Quand le fil du passé tisse le futur des femmes Êđê

(VOVWORLD) - Vivant au cœur de la province de Dak Lak, les Êđê perpétuent un patrimoine culturel riche et diversifié à travers leurs fêtes, leur architecture mais aussi leur artisanat. Le tissage d’étoffes en brocart, en particulier, est une véritable fierté pour les minorités ethniques des hauts plateaux du Tây Nguyên.
Quand le fil du passé tisse le futur des femmes Êđê - ảnh 1Une maîtresse artisane transmet son savoir-faire en tissage du brocart aux membres du club. Photo: H'Xíu/VOV

Dans le village de Buôr, H’Lép Niê, artisane chevronnée s’il en est, s’affaire devant son métier à tisser. Sous ses doigts agiles, des motifs en losange, inspirés de modèles anciens et rares, prennent vie sur une couverture aux couleurs éclatantes. 

«Nous, les Êđê, avons une multitude de motifs: chevrons, lignes parallèles, branches d’arbres, arcs… J’en ai tissé beaucoup, mais je veux toujours en apprendre d’autres. Même à mon âge, je reste curieuse et avide de connaissances», confie-t-elle avec un sourire.

H’Lép Niê fait partie des participants à un atelier dédié à la transmission des techniques de tissage, dirigé par H’Bion Buôn Krông, une maîtresse artisane du village voisin de Cư Dluê. À plus de 60 ans, dont près de 50 passés à pratiquer le tissage, H’Bion se consacre aujourd'hui à transmettre son savoir à la jeune génération. 

«Mon seul souhait est de rester en bonne santé pour pouvoir enseigner aux jeunes comment tendre les fils, créer des motifs et manier le métier à tisser. Je veux qu’ils s’approprient cet héritage et le perpétuent», nous explique-t-elle, les yeux brillants de passion.

Cet atelier est l’une des initiatives du Club de tissage traditionnel Êđê du village de Drai Hling, créé en septembre 2023. Le club, qui compte près de 30 membres, s’emploie à préserver et à promouvoir l’art du brocart, menacé par la modernisation. Grâce au soutien des autorités locales, il bénéficie d’équipements modernes comme des métiers à tisser et des machines à coudre, facilitant ainsi la formation et la production. Les participants y apprennent les techniques de base, la création de motifs complexes et la confection de produits traditionnels. C’est une certaine H’Nga Byă qui en est la présidente du club…  

«Nous voulons que cet artisanat ne tombe pas dans l’oubli. Nous incitons les femmes à produire des vêtements, des sacs et des couvertures selon les techniques traditionnelles, afin de préserver ce savoir-faire»,  précise-t-elle. 

Grâce à cette initiative, les métiers à tisser ont retrouvé leur place sous les longues maisons sur pilotis des villages Êđê. Les couleurs vives des brocarts étincellent et le cliquetis rythmé des métiers résonne à nouveau, porteur d’espoir et de fierté.

Quand le fil du passé tisse le futur des femmes Êđê - ảnh 2La création du club a suscité l'enthousiasme de nombreuses femmes Êdê, désireuses d'apprendre, de préserver et de promouvoir le tissage d’étoffes en brocart. Photo: H'Xíu/VOV

Selon Tu Van Hoi, président du comité populaire de la commune de Hòa Xuân, ce club de tissage s’inscrit dans un projet du service de la Culture, des Sports et du Tourisme de Dak Lak, qui vise à préserver le patrimoine des minorités ethniques tout en le valorisant à travers le tourisme communautaire. 

«L’objectif est de valoriser notre patrimoine culturel et de le faire connaître à travers le tourisme. Le brocart Êđê est bien plus qu’un artisanat: c’est une partie de notre identité», affirme-t-il.

En ce début de printemps, les mains habiles des femmes Êđê tissent bien plus que des étoffes: elles tissent l’avenir d’une tradition millénaire, faite de couleurs et d’espoir.

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