Quang Ninh, où la musique ethnique est enseignée à l’école

(VOVWORLD) - Tien Yen est un district montagneux de la province septentrionale de Quang Ninh où sont proposées des classes spéciales dans lesquelles les enfants issus de minorités peuvent apprendre des chants traditionnels de leurs ethnies.     
Quang Ninh, où la musique ethnique est enseignée à l’école - ảnh 1 La maison commune de l’internat de Tien Yen se transforme en salle de musique - Photo VOV

Tous les samedis, la maison commune de l’internat de Tien Yen se transforme en salle de musique. Depuis 2012, le club d’arts traditionnels de minorités ethniques y réunit des élèves Dao, Tay et San Chi. Ils sont aujourd’hui une soixantaine à apprendre des chants en une langue ethnique, mais qui du coup n’est pas nécessairement la leur. Témoin Chiu Thi Chi, collégienne mais surtout Dao, qui adore le chant « then » des Tay.

« Au début, je ne voulais pas trop chanter en langues ethniques, nous dit-elle. Mais les copains qui viennent ici chantent tellement bien que je les ai suivis, et maintenant… j’adore ! »     

Ban The Huong, collégien lui aussi, joue du dan tinh, la cithare des Tay. Il se dit fier d’être « le musicien » de sa classe.

« C’est très sympa de faire des études ici ; on étudie en s’amusant, nous confie-t-il. Ça me donne l’occasion de découvrir les chants et les comptines populaires des différentes ethnies du pays. Moi, j’aimerais bien apprendre plusieurs instruments de musique… Mon rêve, c’est de devenir un artiste populaire. »

C’est en chantant en d’autres langues que la leur que tous ces élèves issus de différentes ethnies réussissent à se libérer de leur communautarisme, nous explique Pham Chung Thuong, responsable des activités extrascolaires de l’école. Pour eux, ce n’est finalement pas très difficile, en tout cas beaucoup moins que pour leurs enseignantes. Issues toutes de l’ethnie Kinh, l’ethnie majoritaire, celles-ci ne parlent pas de langue ethnique. Ainsi lorsque l’école fait venir des artistes pour donner des cours de chant et de musique aux enfants, les enseignantes, elles, se mettent aussi du côté des élèves. En plus d’apprendre en classe, elles prennent des notes pour mémoriser elles-mêmes mais aussi pour pouvoir ré-expliquer aux enfants. Pham Chung Thuong :

« Dans un cours de chant, on est pour eux comme des camarades de classe, nous dit Pham Chung Thuong. Au début, j’avais certaines appréhensions, mais en fait, les chansons sont tout à fait compréhensibles et on a appris à les aimer. Les cultures ethniques sont très intéressantes, très originales. Et puis, connaître une langue ethnique permet de mieux communiquer avec les enfants et de les accompagner dans la découverte de leur propre culture. »

Inspirées par la culture locale, les enseignantes de l’internat de Tien Yen ont elles-mêmes réussi à trouver des chorégraphies anciennes qu’elles ont légèrement modifiées pour que les enfants puissent les présenter lors de fêtes et concours divers. Mais le club d’arts traditionnels de Tien Yen ne se limite pas seulement au chant et à la danse. Il organise également des ateliers d’initiation à la brocatelle ou tout simplement des séances où les enfants apprennent à se vêtir à l’ancienne. Il faut les voir un lundi matin rassemblés dans la cour de l’école, ces élèves qui portent des habits colorés de leurs ethnies, des hauts indigos des Tay, des chapeaux rouges sophistiqués des Dao, des ceintures vertes des San Chi…

Une nouvelle année scolaire a commencé et le club d’arts traditionnels de l’internat accueille de nouveaux membres, qui apprendront à aimer, à préserver et à transmettre le patrimoine ancestral.

 

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