(VOVworld)-Le musée d’ethnographie du Vietnam vient d’inaugurer une nouvelle salle d’exposition et de sortir un film documentaire intitulé “Le gong des 9X”, réalisé en collaboration avec VTV5, la chaîne en dialectes ethniques de la télévision nationale. “Le gong des 9X”… Le titre à de quoi surprendre : il fait en fait référence à un groupe de jeunes sonneurs de gongs du village de Kon Tum Ko Pang - près de Kon Tum -,  nés dans les années 1990.    

Transportons-nous donc à Kon Tum Ko Pang, et essayons d’imaginer ces sons graves et profonds, caractéristiques des gongs de l’ethnie Banar, joués par des jeunes du village. Celui qui semble être le meneur du groupe en est aussi l’aîné: il a 16 ans. Les autres ont entre 12 et 14 ans, à peu près. Que de jeunes adolescents, donc, qui consacrent leur temps libre à la danse Xoang et aux gongs: deux traditions solidement ancrées dans leur ethnie, qu’ils entendent bien perpétuer.   

Revenons un peu sur terre, ce n’est tout de même à Kon Tum Ko Pang que nous sommes, mais bel et bien à Hanoi, au musée d’ethnographie. Mais il faut reconnaître que telle qu’elle est conçue, cette nouvelle salle d’exposition encourage l’évasion. On y trouve en fait plein d’objets collectés par les jeunes sonneurs de gong du village de Kon Tum Ko Pang: des hottes, des gongs bien sûr, des vêtements traditionnels… Il y a même une maison reconstituée… Avec tout ça, difficile de ne pas se  croire chez les Banars !

Les objets qui sont exposés ici sont ceux qui sont utilisés pour le travail de la terre, nous explique Nguyen Phuong Thao, la conservatrice du musée d’ethnographie. Mais il y a aussi des photos prises par les jeunes du village qui nous montrent des scènes de la vie quotidienne: le tresssage des hottes, le tissage des étoffes, les travaux des champs… Les jeunes ont aussi écrit de petites histoires qui accompagnent chacun des objets et qui sont rassemblées dans un livre qui est proposé aux visiteurs.  

La parole est donnée aux jeunes, donc! Et c’est vrai aussi du film documentaire de 30 minutes qui complète cette salle d’exposition, et dans lequel on peut entendre ces jeunes Banars nous confier leurs sentiments et leurs aspirations.

Ce film documentaire aborde 5 sujets, nous indique Nguyen Dieu Huyen, de VTV5. Mais comme le titre le suggère, il parle surtout de la passion qu’éprouvent ces jeunes pour les gongs, avec en contrepoint, des scènes de leur vie quotidienne. Ce qui est bien, ce qu’il y a un aspect très naturel et très spontané. Les jeunes ont vraiment été à l’aise pour s’exprimer, et ça, c’est formidable!  

Ces jeunes sonneurs de gong vivent bien souvent des situations difficiles. Ils sont orphelins, pour un certain nombre d’entre eux. Mais pour autant, l’espoir continue de briller dans leurs yeux. Il n’est que de voir ces scènes de baignade ou de travaux champètres, des scènes pleines de gaieté et de joie de vivre, pour comprendre qu’au fond, ce sont des gosses comme tous les autres, avec la part d’insousiance que cela suppose.   

Grâce à leur pratique assidue de la danse Xoan et des gongs, ces jeunes contribuent bien évidemment à préserver et à faire vivre tout un pan de la culture communautaire des Banars. Et c’est là ce qui fait tout leur mérite, aux yeux de Nguyen Dieu Huyen.   

Ces jeunes nous montrent qu’en dépit de leurs conditions de vie souvent précaires, ils restent attachés à leurs racines, nous fait-elle remarquer. Beaucoup d’autres jeunes seraient tentés de délaisser ce qu’ils considèreraient un peu hâtivement comme des vieilleries, mais eux, non! Et ça qui est porteur d’espoir, en termes de préservation culturelle.   

A noter que cette exposition et ce film documentaire ont été réalisés dans le cadre d’un projet financé par la fondation Ford, projet qui consistait à donner la parole aux membres des diverses communautés ethniques du Vietnam pour mieux comprendre leurs aspirations. Si l’on s’en tient à ces jeunes du village de Kon Tum Ko Pang, on pourrait résumer leur message en un  seul mot : espoir...