Crise migratoire : quand la Turquie s’en mêle

(VOVworld) - L’Union européenne s’est donné un délai de dix jours pour finaliser un nouvel accord avec Ankara, accord visant à stopper l’afflux de migrants vers l’Europe. Mais force est de constater que rien de probant n'est sorti des discussions laborieuses de 12 heures qui ont eu lieu le 7 mars à Bruxelles entre les dirigeants européens et le Premier ministre turc.

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Photo: AP

Les discussions en question sont partie d’une offre d’Ankara qui suggère désormais de « renvoyer en Turquie tous les migrants en situation irrégulière qui partent pour gagner les îles grecques », y compris les Syriens fuyant les combats. En échange, les Etats membres de l’UE s’engageraient pour « chaque Syrien réadmis par la Turquie, à la réinstallation d’un autre Syrien au sein des Etats membres ». Le message est clair: les migrants économiques seront tous renvoyés, et les demandeurs d'asile devront déposer leur requête depuis la Turquie pour espérer être accueillis dans l'UE.

Des contreparties importantes

Déchirée par la crise migratoire, l’Union européenne compte sur la Turquie pour en sortir. Il faut savoir en effet que la plupart des migrants ont rejoint l’Europe en transitant par la Turquie. En position de force, Ankara a donc fait monter les enchères en réclamant plusieurs milliards d’euros d’aide supplémentaire en faveur des réfugiés jusqu’en 2018. Les Vingt-huit se sont dits prêts à verser à Ankara une somme de plus de 3 milliards de dollars. Le montant définitif reste à discuter, mais il ne pourra certainement pas s’élever à 6 milliards de dollars, comme l’exige la Turquie.

Ankara veut aussi relancer les négociations sur son adhésion à l’Union européenne, négociations entamées il y a 11 ans, mais qui en sont au point mort depuis 2010. Dans l’immédiat, la Turquie veut voir levée au plus tard fin juin,  l'obligation de visa pour ses 80 millions de ressortissants, lorsqu'ils se rendent dans l'UE.

Ce n’est en fait que dans leur volonté de lutter contre les passeurs en mer Egée que Turcs et Européens se retrouvent réellement sur la même longueur d’onde.   

Les critiques s’élèvent

Les réclamations d’Ankara ont très vite soulevé une vague de critiques. « Un marchandage indigne », a ainsi estimé le Parlement européen, dont le président, Martin Schulz a déclaré que l’adhésion à l’Union européenne ne devait pas être une condition imposée par Ankara, qui a aussi la responsabilité de régler la crise migratoire. « L'expulsion collective d'étrangers est interdite par la convention européenne des droits de l'Homme », a souligné de son côté le coordinateur régional du HCR en Europe, replaçant ainsi le problème dans une dimension éthique.   

Oui mais. Les Européens peuvent-ils vraiment faire la fine bouche, alors qu’actuellement, 4 millions de réfugiés syriens sont en Turquie ? Si Ankara relâche ses mesures de sécurité, ces derniers chercheront à tout prix à entrer dans l’Union européenne, aggravant ainsi une crise humanitaire qui n’en a pas vraiment besoin.     

L’Union européenne devra-t-elle se mettre à jouer la marche turque ? Réponse les 17 et 18 mars prochains à Bruxelles.  

 
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