Émissions internationales de la VOV : plus fortes que les bombardements

(VOVworld) - Après la victoire contre les colonialistes français, la Voix du Vietnam a rassemblé ses forces,  pendant une dizaine d’années, de 1955 à 1964,  pour lutter, à sa manière, au côté du pays, contre la guerre menée par les forces de l’air des Etats-Unis. Durant toute cette période, les émissions internationales de la Voix du Vietnam ont été renforcées sur tous les plans.



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Les antennes de la station d'émetteurs Mễ Trì (photo : archives)



Compte tenu de l’augmentation de la fréquence de ses émissions, la direction de la Voix du Vietnam a décidé de créer une Rédaction d’information internationale. Ses bureaux se trouvaient à l’origine au 20 rue Tràng Tiền. Ils ont ensuite été transférés à Gami, derrière le bâtiment principal de la VOV au 58 rue Quán Sứ pour finalement se fixer au 45 de la rue Bà Triệu, Hà Nội, près du centre audio, au 39 de cette même rue. La rédaction nouvellement créée avait une double mission : présenter au monde l’édification du socialisme dans le Nord du pays et promouvoir la lutte pour la libération du Sud  afin de gagner le soutien de la communauté internationale.

Pour accomplir cette mission, les émissions internationales étaient diffusées en 12 langues : laotien, thaïlandais, khmer, indonésien, japonais, anglais, français, mandarin, cantonais, espagnol, russe et coréen.

Lê Quý, qui était le chef de la rédaction, participait à la réalisation des émissions en anglais et en français, Cao Xuân Tùng, le chef adjoint, assurait celles en laotien, en thaïlandais et en japonais. Le  personnel de toutes les émissions a été renforcé par l’arrivée de très bons speakers et traducteurs : Trịnh Thị Ngọ et Hãng (émission en anglais) ; Nguyễn Văn Thu (alias Thu le barbu), Phạm Thị Thi, Nguyễn Vân Chung, (émission en français) ; Phấn et Bích (émission en mandarin) ; Quyên et An, (émission en cantonais), Nguyễn Sáu, Tâm, Ánh (émission en thaïlandais) ; Quế, Xuân, Thọ, Hảo (émission en laotien), Bạch Vân, Tuyết (émission en japonais) ; Ưu (émission en coréen), Vương Thịnh, Quyết Tâm (émission en russe) et enfin Lệ Hằng (émission en espagnol). Soulignons aussi que durant cette période, les stagiaires laotiens et cambodgiens envoyés par leur pays participaient aussi à  la réalisation des émissions en laotien et en khmer. Plus tard, ces stagiaires sont devenus responsables des radios de leur pays respectif, voire même des membres du gouvernement.  

La plupart des émissions était réalisée avec des natifs. Jean Tarago, capitaine du corps expéditionnaire français, qui s’était rendu au rang de l’armée vietnamienne, a travaillé pour l’émission en français avant de s’intaller à Berlin avec sa famille et de revenir en France où il  est décédé. Georges Boudarel, professeur à Saigon, a aussi collaboré à l’émission en français avant de rentrer en France et devenir professeur à la Sorbonne, à Paris. L’émission en anglais avait plusieurs correcteurs néo-zélandais et australiens. Quelques Indonésiens travaillaient comme traducteurs et speakers pour l’émission en indonésien alors que l’émission en japonais recevait de l’aide des membres du Parti communiste japonais ou des journalistes de Denpa News. L’émission en thaïlandais avait un collaborateur très spécial, un Thaïlandais dont le nom vietnamien était Nguyễn Sáu et qui avait collaboré avec la VOV depuis le début de la résistance contre les colonialistes français. Des Vietnamiens  revenus du  Laos, de Thaïlande et de Chine avaient aussi intégré les émissions internationales de la Voix du Vietnam. Les émissions en russe et en espagnol étaient épaulées par le personnel des ambassades ou des spécialistes étrangers.


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Techniciens de la VOV (photo: achives)



Le centre audio et les émetteurs de la Voix du Vietnam étaient très bien équipés. A la fin de 1954, après le transfert à Hanoi du siège de la VOV du maquis de Việt Bắc,  l’ancienne station d’émetteurs de Cống Vọng (Bạch Mai) qui datait de l’époque coloniale a été rétablie et dotée de trois nouveaux émetteurs, l’un à 1 kW pour les ondes courtes et deux à 1,8 kW pour les ondes moyennes. Deux émetteurs de 7,5 kW ont été offerts par la Chine et installés à la fin de 1955. En 1955-1956, l’URSS a offert deux émetteurs, l’un de 150 kW, destiné à la diffusion des émissions sur le territoire vietnamien sur les ondes moyennes et l’autre de 15 kW pour les émissions vers le Sud et vers l’étranger sur les ondes courtes. Ces deux émetteurs étaient installés à la station de Mễ Trì, à 8 km à l’est du centre-ville de Hanoi. Les émissions sur les ondes moyennes étaient diffusées sur la fréquence 1010 kHz et étaient destinées aux régions. La fréquence 1010 khz a été choisie par le département technique de radiodiffusion en mémoire de deux événements importants de l’histoire vietnamienne : 1010, année où le roi Lý Thái Tổ a fait transférer la capitale à Thăng Long (Hanoi de nos jours) et le 10 octobre (10-10), journée de la libération de la capitale en 1954.

