(VOVWORLD) - Tout comme le banh
chung, le banh dày est un gâteau de riz gluant, mais si le premier est carré,
le second est rond. Le banh dày fait en tout cas partie de ces spécialités
culinaires indispensables aux festivités vietnamiennes. Dans le village de Truc
Phê, qui se trouve en plein cœur de la province de Phu Tho, une fête lui est
même consacrée.
Photo: baophutho.vn
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Comme il se doit,
tout part d’une légende, d’une légende qui nous ramène en l’occurrence au troisième
siècle avant notre ère. A cette époque, vivaient à Truc Phê Hô Van Quang et Hô
Thi Ai, qui donnèrent naissance à une certaine Hô Thiên Huong. Intelligente et
brave, celle-ci n’allait pas tarder à se démarquer par son talent, au point de
devenir l’une des grandes figures de l’armée d’An Duong Vuong, qui régnait
alors sur l’Âu Lac. Un jour, alors que les insurgés de Dinh Cong Tuân étaient
aux prises avec l’envahisseur étranger, Hô Thiên Huong leur fit confectionner
par les habitants de Truc Phê des banh dày. Ces banh dày eurent-ils un effet
miraculeux? Difficile à dire, mais toujours est-il que les insurgés réussirent
finalement à briser l’encerclement dont ils étaient les victimes et à repousser
l’ennemi.
Des siècles plus
tard, le roi Lê ordonna aux habitants du village de Truc Phê d’ériger un temple
en l’honneur de Hô Thiên Huong. Et depuis, chaque septième jour du premier mois
lunaire, les villageois organisent une fête durant laquelle a lieu un concours
de confection de banh dày.
Pham Thi Toan participe
depuis de nombreuses années à ce fameux concours et à chaque fois, elle en
garde un souvenir impérissable. La confection d’un banh dày passe par trois
étapes: la cuisson du riz gluant, le pilonnage et le façonnage. Pour ce qui la
concerne, Pham Thi Toan est en charge de la cuisson.
«Il faut choisir du
riz gluant parfumé avec des grains bien réguliers», nous dit-elle. «Après l’avoir
lavé, il faut le mettre dans l’eau pendant environ deux heures, puis le cuire à
la vapeur. Et là, il faut bien faire attention au temps de cuisson. En général,
25 minutes suffisent. Il ne fait pas que ce soit trop cuit, sinon le gâteau est
pâteux et sa forme n’est pas belle.»
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Dès que le riz est
cuit, on le pilonne dans un mortier de bambou d’environ 1 mètre 20. Quant au
pilon, il est fait de bois solides et résistants. Long d’environ 1 mètre 50,
ses deux extrémités sont garnies de bambou. Il faut quatre personnes pour le
pilonnage: deux qui pilonnent, une qui relève la pâte pour qu’elle ne dépasse
pas du mortier et une qui la façonne en boule. Comme c’est dur de pilonner, ce
sont souvent des hommes en bonne santé qui s’en chargent. En principe, le pilon
doit toujours rester bien vertical, de façon à ce que la pâte ne colle pas. Plus
la pâte est bien pilonnée, plus le gâteau est résistant et plus il peut être
conservé longtemps.
«L’important, c’est
de pilonner en suivant un rythme bien régulier. On enduit le pilon avec de la
graisse de poulet pour que la pâte ne colle pas», nous raconte Dô Trung Kiên,
un habitant de Truc Phe.
C’est le pilonnage
qui est le moment le plus animé de la fête, avec des applaudissements
d’encouragement du public. Au bout d’une vingtaine de minutes, commence la
confection des banh dày, qui se fait très rapidement car une fois la pâte
refroidie, il sera beaucoup plus difficile de lui donner une forme.
«Après le
pilonnage, on façonne très rapidement le gâteau, puis on le fait refroidir. Un
banh dày standard doit avoir la forme d’un piédestal d’environ 4cm d’épaisseur,
avec des plis sur la surface», nous explique Nguyen Huy Hoang, un autre
habitant de Truc Phe.
Une fois fini, le
gâteau est déposé sur une feuille verte coupée en rond, un morceau de papier
rouge étant apposé sur sa surface. Autrefois, les différents hameaux
apportaient leurs gâteaux à la maison communale du village pour les faire
évaluer par le comité organisateur avant de les offrir aux génies. De nos
jours, le meilleur gâteau est présenté au temple dédié à Ho Thien Huong, ce qui
est bien la moindre des choses!....