(VOVworld) - Des négociations sur la normalisation des relations entre les Etats-Unis et Cuba ont lieu en ce moment-même à La Havane. L’événement est historique à plus d’un titre. Il s’agit en effet de rétablir les relations diplomatiques américano-cubaines rompues depuis plus d’un demi-siècle.
Photo: Internet
La délégation américaine est dirigée par la secrétaire d’Etat adjointe pour l’Amérique Latine Roberta Jacobson, et la délégation cubaine, par Josephina Vidal, chargée des relations avec les États-Unis au ministère cubain des Affaires Etrangères. Au centre des discussions: l’immigration et la nomination des ambassadeurs.
Les deux parties avaient déjà pris un certain nombre de mesures destinées à permettre un prompt rétablissement des relations bilatérales et à paver le chemin de bonnes intentions. De son côté, Washington a levé en partie l’interdiction faite aux citoyens américains de commercer avec Cuba ou de s’y rendre. Quant à La Havane, elle a libéré 53 prisonniers politiques. Récemment, du 16 au 18 janvier, une délégation de parlementaires américains partisans de la levée de l’embargo a effectué une visite sur l’île. Le but? Discuter du rétablissement des liens commerciaux.
Rétablir la confiance
Ces négociations sont considérées comme «historiques». Toutefois, malgré une volonté manifeste de part et d’autre de laisser de côté les divergences du passé, il est clair que le rétablissement des relations ne se fera pas du jour au lendemain, ne serait-ce qu’en raison d’un certain nombre de contentieux, historiques eux-aussi, qui ont la vie dure.
Première question et première pomme de discorde: l’immigration. La législation américaine prévoit que tout Cubain ayant réussi à atteindre le territoire américain puisse y être accueilli, au grand dam de La Havane qui estime que cette disposition favorise le trafic des êtres humains et surtout les traversées périlleuses du détroit de Floride par les candidats à l'émigration. Sur ce point, les discussions sont pour l’instant au point mort.
Autre sujet épineux: le retrait de Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme. Il faut savoir en effet que le fait de figurer sur cette liste empêche pour l’instant Cuba d’accéder aux institutions financières internationales.
Les deux parties devraient enfin évoquer la levée des restrictions de déplacement imposées par Cuba à ses diplomates.
Beaucoup de sujets de discussions, donc… En dépit d’une indéniable bonne volonté affichée de part et d’autre, le procesus de normalisation n’a rien d’un long fleuve tranquille. Pour ce qui est de la partie américaine, les Républicains, qui contrôlent désormais les deux chambres du Congrès, ne sont pas forcément très enthousiates à l’idée d’un rapprochement avec Cuba. A cela, s’ajoutent les protestations, parfois véhémentes, de certains Cubains vivant aux Etats-Unis. En fait, force est de constater que 50 années d’embargo laissent forcément des traces, souvent douloureuses, de celles qui ne s’effacent pas si facilement.
Un long chemin à parcourir
Combien de temps prendra la normalisation des relations Etats-Unis-Cuba? Nul ne peut le prédire avec exactitude. On peut en revanche prévoir une évolution positive, qui la proximité géographique ne peut qu’accentuer. Les réformes économiques mises en place ces derniers temps par le gouvernement cubain devraient, elles-aussi, permettre de faire bouger les lignes.
Marquées du sceau d’une histoire souvent trouble, les relations Etats-Unis-Cuba sont des plus complexes qui soient. Elles ne se normaliseront pas facilement, mais le premier pas a été fait et le premier obstacle, peut-être le plus dur, a été franchi puisque désormais, Américains et Cubains acceptent de se tourner ensemble vers l’avenir./.