Inaugurée en septembre 1958, Mễ Trì est devenu la deuxième station d’émetteurs de la VOV, l’autre étant située à Bạch Mai. Trois personnes ont particulièrement contribué à la construction de la station de Mễ Trì. Il s’agit de Nguyễn Cung, Hoàng Xước (ingénieur formé en France) et Lê Hồng Giang (département du Plan et des Finances de la VOV à l’époque).

De 1964 à 1972, grâce à Bạch Mai, Mễ Trì et aux autres stations d’émetteurs de prévention, la VOV était capable de diffuser 30 heures d’émissions quotidiennes sur 20 fréquences destinées au pays et à l’étranger, notamment vers l’Europe, l’Afrique, mais aussi l’Asie dont le Japon.

Après une dizaine d’années de préparation (de 1955 à 1964), la Voix du Vietnam, ensemble avec le Nord, a entamé la lutte contre la guerre menée par l’armée de l’air américaine. Rappelons qu’à l’époque, en raison de lourdes défaites enregistrées sur les fronts au Sud, Washington avait ordonné aux forces aériennes et navales de frapper dans le Nord du Vietnam. Au début de 1964, les Américains n’osaient pas encore bombarder Hanoi, se contentant des objectifs situés dans le Centre, près du 17e parallèle.

Mais au début de 1965, les objectifs des bombardements américains se sont élargis vers les provinces plus proches de Hanoi telles que Hà Tĩnh, Thanh Hóa et Quảng Ninh... Face à cette situation, le Comité central du Parti communiste vietnamien et le gouvernement ont compris que les Etats-Unis allaient élargir leurs frappes vers Hải Phòng et Hà Nội. La Voix du Vietnam était déterminée à émettre dans toutes les circonstances. Grâce à la détermination et à la volonté sans faille des équipes, la Voix du Vietnam a émis durant toutes les années de résistance contre les impérialistes américains et même pendant le blocage des ports et les bombardements contre Hanoi. La seule et unique interruption est survenue le 19 décembre 1972 pendant près de 9 minutes lors des bombardements contre la station d’émetteurs de Mễ Trì et seule la fréquence des ondes moyennes de 297 m avait été affectée.

Pour répondre à la demande des auditeurs nationaux et internationaux qui souhaitaient recevoir la Voix du Vietnam dans de meilleures conditions, il fallait avoir des émetteurs plus puissants. Or, de tels émetteurs ne pouvaient pas être installés en ville. Le gouvernement vietnamien a donc demandé à l’URSS de construire une nouvelle station d’émetteurs à Sơn Tây, à 60 km du centre-ville de Hanoi. Avec deux émetteurs de 500 kW et deux autres de 100 kW, la station a été inaugurée en 1980, baptisé VN1, sous entendu la station d’émetteurs la plus puissante du Vietnam.

Parmi les émissions en anglais de l’époque, une était destinée aux GI (soldats américains) au Sud du Vietnam. Selon l’armée et la presse américaine de l’époque, l’émission était particulièrement prisée des soldats américains car elle leur rappelait leur pays, leur famille et leur montrait le caractère féroce et absurde de cette guerre. Les soldats américains estimaient que les informations de l’émission en anglais de la Voix du Vietnam étaient objectives et exactes.

Compte tenu du succès de l’émission destinée aux GI et pour atteindre plus directement les Américains, notamment ceux dont les proches combattaient au Vietnam, la Voix du Vietnam a décidé de diffuser cette émission directement vers les Etats-Unis depuis Cuba. Fidel Castro, le président cubain à l’époque, qui avait salué cette initiative, avait demandé à la radio de La Havane d’aider la VOV. Une équipe de rédacteurs des émissions en anglais et en espagnol de la VOV s’est donc rendue à La Havane pour préparer cette  émission avec le personnel cubain.

Au début, l’équipe était dirigée par Nguyễn Duy Phức, puis le couple de Lê Tiến et Vân Anh ont pris le relais. Pour manifester son soutien à la cause vietnamienne, la radio La Havane précisait clairement au générique qu’il s’agissait d’une émission de la Voix du Vietnam destinée aux Américains, diffusée sur les ondes de la radio La Havane. L’émission a retenu rapidement l’attention d’un grand nombre d’auditeurs américains. À l’époque, elle était d’ailleurs l’émission qui recevait le plus de courriers à la radio La Havane et le président Fidel Castro l’a honorée de sa visite. De nombreux auditeurs américains ont soutenu cette émission qui a émis de 1967 jusqu’à la libération du Sud du Vietnam par des dons en argent ou en équipements.

On peut dire ainsi que pendant la guerre, les émissions internationales de la Voix du Vietnam ont su vaincre les bombardements pour parvenir aux auditeurs dans le monde, jusqu’aux Etats-Unis./.

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