(VOVworld) - Washington et Moscou ont présenté lundi les modalités d’un cessez-le-feu pour la Syrie, un beau signe d’espoir pour ce pays en guerre depuis cinq ans.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe Serguei Lavrov. Photo lexpress.fr
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L’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Syrie est prévue à partir du 27 février à minuit, heure de Damas. S'il est mis en oeuvre estime le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le cessez-le-feu devrait permettre non seulement de faire reculer les violences, mais aussi d'étendre la livraison de l'aide humanitaire aux zones assiégées, qui en ont besoin de manière urgente, et aussi d'ouvrir la voie à une transition politique. Toutefois, cette trêve ne concernera pas les opérations militaires contre les djihadistes de l’État islamique ni du Front al Nosra, la branche syrienne d’Al Qaida. Les opérations militaires, notamment les frappes aériennes menées par l’aviation syrienne, la Russie et la coalition internationale conduite par les États-Unis, se poursuivront donc contre ces groupes «terroristes». Washington et Moscou vont mettre en place une ligne directe et créer un groupe de travail pour échanger des informations si nécessaire. Les parties prenantes au conflit ont jusqu’au 26 février, 12 heures pour faire connaître leur position sur cet accord.
Les efforts multipliés
Suite à l’annonce du cessez-le-feu par Washington et Moscou, le pouvoir syrien a déclaré des élections législatives pour le 13 avril prochain. Le Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble des groupes clés de l’opposition syrienne, a indiqué qu’il accepterait le cessez-le-feu « sous conditions ». L’engagement du HCN est conditionné à la levée des sièges des villes syriennes, la libération des prisonniers, l’arrêt des bombardements des civils et la livraison d’aide humanitaire.
La Russie et les Etats-Unis multiplient leur ballet diplomatique. La Russie « fera le nécessaire » pour que Damas respecte l’accord de cessez-le-feu et espère que les Etats-Unis « feront la même chose » avec les groupes rebelles syriens, a déclaré le président russe Vladimir Poutine.
La pomme de discorde
Est ce que cette fois ci, Moscou et Washington réussiront à faire taire les armes ? Beaucoup d’analystes se sont déclarés pessimistes quant à la l’application de ce cessez-le-feu. En fait, toutes les tentatives pour un cessez-le-feu permanent en Syrie ont pour l’heure échoué. De Multiples raisons ont empêché son entrée en vigueur : certaines troupes rebelles soutenues par l’Occident demandent l’arrêt des bombardements quand d’autres conditionnent leur accord au départ du président Bachar al-Assad. Celui-ci a déclaré souhaiter trouver une solution politique à la crise syrienne tout en affirmant qu’il reprendrait le contrôle sur tout le territoire syrien. Washington et ses alliés européens ne changent pas, ni sur les préjudices des frappes russes en Syrie, ni sur le sort de Bachar al-Assad. Les responsables américains continuent de soutenir que 70% des bombardements russes visent les groupes modérés dont certains sont soutenus par les Etats-Unis, ce que Moscou rejette catégoriquement.
Le succès de ce cessez-le-feu dépendra donc pour beaucoup de la volonté des Etats-Unis et de la Russie à coopérer, en dépit de leur méfiance mutuelle, et de leur capacité à forcer leurs alliés sur le terrain à respecter les modalités de la trêve. Rappelons que la guerre syrienne entre dans sa sixième année et a tué plus 400.000 civils.