(VOVworld)- Direction le lac de l’Ouest, la plus grande pièce d’eau de Hanoï. Le chemin qui l’entoure est aussi le plus romantique de la ville. Tous les matins, et depuis quelques années déjà, on y voit défiler un convoi de vélos anciens. Au milieu des véhicules motorisés bruyants, ces engins avancent doucement au son de leurs sonnettes. Les coureurs sont tous membres du «club des anciens vélos hanoiens d’hier et d’aujourd’hui».

Le vélo est la grande passion de ces coureurs. Pour eux, c’est un sujet intarissable de conversation. Fondé en 2007, le «club des anciens vélos hanoiens d’hier et d’aujourd’hui» compte 70 membres, tous férus de vélos anciens. Les premiers se sont rencontrés au bord du lac de l’Ouest, vraisemblablement par hasard. C’est l’amour du vélo ancien qui les a réunis et qui les a amenés à créer ce club. Nguyễn Viết Bảo, l’un des membres fondateurs nous explique:

«Autrefois, ces vélos étaient de véritables trésors que seuls les riches ou ceux qui avaient eu la chance d’aller à l’étranger pouvaient s’offrir. Nous sommes tous passionnés par ces vélos anciens, c’est pourquoi nous avons créé ce club. Nous collectionnons des pièces pour assembler nous-mêmes nos vélos. Le club nous permet d’apprendre les uns des autres et d’échanger nos pièces trouvées. Chaque matin, je me lève à 5h pour préparer mon vélo et gonfler les pneus si nécessaire. A 5h30, je sors de chez moi, je rejoins les autres et ensemble, nous faisons le tour du lac de l’Ouest.»

Le Van Mui, un autre membre du club, partage son loisir:

«C’est ma passion de participer à ce «club des anciens vélos hanoiens d’hier et d’aujourd’hui». Quand j’étais plus jeune, il y avait beaucoup de vélos à Hanoï, il y avait aussi des tramways avec leur son de cloche amusant. Désireux de revivre cette période, j’ai acheté un vélo et participé à ce club. De plus, c’est un sport réconfortant et rafraîchissant, surtout quand on fait un tour matinal du lac de l’Ouest.»

La passion, oui, mais il faut aussi de la patience. Trouver un vélo encore neuf et en bon état n’est pas chose facile. Souvent, les membres du club doivent chiner chaque détail, un cadre, une selle, une sonnette, un couple de jantes ou de pneus...

Il n’est pas rare non plus de voir un passionné dépenser une dizaine de millions de dongs, soit environ 300 euros, pour un ancien vélo dont il ne pourra récupérer qu’un petit détail. Nguyễn Viết Bảo précise:

«Les vélos fabriqués autrefois peuvent être très endurants, à condition que l’on sache bien les entretenir. Quand il faut changer de pièces, nous devons parfois acheter 3-4 vélos pour avoir suffisamment de pièces nécessaires à l’assemblage d’un seul bon vélo. En tout cas, il faut chérir le vélo pour qu’il résiste aux affres du temps.»

Peugeot, Mercier, Aviac, Marila, Sterling... ces grandes marques de vélo ne sont pas sans rappeler aux Hanoiens les souvenirs du temps du rationnement, où un vélo équivalait à toute une maison et où quelquefois, pour avoir son vélo, on devait attendre très longtemps. Nguyễn Thành Công, l’un des membres du club, explique:

«Je raffole des vélos depuis que je suis tout petit. A l’époque, les Peugeot coûtaient extrêmement cher, très peu de gens pouvaient en avoir. Durant les années de rationnement, beaucoup rêvaient d’avoir un vélo pour transporter les vivres. Mais on n’avait pas le droit d’acheter l’ensemble, il fallait tirer au sort pour obtenir le droit d’acheter chaque pneu, chaque bille, chaque moyeu et chaque rayon.» 

Cette période de privation est reléguée au rang des souvenirs. Aujourd’hui, on peut s’acheter un vélo juste pour le plaisir, comme ces membres du club des anciens vélos, des gens nostalgiques qui apportent un charme particulier à la rue hanoienne, en nous invitant à prendre du temps pour mieux apprécier la vie./.