(VOVworld) - C’est dans la province de Dien Bien que nous nous rendons, aujourd’hui, et plus précisément à Muong Phang, au village de Ten, pour aller à la découverte du groupe folklorique qu’y ont constitué les Kho Mu grâce au fonds d’assistance aux cultures régionales et aux ethnies de l’ambassade du Danemark au Vietnam. Depuis qu’il existe, ce groupe égaye la vie souvent rude des montagnards du nord-ouest.
Les femmes Kho Mu et la danse Viêng ver guông
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Nous sommes en pleine séance de répétition : un véritable événement pour ces villageois qui ont bien trop de distraction pour en négliger aucune. Tous les 2 mois, les membres du groupe folklorique se réunissent ainsi pour répéter ensemble, mais aussi pour enseigner leur savoir-faire aux plus jeunes.
Il n’y a pas si longtemps, ce n’était que lorsqu’arrivaient les festivités que l’on ressortait les chants et les danses traditionnels. Mais comme nous le faisait observer Quàng Văn Mướn, le secrétaire du Comité du Parti du village de Ten, à cette fréquence, l’identité culturelle des Kho Mu aurait vite disparu. Fort heureusement, les patriarches du village ont pris le problème à bras le corps et dès l’an 2000, ils ont réussi à mettre en place un groupe folklorique : "A l’époque, le groupe comptait une vingtaine de personnes. Maintenant, il n’y en a plus que 16 : ce sont les fidèles parmi les fidèles, ceux sur qui on peut compter, quoiqu’il arrive !"
Quàng Văn Mướn se souvient qu’au début, avec les patriarches, il s’est rendu auprès de chaque foyer du village pour inciter les jeunes à faire partie du groupe. Le principe d’action était simple : ceux qui savaient chanter des airs ou jouer de tel ou tel instrument devaient y initier les autres. Même chose pour ce qui est de la fabrication des instruments. Maintenant, le scénario est bien rodé, et plusieurs personnes sont capables d’enseigner le chant, la musique ou la danse. Lương Thị Vinh sait jouer plusieurs sortes d’instruments à vent. En ce moment, elle est en train d’appprendre à des jeunes à jouer d’une sorte de guimbarde un peu rudimentaire, faite de feuilles d’arbres.
A première vue, ou plutôt à première écoute, on aurait volontiers tendance à se dire que c’est un instrument effectivement rudimentaire, d’un apprentissage facile, donc. Eh bien pas du tout ! Comme nous l’explique Lương Thị Vinh, c’est même carrément laborieux. En jouer, c’est une chose, mais enseigner à en jouer… Un véritable sacerdoce ! "Je sais jouer de plusieurs instruments. Ce sont mes grands-parents qui m’ont appris tout ça, et qui m’ont communiqué cette passion. Je joue partout, dès que le temps le permet, y compris lorsque je travaille aux champs. Alors bien sûr, je suis membre du groupe folklorique. Pour moi, il s’agit avant tout de transmettre un savoir-faire ancestral aux jeunes."
Lường Thị Nún a 35 ans. Elle excelle dans les danses traditionnelles, notamment dans une danse qu’on appelle ici “Viêng ver guông”. Comme Lương Thị Vinh, elle fait partie du groupe folklorique, au moins autant pour le plaisir de se produire que pour la nécessité de transmettre son savoir aux jeunes : "Ce groupe a été créé justement pour que les traditions culturelles de notre ethnie puissent se transmettre. Ce sont des airs folkloriques, de tradition orale, dont l’apprentissage ne peut se faire que par la pratique vivante. Il n’y a pas de méthode, chacun fait comme il l’entend."
Bon, faisons le point. Jusqu’à présent, nous avons eu une instrumentiste chevronnée, une danseuse qui ne l’est pas moins. Que nous manque-t-il? Ah oui, une chanteuse! Alors, après Lương Thị Vinh et Lường Thị Nún, voici Lường Thị Phưoợng, qui connaît mieux que quiconque les airs que les Kho Mu ont l’habitude de chanter en festoyant. Comme ses deux consoeurs, Phượng se sent une fibre pédagogique et se fait un devoir d’enseigner, histoire de transmettre, encore et toujours ! "Je chante depuis mon enfance. Ce sont des airs que mes parents m’ont appris. Je connais parfaitement les airs avec lesquels les jeunes gens s’échangent des confidences amoureuses, ceux qui accompagnent l’installation dans une nouvelle demeure, ceux que l’on entonne dans les festins du Nouvel An… Les paroles sont simples, mais empreintes de spiritualité. Il ne faut pas délaisser tout ça, c’est notre trésor commun !"
“Il ne faut pas délaisser tout ça, c’est notre trésor commun !”: Voilà, résumée en quelques mots, la mission que s’est assigné le groupe folklorique du village de Ten. Et manifestement, la mission a été remplie bien au-delà des espérances, tant et si bien que les traditions culturelles des Kho Mu ont encore de très beaux jours devant elles.