(VOVWORLD) - La déclaration controversée du président américain, Donald Trump, qui a affirmé que les États-Unis prendraient le contrôle de la bande de Gaza, soulève de vives préoccupations quant à l'avenir de cette région. En effet, après plus de 16 mois de conflit, le territoire, où vivent 2,3 millions de Palestiniens, a été presque entièrement dévasté.
Le président américain Donald Trump lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, le 4 février. Photo: Agence Anadolu/TTXVN |
Le 4 février, Donald Trump a choqué la communauté internationale en annonçant que les États-Unis prendraient en charge Gaza. Cette décision pourrait compliquer encore davantage la situation, alors que le conflit entre Israël et le mouvement Hamas, déclenché en octobre 2023, reste sans solution durable.
Un plan choc…
D'après les explications fournies par les responsables américains, cette initiative résulterait de la «bonne volonté» du président Trump, qui souhaite soutenir la reconstruction de la région dévastée. Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a précisé que l'intention des États-Unis n'était pas d'expulser définitivement les civils palestiniens, mais de façon «temporaire». Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison-Blanche, a également affirmé que l'envoi de troupes américaines à Gaza était peu probable.
Malgré ces précisions, la déclaration de Donald Trump continue de provoquer des réactions vives à travers le monde. Le 5 février, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a averti que toute action susceptible de mener à un «nettoyage ethnique» à Gaza devait être évitée. La majorité des pays, y compris certains alliés occidentaux des États-Unis, ont fermement rejeté cette proposition, réaffirmant que la seule solution viable pour la paix au Moyen-Orient était la solution à deux États, avec un État palestinien vivant en paix et en sécurité aux côtés d'Israël.
Selon les analystes, la proposition du président Trump est sans précédent. Benjamin Radd, expert à l'Université de Californie à Los Angeles, estime que cette décision ne correspond pas au contexte géopolitique actuel et va à l'encontre du droit international. James Gelvin, professeur spécialiste du Moyen-Orient à la même université, considère que le plan de Donald Trump échouera, car il implique trop de facteurs complexes liés à la race, à la culture, à la légalité et à la sécurité. Brian Katulis, expert au Middle East Institute, qualifie quant à lui cette initiative de fantaisiste.
«Il est presque certain qu'aucun plan concret ne suit cette déclaration, et même s'il en existait un, il ne correspondrait en rien à la situation actuelle au Moyen-Orient. Il est également évident qu'aucune consultation n'a eu lieu avec les Palestiniens ni avec les pays voisins, tels que l'Égypte et la Jordanie, qui s'opposent fermement à la première mesure du plan de Donald Trump, à savoir le transfert de toute la population palestinienne de Gaza vers ces pays», déclare-t-il.
… aux conséquences imprévisibles
En effet, le plan de Donald Trump semble rencontrer d'importants obstacles juridiques et géopolitiques. Toutefois, certains experts estiment que, si le président américain persistait, il pourrait obtenir le soutien de pays arabes influents, tels que l'Arabie Saoudite, le Qatar et les Émirats Arabes Unis, pour transformer Gaza en un centre financier et touristique de la région, une «Riviera du Moyen-Orient». Le soutien de partis politiques israéliens renforce également cette option. Le 6 février, le gouvernement israélien a même ordonné à son armée de se préparer à évacuer les civils palestiniens de Gaza.
Cependant, cette situation génère des risques pour toutes les parties concernées, en particulier pour les civils palestiniens à Gaza, ainsi que pour la stabilité de la trêve en cours. Après la déclaration de Donald Trump, les efforts de médiation du Qatar pour prolonger la trêve et négocier des échanges de prisonniers ont été largement éclipsés. Les pays arabes de la région s’emploient désormais à empêcher une éventuelle mise en œuvre du plan américain. James Gelvin, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles, souligne que cette opposition pourrait compliquer davantage les relations diplomatiques déjà fragiles entre ces pays.
«Les pays du Moyen-Orient réagissent fermement. L'Arabie Saoudite a clairement exprimé son soutien à une solution à deux États, tandis que l'Égypte et la Jordanie ont réaffirmé à plusieurs reprises leur refus d'accueillir des réfugiés palestiniens. Pour le monde arabe, une telle proposition est donc inacceptable», souligne-t-il.
Pour les États-Unis, ce plan comporte des risques majeurs. Pour établir un contrôle total sur Gaza dans le contexte actuel, Washington devrait déployer une force militaire considérable, ce qui irait à l’encontre des engagements pris par Donald Trump lors de sa campagne, au cours de laquelle il avait exprimé le souhait d’éviter un tel déploiement. Par ailleurs, la présence de troupes américaines à Gaza pourrait provoquer des affrontements directs avec le Hamas, l'Iran ou d'autres groupes armés locaux, entraînant ainsi les États-Unis dans un nouveau conflit aux conséquences imprévisibles.