(VOVworld) - Ses collègues l’appelaient « Monsieur Mai le feu » ou « Monsieur Mai la flamme » ou par d’autres pseudonymes qui qualifiaient son caractère. Ils l’appelaient ainsi car ils aimaient la sincérité, la droiture, la simplicité de cet homme qui n’avait pas peur des confrontations et qui était toujours à l’écoute des autres, notamment lors des discussions sur la vie ou sur les contenus à diffuser sur les ondes de la Voix du Vietnam. Ils savaient tous qu’il aimait la radio et que la Voix du Vietnam faisait partie de sa vie, qu’elle était son sang et sa chair.
Ils savaient aussi qu’il était tout dévoué à son travail : responsable des contenus de la Voix du Vietnam. Il avait le caractère typique des gens de la contrée Quang, son pays natal. Il faut appeler un chat un chat. À propos de son caractère « tout feu tout flamme », on dit qu’un jour, invité à une conférence sur la radio et la télévision, constatant le titre « Conférence sur la télévision » sur le panneau installé sur le podium, il a fait venir un membre du comité organisateur et lui a dit : « Si vous n’ajoutez pas le mot « radio », je quitte la conférence sur le champ ! » Sachant qu’il ferait ce qu’il disait, le comité a insisté pour qu’il reste tout en modifiant tout de suite le panneau.
Mai Thúc Long (debout) lors d’une rencontre avec les anciens dirigeants de la Voix du Vietnam.
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Au début des années 1990, les relations Vietnam-France s’amélioraient. La France avait accordé de nombreuses bourses aux médias vietnamiens dont la Voix du Vietnam. Mme Thureau, en charge de la coopération entre le ministère français des Affaires étrangères et les médias vietnamiens, effectuait une visite de travail à Hanoi. La Voix du Vietnam avait organisé une réception sur un bateau sur le lac de l’Ouest, un luxe à l’époque. Un rédacteur expérimenté du service français de la Voix du Vietnam servait d’interprète. Après le discours de Mme Thureau, Mai Thuc Long a prononcé le sien. L’interprète l’a traduit en résumant. Il lui a dit immédiatement : « Pourquoi mon discours était long et ta traduction si courte ? » On a alors découvert qu’il parlait français. Une réaction franche dans un contexte très officiel, en présence d’invités étrangers. Heureusement que Mme Thureau ne parlait pas vietnamien. Elle souriait simplement, croyant sans doute qu’il « encourageait » son interprète pour sa performance. Les interprètes en étaient quitte pour la peur. Personne n’oserait plus résumer ses propos.
Maintenant à la retraite, il se rend souvent dans le Département des émissions internationales, l’actuelle Station nationale des émissions internationales (VOV5) Une fois, passant dans mon bureau (à l’époque, j’étais directeur adjoint de VOV5), j’étais occupé de préparer du thé, il s’est installé sur ma chaise. Je me suis assis en face de lui. Il a éclaté de dire en disant : « J’essaie la chaise du directeur adjoint pour voir ce que cela fait ! » Il a fait de même à Mme Hue qui était à l’époque directeur de VOV5. Quand je suis passé par le bureau de Mme Hue, je l’ai vu assis sur le siège de la directrice alors qu’elle répondait à ses questions un peu « interrogatoires ».
Mai Thuc Long participe à toutes les rencontres organisées par VOV5. Bien qu’il ne soit pas chef du comité de liaison des retraités de VOV5, il est souvent invité à prendre la parole lors de ces rencontres. D’habitude, il est assez avare de compliments, mais quand VOV5 a obtenu un prix d’encouragement dans le cadre des prix nationaux de la presse, il a dit que c’était précieux pour les gens qui travaillent dans l’information pour l’extérieur.
À son soixantième anniversaire (il travaillait encore à l’époque), il a invité certains de ceux qui faisaient partie de la délégation des experts de radio et de télévision du Vietnam au Cambodge. Đỗ Văn Loan et moi, nous lui avons apporté un bouquet de fleurs. En recevant le bouquet, il souriait, l’air doux et un peu embarrassé. C’était la première fois que je l’ai vu ainsi. Il était sans doute peu habitué à ces pratiques protocolaires.
Parlant de Mai Thúc Long, on se souvient d’un commentateur chevronné de la Voix du Vietnam. Son premier commentaire a été diffusé la veille de l’organisation prévue des élections générales qui devaient réunifier le pays en 1956, élections sabotées par les Etats-Unis et le régime de Ngo Dinh Diem. Avant d’entrer à la Voix du Vietnam, Mai Thúc Long s’occupait des travaux du Parti à Tam Kỳ. Il était également responsable du journal Tin đoàn de Quảng Đà. Venu au Nord, il a participé au premier cours de formation des journalistes du Nord, qui a eu lieu au temple de la Littérature et animé, entre autres, par Hoàng Tùng, Đào Tùng, Trần Lâm... Après ce cours de six mois, il a commencé à travailler dans les émissions pour le Sud de la Voix du Vietnan où il était en charge des commentaires « à chaud » sur les événements de la résistance anti-américaine.
Mai Thúc Long (
à
gauche) et Vũ Hải
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Mai Thúc Long est né dans une famille de lettrés révolutionnaires. Son grand-père paternel était bachelier. Son oncle, Mai Dị, licencié, qui soutenait le Cần Vương (mouvement des patriotes qui suivaient leur roi dans sa lutte contre les colonialistes français à la fin du 19e siècle) a été emprisonné par les Français au bagne de Poulo Condor. Son père était président de l’Association des paysans de la province de Quảng Đà. Sa mère a aussi participé à la révolution et a été détenue à la prison de Chí Hòa, Thủ Đức. Durant ses 42 ans passés à la Voix du Vietnam, Mai Thúc Long a assumé de nombreux postes, chef de section, directeur adjoint de département, directeur de département, rédacteur général adjoint, directeur général adjoint, secrétaire du comité du Parti de la Voix du Vietnam, secrétaire adjoint du comité du Parti pour les organes relevant du pouvoir central en charge des travaux idéologiques. Il était aussi chef de la délégation des experts du Comité de radio-télévision du Vietnam au Cambodge avec un temps record : 7 ans.
Une fois âgé, on devient plus nostalgique, se trouvant au bout de la carrière et la gloire n’étant plus qu’un souvenir lointain. A ce moment là, on est libre de toute préoccupation et on souhaite retrouver les sentiments de naguère. Mai Thúc Long ne fait pas exception. Quand il rencontre ses anciens collègues, il évoque souvent ses proches, ses amis et les souvenirs du temps où il travaillait encore, en quête de ces sentiments sincères. C’est sans doute une source de joie pour lui.
Ce printemps, je lui ai apporté, une fois encore, un cadeau du Têt de la part de la Voix du Vietnam. Et encore une fois, il m’a demandé : « Y a-t-il une nouveauté dans les cadeaux du Tet par rapport à l’année passée ? » Il plaisantait, évidemment, car, à son âge, peu lui importe. Ce qu’il voulait dire, c’est que si les cadeaux sont plus somptueux, c’est que la voix du Vietnam connaît un heureux développement.