(VOVworld) - La guerre en Syrie, après avoir provoqué la plus grande crise humanitaire au monde depuis la Seconde Guerre mondiale, entre, ce mardi, dans sa sixième année. Sinistre anniversaire dans un pays où la guerre s’enlise malgré les efforts internationaux pour un règlement politique.
La crise débute le 15 mars 2011 lorsque, dans le sillage du Printemps arabe, de petites manifestations sont violemment dispersées à Damas. Ces révoltes pacifiques réclamant des réformes politiques se sont progressivement transformées en une guerre qui s’est complexifiée avec la montée en puissance de groupes djihadistes et l’entrée en jeu d’acteurs extérieurs.
Une guerre dévastatrice
L’ONU a estimé les 5 ans de guerre à quelque 270.000 morts et plus de 500.000 blessés. Le conflit a détruit les habitations de 23 millions de Syriens et forcé 5 millions de personnes à se déplacer vers les pays voisins, suscitant ainsi la pire crise migratoire en Europe. 450.000 personnes vivent dans des conditions humanitaires dans une Syrie en ruines.
Les combats ont détruit la majorité des infrastructures. Alep, autrefois poumon économique du pays, est complètement dévasté tandis que Homs, la 3ème ville syrienne, est quasiment désertée. Cette économie laminée de 60% enregistre fin mars 2016 une inflation galopante de 27,77% selon les experts.
Les effets néfastes sur les pays voisins
La Syrie n’est pas la seule proie de ce chaos. Ses voisins, la Turquie, le Liban, la Jordanie et l’Irak souffrent également de multiples pressions économiques dues à la migration. La Jordanie perd 2,5 milliards de dollars par an en recevant sur son territoire 630.000 réfugiés syriens. Le Liban et la Turquie ont déclaré ne plus être capables d’accueillir les Syriens. En filigrane du conflit se profile une lutte confessionnelle entre les Turcs.
L’Etat islamique qui ne contrôlait que la ville syrienne de Raqqa en 2014 a étendu ses activités en Irak et sur d’autres pays du Moyen Orient.
Les multiples négociations de paix en vain
La communauté internationale a essayé d’intervenir pour trouver, en vain, une issue politique. Les pourparlers de paix dits « Genève 1 » en 2012 et « Genève 2 » en 2014 ont échoué. Les syriens attendent maintenant les pourparlers « Gevève 3 » qui ont débuté lundi. L’orchestrateur de ces discussions, Staffan de Mistura, envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, a déclaré que « la mère de toutes les questions » est de trouver un accord sur une transition politique. Depuis le 27 février, le cessez-le-feu tient sur le terrain. Tout le monde est toutefois conscient que faute d’un accord, les combats feront de nouveau rage.
Or, dès le premier jour du dialogue, le sort réservé au président Bachar el-Assad faisait déjà débat et menaçait de faire capoter le processus de paix. « Nous voulons un dialogue entre Syriens, mais sans condition préalable », a déclaré Bachar al-Jaafari, ambassadeur de la Syrie auprès de l’ONU, en réponse aux exigences de l’opposition qui réclame le départ du président Assad avant toute solution politique. L’opposition syrienne, regroupée au sein du Haut Comité des négociations, veut la mise en place dans les six mois qui viennent d’un « organe de transition » doté de tous les pouvoirs. Mais pour Damas, il est hors de question de parler du sort du président Assad, et la transition ne doit être qu’un simple remaniement ministériel avec un « gouvernement d’union » élargi à des opposants.
5 ans après, le peuple syrien, plus que jamais assoiffé de paix, nourrit toujours un fragile espoir d’un lendemain où les armes se tairont à jamais.