(VOVWORLD) - L’Opéra-Ballet National du Vietnam a choisi de frapper fort en se mettant à l’heure espagnole, avec trois représentations de Carmen, le célébrissime opéra de Bizet, dans une version quelque peu revisitée, mais toujours haute en couleur… Le spectacle a été présenté trois nuits d’affilée, du 14 au 16 mars à l’Opéra de Hanoï.
Des artistes en scène. Photo: Comité d'organisation |
Carmen est donc l’une des œuvres phares du répertoire lyrique français du XIXe siècle, l’une de celles qui a valu à son auteur, Georges Bizet, de passer à tout jamais à la postérité.
L’histoire, inspirée d’une nouvelle de Prosper Mérimée, se déroule en Espagne, à Séville. C’est celle d’une belle et troublante gitane, Carmen, qui entraîne dans sa chute son amant jaloux, Don José, le tout sur fond de folklore andalou et de corrida…
Pour l’Opéra-Ballet National du Vietnam, il s’agissait d’offrir au public un regard neuf sur une œuvre archi-connue et archi-célébrée: une véritable gageure, mais qui n’aura visiblement pas fait peur à Phan Manh Duc, le directeur du théâtre.
«Présenter un opéra classique n’est pas une mince affaire. Il faut vraiment faire attention à ce qu’on choisit. L’idéal, c’est une œuvre suffisamment riche, aussi bien sur le plan musical que sur le plan théâtral, mais que le public peut facilement s’approprier… Alors Carmen, effectivement, répond bien à tous ces critères. Ce n’est pas la première fois, d’ailleurs, que cet opéra-là est donné à Hanoï, mais cette fois, on a voulu faire une grande production aux standards internationaux», nous a-t-il expliqué.
L’Opéra-Ballet National du Vietnam a donc voulu mettre les petits plats dans les grands en s’offrant une distribution de haut vol, dominée par la présence de Leung Siu Kwan (plus connue sous le nom de Cindy), à la mise en scène.
Leung Siu Kwan n’est pas une inconnue des amateurs d’arts lyriques puisqu’elle exerce en général ses talents à l’opéra de Hong-Kong. Carmen, elle l’a déjà mis en scène dans 8 pays différents. Autant dire que c’est une oeuvre qui n’a plus beaucoup de secrets pour elle. Elle a néanmoins voulu en offrir une version plus moderne, quitte à bousculer certains codes…
«C’est vraiment l’un des meilleurs opéras au monde… Mais c’est aussi une œuvre que tout le monde connaît, alors j’ai voulu apporter une touche de modernisme. J’ai donc décidé de resituer l’action à notre époque, avec donc de décors et des costumes d’aujourd’hui, mais également quelques éléments de de tap-dance et de k-pop !... Ça va être rafraîchissant!», nous a-t-elle dit.
La distribution incluait des artistes chevronnés tels que Huy Duc, Huong Diêp, Anh Vu et Dào Tô Loan, mais aussi de jeunes talents prometteurs tels que Lan Nhung, Truong Linh et Duc Hiêu. Chaque artiste a apporté sa propre personnalité et son charisme, contribuant ainsi à créer une œuvre de qualité et remplie d'émotions.
C’est Anh Vu, qui a hérité du rôle de Don José…
«C’est la deuxième fois que j’interprète Don José. C’est un homme paradoxal, qui a tout à la fois la rigidité du militaire et la fougue de l’amant passionné», nous a-t-il dit.
Huy Duc, lui, a campé un Escamillo de grande classe… .
«Escamillo est comme un matador, une figure très élégante et très charismatique: une superstar!», nous a-t-il confié.
Tô Loan, qui est l'une des figures de proue de la scène lyrique vietnamienne, était Micaela…
«Il y a trois mots pour parler de Micaela: innocence, souffrance et tradition», nous a-t-elle indiqué.
Carmen est toujours une étape marquante dans la carrière d’un artiste lyrique. Pour Huong Diêp, qui tenait le rôle-titre, ces trois représentations auront bien évidemment été un très grand moment…
«C'est la deuxième fois que je tiens le rôle de Carmen. Avec le temps, j'ai gagné en maturité et en assurance, je crois», a-t-elle partagé.
Orchestre symphonique. Photo: sovhtt.hanoi.gov.vn |
C’est bien sûr l’orchestre de l’Opéra-Ballet National du Vietnam qui a été mis à contribution, sous la direction de Dông Quang Vinh.
Avec cette nouvelle adaptation de Carmen, l’Opéra-Ballet National du Vietnam aura démontré avec brio que le grand répertoire pouvait être accessible au grand public, pour peu que l’on ait une approche un tant soit peu audacieuse.