(VOVWORLD) -Dans la vie quotidienne et spirituelle des Thai, le Piêu occupe une place bien particulière.
En plus de protéger les femmes du soleil, du vent et du froid, ce foulard leur est une parure de beauté inégalée.
Lorsqu’elles vont au champ ou dans la forêt, les femmes Thai se couvrent les cheveux avec un Piêu, ce qui leur évite d’avoir des cheveux arrachés lorsqu’elles se déplacent entre les arbres.
Multicolore, le Piêu souligne le charme des Thai dans leur tenue traditionnelle serrée.
Ce foulard est fait de coton tissé qui a été teint avec des feuilles d’indigotier à plusieurs reprises. Le format moyen est de 40cm X 150 cm. Les deux extrémités sont brodées.
Les fils servant à la broderie sont en soie naturelle de couleurs vertes, rouges, violettes, jaunes…
Le losange est le motif de décoration le plus récurrent, les Thai lui attribuant les vertus de la chance et de la pérennité.
Selon la tradition, les Thai confectionnent elles-mêmes leur Piêu. Lorsqu’une Thai se marie, elle doit offrir de 20 à 30 Piêu à la famille de son mari qui jugera ainsi de sa dextérité.
La broderie finie, les Thai bordent les extrémités du Piêu d’un morceau de tissu vert ou rouge. Certaines y ajoutent de minuscules cônes de tissu rouge avec au bout un petit disque recouvert de fils multicolores représentant des feuilles de fougère.
Les Thai noirs et les Thai blancs ont des Piêu différents. Les premiers se contentent de Piêu simplistes et sans cônes avec souvent des croix obliques. Le motif décoratif visible au milieu de la photo représente le “ta leo”, un talisman censé protéger l’âme de la porteuse du Piêu.
Lors de chaque cérémonie funéraire, les Thai présentent en offrandes de 4 à 8 Piêu. À la mort de l’un des deux conjoints, le Piêu est coupé en deux, l’une des moitiés servant à couvrir le visage de la personne décédée. L’autre personne gardera la moitié restante jusqu’à la fin de ses jours et au moment de son décès, on utilisera cette moitié pour couvrir son visage. Comme ça, le couple pourra se retrouver dans l’autre monde.
Le Piêu est un objet indispensable aux fêtes villageoises. Les garçons expriment leur amour en tentant d’arracher le Piêu aux filles qui leurs plaisent.
Autrefois, lors des fêtes printanières, lorsqu’une fille lançait sa balle d’étoffe, celui qui l’attrapait devait lui rendre une ou deux paires de bracelets en argent. En revanche, lorsqu’une fille ne pouvait pas attraper la balle que lui avait lancée un garçon, elle devait lui offrir un Piêu. Au cas où le garçon ne lui plaisait pas, elle pouvait revenir, plus tard, vers lui, pour récupérer son Piêu en lui apportant un objet de substitution.
Modernisation oblige, les vêtements traditionnels sont moins souvent portés qu’avant, mais le Piêu reste un objet incontournable dans la vie spirituelle des Thai.