(VOVworld) - Les affres de l’histoire ont fait que les M’Nong ne disposent actuellement que d’un prénom d’usage et d’un prénom secondaire destiné à distinguer les hommes des femmes : ils ne possèdent pas de patronymes et du coup, ignorent le plus souvent à quelle lignée ils appartiennent. Mais grâce à un projet mené par les autorités de la province de Dak Nong (Hauts plateaux du Centre), les choses sont en train de changer.
Photo: Bao Moi
H’Oanh vient de faire remplir près de deux cents questionnaires par des habitants de son village, lequel est situé dans le district de Cu Jut. Apparemment, elle a reçu un accueil enthousiaste.
«C’est très important d’avoir un nom, un nom de famille, je veux dire. Quand on sait à quelle lignée on appartient, on est sûr de ne pas faire de mariage consanguin. Et puis c’est plus facile de se reconnaître entre nous, si chacun a un nom et un prénom. Le bourg d’Ea Tling comptent un grand nombre de lignées, vous savez...» dit H'Oanh.
Eh oui ! Et d’ailleurs, à Ea Tling, plus de 300 personnes ont désormais un nom. Ce sont principalement des nouveaux-nés ou des enfants qui jusqu’à présent, portaient le nom de leur père ou de leur mère, ceux-ci étant issus d’une autre ethnie, et qui souhaitent porter maintenant un nom M’Nong. Selon Le Quang Ngoc, responsable juridique du bourg d’Ea Tling, ce projet répond à un besoin bien réel.
«Ceux qui viennent pour faire inscrire leur nom sont guidés par le personnel administratif. Aujourd’hui, les jeunes viennent tous à l’école. Ils accompagnent leurs parents illettrés pour les aider à remplir les formulaires. Ici, les noms sont inscrits selon les coutumes M’Nong, c’est-à-dire le prénom d’abord, puis le nom.» dit-il.
Cette campagne d’attribution de noms aux M’Nong a été lancée par les autorités de la province de Dak Nong en 2010. Selon un recensement partiel, plus de 1.000 membres de cette ethnie qui habitent dans la province ont maintenant un nom sur leurs papiers, la plupart d’entre eux étant des enfants nés récemment, ce qui peut se comprendre : il est tout de même difficile de changer d’identité.
«Nous n’avons pas encore de nom sur nos papiers. Mais il faut bien reconnaître que ça n’a rien d’évident, parce que ça suppose de tout changer, depuis le livret familial jusqu’aux diplômes.» dit Dieu Kre, un habitant du district de Dak Rlap.
Les M’Nong comptent environ 40 lignées, qui chacune porte un nom lié soit à un conte, soit à une légende, soit à un phénomène naturel ou à un nom de lieu, de cours d’eau...
«Le projet est né d’un besoin réel : permettre aux membres de cette ethnie de se souvenir de leur lignée et aux enfants d’aller à l’école avec une identité complète. Il facilite aussi la gestion de l’état civil. Compte tenu des premiers résultats, nous allons maintenant prendre contact avec le service de la justice de la province.» dit Ha Thi Hanh, chef de la commission des ethnies de la province de Dak Nong.
Le comité populaire de la province de Dak Nong mène de son côté un sondage sur ce travail qui contribue aussi à préserver la culture des M’Nong.