(VOVworld) - Après sa tournée en Europe, le président américain Barack Obama se rendra vendredi en Arabie Saoudite, pays qui célèbre cette année les 70 ans de l’établissement de ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Ce déplacement, le deuxième depuis 2009 au Moyen-Orient, vise à redonner de l’élan aux relations bilatérales qui ont été mises à l’épreuve ces derniers temps. Cependant, pour y parvenir, le patron de la Maison Blanche devra relever de nombreux défis.
Le Roi Abdullah bin Abdul Aziz al-Saoud avec le président américain Barack Obama à l'aéroport international King Khaled à Riyad en Juin 2009 Photo: Mido Ahmed / AFP / Getty Images
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La guerre civile syrienne et le dossier nucléaire iranien devraient dominer les discussions qu’aura Barack Obama avec les dirigeants de l’Arabie Saoudite, un allié de longue date des Etats-Unis. Mais le président américain devrait également profiter de son séjour dans le pays pour rencontrer les responsables du conseil de coopération du Golfe, qui a son siège à Riyad, la capitale saoudienne.
Des différends importants
"L'Arabie Saoudite est un proche partenaire des Etats-Unis, avec lequel nous entretenons des relations bilatérales qui sont à la fois larges et profondes. Et quels que soient nos différends, cela ne change rien au fait qu'il s'agit d'une relation très importante et très étroite". Voilà ce qu’a répondu Jay Carner, le porte-parole de la Maison Blanche, quand il s'est vu demander si l'étape de M. Obama en Arabie Saoudite était destinée à rassurer ou apaiser le royaume. En fait, les relations entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite ont été sérieusement mises à mal ces dernières années. Elles n’ont même jamais été aussi mauvaises depuis l’établissement des relations diplomatiques, qui remonte à il y a 70 ans.
C’est début 2011 que les relations bilatérales ont commencé à se dégrader, en raison de l’instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Plus précisément, Ryad a, à plusieurs reprises, exprimé son inquiétude quant à la façon dont les Etats-Unis entendaient régler les questions sensibles de la région, aussi bien en Iran qu’en Syrie ou en Egypte. L’an dernier, le prince saoudien Turki al-Fayçal avait même publiquement fustigé les politiques de Barack Obama sur la Syrie et le dossier nucléaire iranien.
Selon les observateurs, à l’occasion de cette visite, l’Arabie Saoudite devrait revenir sur l’évolution de la position américaine vis-à-bis de la Syrie. Les Etats-Unis se font en effet moins virulents dans leurs attaques et leurs critiques à l’encontre du régime de Bachar Al Assad. Ils ont d’ailleurs renoncé à une intervention militaire en été dernier.
Mais Ryad pourrait aussi reprocher à Washington de soutenir le mouvement des Frères Musulmans en Egypte. A noter que récemment, l’Arabie Saoudite a retiré son ambassadeur du Qatar, en raison du soutien que Doha accorde à ce mouvement.
Par ailleurs, l’assouplissement américain à l’égard de l’Iran est de nature à inquiéter l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe dans la mesure où Téhéran soutient ouvertement le régime de Bachar Al Assad.
Dernier point, et non des moindres : la visite du président Obama intervient au moment où l’Arabie Saoudite envisage de se tourner davantage vers l’Asie, et ce, au détriment des Etats-Unis. Preuve : le prince soudien Arabia Salman vient d’effectuer une tournée dans 4 pays asiatiques : le Pakistan, l’Inde, la Chine et le Japon.
Rassurer un allié de longue date
Plus que quiconque, Washington est bien conscient que les différends susmentionnés sont de nature à affecter les relations bilatérales. Ce n’est pas un hasard si, à quelques jours de ce déplacement, les Etats-Unis ont demandé au régime syrien de fermer son ambassade à Washington et ses consulats généraux à Michigan et à Texas. Les diplomates syriens devraient donc quitter les Etats-Unis avant le 31 mars.
Le 20 mars dernier, lors de sa rencontre avec son homologue saoudien, le prince Salman Bin Sultan, à Washington, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel avait souligné l’importance de la coopération militaire bilatérale en rappelant la détermination des Américains à assurer la sécurité au Moyen-Orient.
Il y a 3 jours à peine, Barack Obama a affirmé au prince des Emirats Arabes Unis Sheikh Mohamed Bin Zayed que les Etats-Unis ne délaisseraient jamais ses alliés de longue date dans le Golf.
Durant 70 ans, les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite ont entretenu des relations d’intérêt réciproque. Riyad bénéficie d’une garantie sécuritaire de la part de son allié en lui fournissant son brut et un bastion militaire important.
Barack Obama a donc tout intérêt à applanir les divergences, aussi difficile cela puisse-t-il paraître./.
Hong Van