(VOVworld) - Les ministres des finances de la zone euro ont décidé mercredi de prolonger de 4 mois le plan d’aides à la Grèce après avoir approuvé une liste de réformes soumise par Athènes. Les Grecs ont marqué un point, serait-on tenté de penser. Mais ce serait oublier que c’est sur un chemin semé d’embûches qu’est engagé le nouveau Premier Ministre Alexis Tsipras. Cette prolongation a du reste des allures de compromis: le temps des promesses électorales est passé et déjà, le discours est moins radical.
Photo: internet
La liste des réformes proposées par la Grèce comprend des mesures de lutte contre la fraude fiscale et la contrebande, une réforme du secteur étatique, un réajustement des dettes fiscales et un engagement à ne plus confisquer les logements hypothéqués. Les 18 ministres des finances de la zone euro ont approuvé cette liste soumise par le gouvernement Tsipras. Les aides seront donc décaissées après approbation des détails. L’Union Européenne et la Grèce en sont aux dernières formalités, celles-ci incluant, le cas échéant, des votes parlementaires.
Des concessions
Le plan d’aides en cours, qui expire le 28 février, sera donc reconduit de 4 mois, le temps, pour le nouveau gouvernement grec, de publier une feuille de route détaillée pour entreprendre les réformes sous la supervision des institutions internationales. Selon les analystes, à défaut d’être pleinement satisfaisant, cet accord a au moins le mérite de désamorcer les tensions entre l’Union Européenne et la Grèce. Les 2 parties sont d’ailleurs condamnées à s’entendre. La Grèce a besoin d’aides pour se maintenir la tête hors de l’eau. Quant à l’Union Européenne, elle veut à tout prix éviter une sortie de la Grèce de la zone euro, redoutant un effet domino.
Pour Athènes, cet accord n’est pleinement satisfaisant. Il ne cadre pas avec la ligne anti-austérité, affichée, parfois avec virulence, par le parti d’Alexis Tsipras. Celui-ci a néanmoins expliqué que cette prolongation des aides européennes allait permettre une certaine forme d’assouplissement, mais que rien ne pourrait être obtenu sans concession.
La nouvelle administration grecque mise à l’épreuve
Estimant que cet accord de prolongation permettrait à son pays d’assouplir les mesures d’austérité, Alexis Tsipras a assuré que son gouvernement s’emploierait à trouver une solution bénéfique aux 2 parties, respectueuse aussi bien des exigences de l’Union Européenne que de celles de l’électorat grec. Mission impossible, estiment les analystes! Et d’abord parce qu’en acceptant ce qui ressemble fort à un compromis, Alexis Tsipras prend le risque de se voir accuser de ne pas tenir ses promesses électorales. Force est de constater en effet que du côté d’Athènes, le ton s’est singulièrement adouci et qu’il n’est plus question de tourner le dos aux créanciers internationaux, à savoir la commission européenne, la banque centrale européenne et le fonds monétaire international, mais bel et bien de composer avec eux. Dès lors, l’opposition grecque a beau jeu d’estimer que le gouvernement d’Alexis Tsipras s’enlise dans les mêmes accords de sauvetage que le gouvernement précédent et que son parti Syriza a totalement trahi ses promesses électorales. D’ores-et-déjà, certains partis d’opposition ont appelé à manifester contre le plan de réforme. Les grecs se disent déçus et appellent leur gouvernement à augmenter sans tarder le SMIC, à réformer le marché du travail, et à accorder plus de budget pour les soins médicaux, l’éducation et autres services publics.
Le plan d’aides à la Grèce sera donc prolongé de 4 mois durant lesquels le gouvernement grec devra établir une feuille de route crédible aussi bien pour ses créanciers que pour son électorat. Alexis Tsipras a suscité de grandes attentes, au risque, bien évidemment, de susciter des déceptions plus grandes encore. Pour son gouvernement, le chemin est décidement semé d’embûches./.