(VOVWORLD) - De vieilles marches, des murs moussus, des édifices coloniaux... Il se dégage une certaine nostalgie des peintures à l’huile et des dessins à pointe fine de Trân Nam Long, un jeune peintre en situation de handicap, qui en est à sa première exposition monographique, une exposition intitulée «Vieille ville».
Le jeune peintre Trần Nam Long. Photo : VOV |
Ce qui frappe de prime abord, lorsque l’on découvre les œuvres de Trân Nam Long, c’est une forme d’évidence: chaque trait de pinceau semble aussi juste que peut l’être une note de musique…
Né en 2005, Trân Nam Long souffre de multiples malformations. Sa mère Phùng Thi Hiêu, a bien évidemment été l’une des premières à s’en apercevoir…
«Quand Long a atteint l'âge d'apprendre à parler, il s’en est révélé incapable… On l’a emmené chez le médecin et le diagnostic a été sans appel: surdité! En plus de ça, il avait des pieds plats et des symptômes d’autisme et d’hyperactivité… », nous raconte-t-elle.
Il aura fallu trois interventions chirurgicales pour que Long puisse commencer à marcher à peu près normalement. Mais c’était un petit garçon timide, qui avait du mal à communiquer avec les autres. Ce n’est que par le dessin qu’il réussissait à exprimer ses émotions...
«Je me souviens qu’il dessinait tout le temps, même à l’hôpital, quand il était obligé de rester allongé tout le temps», se souvient sa mère.
Ce don pour le dessin s’est donc révélé très vite, au moins dans un cadre familial, mais ce n’est qu’à l’âge de 11 ans que la chance a commencé à sourire à Long, en prenant la forme d’un prix spécial décerné à l’occasion d’un concours de dessin pour adolescents. Le prix en question était assorti d’une bourse d’études offerte par le centre Art Tree et Long a pu alors commencer à suivre l’enseignement de Huu Chinh.
Aujourd’hui, Long a 18 ans et Trân Quang Binh, qui est architecte, est assez admiratif face à son travail...
«Je l'admire beaucoup même s’il n'a que 18 ans. Ses dessins à pointe fine sont vraiment excellents. C’est très beau, très émouvant… C’est vraiment un talent!», nous dit-il.
L'exposition «Vieille ville» de Trần Nam Long. Photo : VOV |
Long a rejoint Urban sketch of Hanoi, un groupe de peintres et d’architectes qui ont en commun une grande passion pour le vieux quartier de Hanoï. Certaines de ses œuvres figurent d’ailleurs dans le livre Impressions de Hanoi - Croquis de bâtiments français. D’autres ont été sélectionnées pour l'exposition «Bui Xuân Phai - Pour l'amour de Hanoi». Pour Trân Thi Thanh Thuy, le chef du groupe Urban sketch of Hanoi, Long est incontestablement une recrue de choix…
«Le réalisme s’épanouit dans les peintures de Long. Pour son âge, il a vraiment un niveau incomparable. Sa perception de l’espace et sa façon de décrire des émotions… C’est très subtil. Il y a un aspect impressionniste, là-dedans… J’ai aussi beaucoup d’admiration pour la mère de Long. Bien qu’elle travaille dur pour gagner de l’argent, elle réserve quelques heures par semaine pour accompagner son fils dans les rues de Hanoi. C’est elle qui explique à Long ce que les membres de notre groupe veulent lui enseigner en utilisant le langage des signes», nous explique-t-il.
Il est vrai que Long sait pouvoir compter sur l’amour et le soutien de sa mère. Mais il a également reçu des soutiens de nombreux enseignants, peintres et architectes. Trân Nam Long a aujourd’hui des centaines d’œuvres à son actif. Beaucoup d'entre elles ont été achetées par des collectionneurs ou par des gens qui l’aiment.
Lors de la pandémie, deux de ses œuvres ont été vendues aux enchères pour soutenir la lutte anti-Covid-19 au Vietnam. Une autre a été vendue aux enchères pour aider les habitants du Centre à construire des maisons résistantes aux inondations. En 2021, cinq œuvres ont été présentées à une exposition à Venise, en Italie... Mais Long voit plus loin encore: il rêve d'organiser un jour une exposition aux États-Unis.