(VOVworld) - Pour nombre de reporters de VOV5, voyager à l’étranger est une chose courante. Pendant la guerre, effectuer un voyage de travail à l’étranger sans contrepartie était un grand privilège, même si les salaires étaient médiocres. L’abnégation dont ont fait preuve les spécialistes de VOV5 envoyés au Cambodge dans les années 1980 est tout à leur honneur. De nos jours, la Voix du Vietnam intensifie ses échanges internationaux et ouvre des bureaux de représentation dans diverses capitales du monde: Bangkok, Pékin, Moscou, Paris, le Caire... Mais le salaire des reporters expatriés est tout à fait décent…
Plusieurs groupes de spécialistes de VOV5 ont été envoyés à l’étranger: en Union Soviétique, en Chine, à Cuba, au Laos et au Cambodge... à différents titres : collaborateurs ou reporters expatriés. Au Cambodge et au Laos, ils ont apporté une aide désintéresée.
C’est en 1979 que le Cambodge est sorti du génocide. Quant au Vietnam, qui était alors une économie subventionniste, il a dû se battre sur deux fronts : au Nord contre les Chinois et au Sud contre les Khmers rouges. Mais jamais il n’aurait manquait de répondre à l’appel à l’aide lancé par son voisin.
Les reporters de VOV5 au Cambodge (délégation K34) jouaient un rôle extrêmement important. Des responsables de la station des émissions en langues étrangères de la Voix du Vietnam ont été envoyés au Cambodge pour diriger la mission vietnamienne, à commencer par Nguyên Van Thu, puis Mai Thuc Long, Tô Hôi et enfin Hoàng Minh Phuong.
Mai Thuc Long, ancien directeur général adjoint de la Voix du Vietnam
Plusieurs reporters chevronnés de VOV5, Lê Van Diêm (section anglaise), Nguyên Dinh Tràng (section française), Nguyên Van Tiên (section laotienne), Lê Tiên (rédaction centrale) et autres, sont partis au Cambodge, les uns après les autres. Ils ont vécu des moments critiques et pénibles. La nuit, ils ne dormaient que d’un œil, redoutant à tout moment d’être attaqués par des polpotistes. Ils ne touchaient que 6 riels par mois : une allocation dérisoire qui leur permettait à peine de s’offrir un paquet de cigarettes thailandaises Samit. Plus tard, ça a été le tour d’une autre génération de spécialistes de VOV5 comme Vu Hai et Dô Van Loan de prendre le chemin du Cambodge. Ils ont vécu, eux aussi, des hauts et des bas au pays d’Angkor.
Durant toute une décennie, les spécialistes de VOV5 ont aidé les journalistes cambodgiens, qui n’avaient alors pas pleinement compris la notion de radio-diffusion et qui avaient un faible niveau en langues étrangères, à améliorer leur niveau journalistique et radiophonique, à comprendre la conjoncture politique, à former un contingent de journalistes capables de présenter des émissions en anglais, en français, en thaïlandais, en laotien et en vietnamien. Certains rédacteurs, avec l’aide des spécialistes vietnamiens, ont ensuite occupé des postes de responsabilité de la radio nationale du Cambodge. D’autres ont été affectés à des postes de responsabilité à la télévision, à l’agence d’information ou dans des journaux.
A leur retour au pays après la libération du Cambodge, certains Cambodgiens ayant travaillé à VOV5 avec leurs collègues vietnamiens, ont été affectés à des postes importants dans le système politique cambodgien. On peut citer, par exemple, le ministre de la Culture et de l’Information et le secrétaire du Parti du Peuple cambodgien à Phnom Penh, qui maintiennent des relations fidèles et étroites avec la délégation K34 et les reporters de VOV5. Impossible, pour eux, d’oublier tous ces moments de partage avec les spécialistes de VOV5. Impossible d’oublier tous ces moments de fraternité, vécus côte à côte, ces festivals de chants et de danses folkloriques, ces soirées au palais royal, ces piques-niques le long du Mékong, ces découvertes des temples d’Angkor Thom et d’Angkor Wat...
Le Premier ministre cambodgien Hunsen et des spécialistes vietnamiens à la radio-télévision du Cambodge en 1988
10 ans, c’est ce qu’il aura fallu aux reporters de VOV5 pour déployer toute l’étendue de leur énergie au Cambodge. Certains membres de la délégation K34 sont décédés: Nguyên Van Thu, Lê Van Diêm, Nguyên Dinh Tràng, Tô Hôi... Mais jusqu’à leur dernier souffle, ils avaient gardé un souvenir impérissable du pays d’Angkor. Ceux qui sont encore de ce monde conservent aussi dans leur mémoire toute une litanie de noms qui leur sont devenus familiers : le mémorial de l’Indépendance, Stung Mien Chay, le boulevard Monivong, le marché Olympic hat O Ru Xay... Autant de sites qui gardent de profondes empreintes de la délégation K34 au Cambodge. Mais ils n’oublient pas non plus leurs amis cambodgiens, compagnons de jours heureux ou moins heureux : Uniora, Kim Dinh, Sai Kim Sour, Vang Xieng Ly, Vang Xom Hen, Cham Xa Vut, Ton Giang et beaucoup d’autres encore…
Nguyên Duc Phu (ancien chef du service anglais du journal électronique de la Voix du Vietnam) n’oubliera jamais Tây Xam Bô. Quant à Dào Dinh Tuân, (ancien directeur de VOV5, aujourd’hui décédé) ou Pham Van Yên (ancien chef de la section cambodgienne), ils ont passé des soirées dansantes inoubliables avec Cham Thi et Xô Khani.
Le fait de vivre toutes ces années difficiles au Cambodge aura permis aux spécialistes de VOV5 de tisser de solides liens d’amitié. Plusieurs membres de la délégation K34 ont été affectés à des postes de responsabilité à la Voix du Vietnam: Mai Thuc Long, Dào Dinh Tuân, Dinh Thê Lôc, Hoàng Minh Nguyêt, Nguyên Quang Thep, Nguyên Van Khiêm... La plupart des spécialistes de VOV5 envoyés au Cambodge agissaient pourtant dans le désinteréssement le plus total, obéissant à l’appel du Parti et de l’Etat, mais aussi à celui du coeur et de la dignité humaine.
30 ans se sont écoulés depuis l’envoi des spécialistes de VOV5 au Cambodge. Aujourd’hui, le Vietnam, tout comme le Cambodge et ses habitants, a connu des évolutions, mais les contributions de la délégation K34 restent toujours vivantes.
L’auteur de cet article lui-même garde des souvenirs très marquants de sa mission au Camdodge, les souvenirs d’une amitié indéfectible, d’un attachement aussi fort que désintéressé entre les deux pays.