque troublée./.